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Article du journal
Les patrons protégés par le pouvoir algérien
Du fait des 130 années de colonisation française, la bourgeoisie algérienne était bien faible au moment de l’indépendance du pays, en 1962. Mais de 1999 à 2019, sous le règne de Bouteflika, des fortunes se sont édifiées grâce aux liens établis avec les dignitaires du régime.
De nombreux patrons ont profité de la période d’aisance financière consécutive au cours élevé du pétrole. Le FCE, organisation patronale algérienne, a apporté un soutien sans faille au pouvoir. Ali Haddad son chef, qui vient d’être arrêté à la frontière tunisienne alors qu’il tentait de quitter le pays, est classé par le magazine Forbes dans le top 5 des personnalités les plus riches d’Algérie. Il a fait fortune grâce à l’obtention de marchés publics pour la construction de routes et de lignes de chemin de fer. Il a obtenu le marché de la distribution des véhicules Toyota et de l’assemblage des camions Astra. Il possède plusieurs quotidiens, Le Temps d’Algérie et Waqt El Djazaïr, ainsi que les chaînes Dzaïr TV, Dzaïr News. Ironie de l’histoire, il possède le club de football USM Alger dont les supporters sont à l’origine du chant contestataire, scandé par les manifestants, la Casa del Mouradia.
Le milliardaire Mahieddine Tahkout, lui aussi empêché de quitter le territoire national, a fait sa fortune grâce à l’agrément reçu pour monter des véhicules Hyundai. Il a reçu le marché, des avantages et subventions accordés aux constructeurs faisant du montage, sous prétexte de créer des emplois. Il s’est avéré qu’en réalité les véhicules vendus étaient déjà pratiquement montés à leur arrivée : seules les roues restaient à fixer ! Malgré le scandale, Tahkout n’a jamais été inquiété et a continué à profiter des faveurs du pouvoir.
Gaïd Salah a pointé du doigt les patrons les plus liés au clan Bouteflika, mais il protège tous les autres, et d’ailleurs, parmi eux, de nombreux ex-officiers à la retraite qui ont racheté des entreprises publiques bradées par l’État. Il n’inquiétera pas non plus ceux qui ont lâché le clan Bouteflika il y a quinze jours à peine, à l’image de Benamor, vice-président du FCE. Quant à l’homme le plus riche d’Algérie, Issad Rebrab, dont la fortune se monte à près de 3,6 milliards, il a fait sa fortune dans l’agroalimentaire, la construction et le rachat d’usines en Europe comme Fagor Brandt. S’il se pose en opposant aujourd’hui, il a comme tous les patrons algériens largement profité du système.