Turquie : morts pour le profit19/10/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/10/2829.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Article du journal

Turquie

morts pour le profit

41 mineurs sont morts le 14 octobre suite à une explosion dans une mine de charbon à Amasra, en Turquie, une ville située sur le littoral de la mer Noire.

L’organisme turc de gestion des catastrophes, l’AFAD, avait dans un premier temps déclaré qu’un transformateur défectueux était à l’origine de la catastrophe, avant de se rétracter. Le ministre de l’Énergie a alors affirmé qu’il s’agissait d’un coup de grisou.

Le président Recep Tayyip Erdogan, venu sur les lieux du drame, a promis aux mineurs survivants que les responsabilités seraient établies par une enquête administrative et judiciaire. Mais lors des funérailles de quatre mineurs dans un village voisin, il a affirmé « La mine d’Asmara est un établissement parmi les plus avancés », allant jusqu’à promettre de nouvelles catastrophes : « Nous sommes des gens qui croient au destin et ce genre de choses arrivera toujours, il faut le savoir. » Il s’est attiré la réplique cinglante d’une femme l’interpellant devant les caméras : « Mon frère m’avait dit qu’il y avait une fuite de gaz qui allait les faire sauter. Comment a-t-on pu laisser courir une négligence pareille ? » Le directeur d’une mine voisine avait pour sa part affirmé aux journalistes : « Il n’y a pas de pièces de survie, de poches où s’abriter dans la mine. La seule chance de survie c’est de sortir immédiatement. »

Cette explosion survient après le drame encore plus meurtrier qui avait eu lieu en avril 2014 dans une autre mine, à Soma. 800 mineurs y avaient été pris au piège par un violent incendie, et le bilan final avait alors été de 301 morts et 162 blessés, brûlés ou asphyxiés par les émanations de monoxyde de carbone. L’indignation avait été telle dans le pays et les négligences révélées par l’enquête si nombreuses et graves que les dirigeants de la société avaient été condamnés à de lourdes peines.

Le prétendu destin n’a rien à voir dans cette succession de catastrophes. Les propriétaires de mines à la recherche du profit, qui obligent les travailleurs à descendre au fond sans se soucier de leur sécurité, en sont les seuls responsables.

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