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- Lutte ouvrière n°2650
- Jean-Pierre Mercier : “Arnault, Pinault et leurs milliards”
Article du journal
Jean-Pierre Mercier
“Arnault, Pinault et leurs milliards”
« L’incendie de la cathédrale Notre-Dame est évidemment un désastre, pour tous ceux qui sont attachés aux merveilles que l’ingéniosité et les mains des travailleurs ont su créer au cours des siècles. Mais cette catastrophe culturelle est-elle plus grave que le fait que près d’un million de personnes mangent aux Restos du cœur dans ce pays ? Est-elle plus grave que la mort de 566 SDF dans la rue l’an dernier ? Que les millions de gens qui ne se soignent plus, parfois ne se chauffent plus l’hiver, par manque d’argent ? Est-elle plus grave que les usines qui ferment, que les travailleurs jetés à la rue sans perspective de retrouver jamais un emploi, est-elle plus grave que les conséquences de la véritable guerre sociale que chaque jour les patrons de ce pays mènent contre le monde du travail ?
Eh bien, pour les grandes familles bourgeoises, il semble que oui, puisque ces gens, qui nous expliquent à longueur d’année, dans les usines, que remplacer un carreau cassé va mettre en péril la compétitivité de l’entreprise, ont su trouver un milliard d’euros pour Notre-Dame en un claquement de doigts. […]
Ce sont ces gens qui, en 24 heures, ont sorti de leur poche qui 100, qui 200 millions d’euros, ce sont les Arnault, Pinaud, Bolloré, Bettencourt-Meyers ! […] Un milliard d’euros, pour vous donner un ordre d’idée, c’est la somme nécessaire pour payer, pendant un an, un salaire de 1 800 euros par mois, cotisations comprises, à près de 30 000 travailleurs !
Alors oui, l’argent, l’argent nécessaire pour vaincre le chômage, il est là. […] Figurez-vous qu’entre mars et avril Bernard Arnault a fait quelques bonnes opérations spéculatives, et qu’en un mois sa fortune a augmenté de… 10 milliards d’euros. […] Cela veut dire que, pendant cette période, sa fortune a augmenté de 13,7 millions d’euros chaque heure, soit… trois smic à chaque seconde. Alors, vous pensez bien que ses 200 millions pour les bonnes œuvres, c’est une aumône : ça représente moins que ce qu’il a gagné en une journée. »