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- Lutte ouvrière n°2428
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Article du journal
Renault Douai
Encore plus flexible que flexible ?
Renault produira des modèles dits haut de gamme à Douai. L'usine aussi sera « haut de gamme », paraît-il. Ça commence mal !
La production passera d'un modèle sur deux chaînes à cinq sur une seule chaîne. Quelques futurs Renault Espace passent chaque jour sur cette chaîne, en alternance avec les Scénic. Au début, des travailleurs les accompagnaient et aidaient au montage. Maintenant, les voitures arrivent seules... et repartent sans être complètement montées. Les ouvriers courent après pour finir les opérations.
Il y a bien des raisons : les temps alloués sont insuffisants et de nombreux postes de travail ont été supprimés. Les pièces qui sont livrées sur chaîne par des robots prétendument « autonomes » n'arrivent pas ou arrivent au mauvais endroit. Certains chariots les perdent en route, d'autres ne s'arrêtent pas et continuent le long de la chaîne : pour les arrêter, les ouvriers jettent une caisse vide devant eux. Enfin, si l'Espace a été conçu pour plaire à la clientèle, il n'a pas été conçu pour être monté par des travailleurs. Les opérations compliquées et inconfortables sont légion.
Pour gérer la pagaille qu'elle a créée, la direction aggrave la flexibilité. On connaissait déjà les JNT, les Journées non travaillées, au gré des besoins du patron. Et voici les HNT, les Heures non travaillées. « Demain, vous venez une demi-heure plus tard » ou « Vous partez une heure plus tôt ». Certaines semaines, des jours sont en « nouveaux horaires », d'autres en « anciens horaires ». Et ça peut changer vite, avec parfois des annonces contradictoires le même jour.
Pour ceux qui sont en voiture, se lever plus tard ou rentrer plus tôt n'est pas forcément gênant. Mais pour ceux qui prennent les bus de ramassage, les horaires sont toujours les mêmes. Ces travailleurs arrivent avant tout le monde ou partent après. Parfois, les chefs leur donnent un travail : du rangement, du balayage... et parfois, ils attendent sans rien faire. Même si ce chômage partiel est indemnisé à 90 % du salaire, c'est très désagréable et les bus se vident.
Le directeur de l'usine dit que tout va de mieux en mieux. Il devrait faire un stage sur chaîne pour vérifier !