- Accueil
- Lutte ouvrière n°2373
- L'État actionnaire : Au service des profits
Article du journal
L'État actionnaire
Au service des profits
Alors que l'on parlait déjà beaucoup du rachat d'une partie des titres de PSA par l'État, les ministres Moscovici et Montebourg ont détaillé le 15 janvier en Conseil des ministres « la nouvelle doctrine de l'État actionnaire », citant quatre situations dans lesquelles selon eux l'État doit intervenir.
Insistant sur la nécessité de fixer des règles, afin que l'intervention en fonds propres soit « mise au service d'objectifs clairs et explicites », ils ont détaillé quatre cas : l'intervention dite de sauvetage, lorsque la disparition d'une entreprise présente « un risque systémique avéré pour l'économie nationale ou européenne » ; ensuite, le fait que l'État doive garder un contrôle suffisant sur des entreprises stratégiques telles que celles liées au nucléaire et aux activités de défense ; puis s'assurer de l'existence « d'opérateurs résilients », nom prétentieux pour qualifier les grands opérateurs de services publics comme la SNCF ou EDF ; et dans un quatrième cas l'intervention de l'État pourrait être aussi destinée à aider au développement d'entreprises nationales dans des secteurs de croissance.
On le voit, il n'y a là rien de bien nouveau au final, si ce n'est la théorisation du fait que l'État serve de béquille au patronat en toutes circonstances. Cela peut être en investissant dans des secteurs considérés comme non rentables par les investisseurs privés, mais nécessaires au fonctionnement de l'économie et donc à la sauvegarde de ses profits. Ou bien cela peut être pour renflouer des entreprises en difficulté, pour mieux les revendre au privé une fois redevenues bénéficiaires.
On ne peut mieux illustrer le fait que l'État, sous couvert de la défense de l'économie, est considéré comme la roue de secours, voire l'élément moteur au service de la bourgeoisie et de ses profits. Et cela, qu'il soit dirigé par la droite ou par le Parti socialiste.