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- Lutte ouvrière n°2790
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Article du journal
Éducation
le goutte-à-goutte du gouvernement
La grève du 13 janvier appelée par l’ensemble des syndicats de l’Éducation nationale et le principal syndicat des proviseurs a été un succès très massif. Les manifestations ont réuni près de 80 000 personnes dans le pays.
En sortant du ministère, les syndicats affichaient leur satisfaction d’avoir été reçus, mais, les annonces gouvernementales sont dérisoires. Le gouvernement a ainsi promis cinq millions de masques FFP2 pour les écoles et le recours à 3 300 contractuels pour faire face aux arrêts de travail liés au Covid. Avec ces gestes infimes, il voudrait calmer la colère contre la situation catastrophique dans les établissements et l’arrogance méprisante de Blanquer. Les syndicats se prêtent à ce jeu en choisissant la crise sanitaire comme motif à cette grève et à manifester, alors que l’école craque de toutes parts parce que l’État fait des économies sur l’éducation des enfants comme sur tous les services publics. Et on peut regretter que les salariés de l’Éducation nationale aient été appelés à manifester deux jours après ceux des hôpitaux, alors que leurs problèmes sont identiques. Cette division des forces sert le gouvernement.
En effet, dans l’éducation comme dans les hôpitaux, il faudrait embaucher massivement : des enseignants titulaires, des surveillants, du personnel d’entretien et de ménage, des assistants sociaux et des infirmières. Pour détourner du vrai problème, le ministre reconnaît aujourd’hui, enfin, que des enseignants ne sont pas remplacés à cause de la pandémie. Mais de qui se moque-t-il ? Il existait par le passé un nombre conséquent de titulaires remplaçants dans les écoles comme dans le secondaire. Aujourd’hui, ils sont en poste dès la rentrée. Les rectorats font appel à des contractuels qu’ils s’ingénient à renvoyer avant leur embauche en CDI. Ainsi, dans le rectorat de Créteil, 2 630 contractuels ont reçu une lettre mettant fin à leur contrat en juillet 2021. Dans nombre de disciplines, les rectorats ont restreint les postes au concours. Du coup, dans les collèges, dans les lycées, des classes entières n’ont pas de cours de mathématiques, de sciences économiques et sociales ou de français depuis la rentrée. Et cela n’a rien à voir avec la pandémie.
Dans les écoles des banlieues populaires, nombre d’instituteurs ne sont pas remplacés et les enfants doivent se répartir dans des classes déjà surchargées. D’après une étude de la Fédération des parents d’élèves FCPE, un élève de Seine-Saint-Denis perd en moyenne une année d’études du fait des absences non remplacées. Alors, le recours à 3 300 contractuels, qui seront aussitôt mis en fin de contrat une fois la vague Omicron passée, n’est que du saupoudrage et ne résoudra rien.
À ce manque de moyens humains s’ajoute dans bien des établissements le délabrement des locaux. De nombreux enseignants ont fait valoir qu’il était souvent impossible d’ouvrir les fenêtres pour aérer les classes. Et ce n’est souvent qu’un tout petit problème, tant certains établissements auraient besoin de rénovations lourdes. Alors le mécontentement des salariés de l’Éducation nationale est profond. Les syndicats l’ont d’ailleurs senti, qui ont appelé à une nouvelle journée de grève jeudi 20 janvier et surtout appellent à se mettre en grève avec l’ensemble des salariés le 27 janvier. Ce sera en effet l’occasion de montrer que tous les salariés attaqués ensemble doivent se défendre ensemble.