90 ans de profits pour Air France08/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2884.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Article du journal

90 ans de profits pour Air France

Sur une photo prise récemment aux Galeries Lafayette, on peut voir Ben Smith, directeur général du groupe Air France-KLM, et Anne Rigail, directrice générale d’Air France, posant, sourire aux lèvres, au milieu d’hôtesses, de stewards et d’un chef de cuisine étoilé.

Le cadre est celui du 90e anniversaire de cette compagnie aérienne, qui a donné lieu à une multitude d’autres événements festifs. Ses deux dirigeants ont de quoi avoir le sourire après la dernière publication des comptes de l’entreprise. Cela fait presque un milliard de bénéfices pour le troisième trimestre, du jamais vu ! S’y ajoute l’achat de 50 Airbus dernier cri, complété par une option pour 40 autres à venir ; le remboursement anticipé d’un prêt de l’État, durant le Covid ; l’acquisition d’une partie déterminante du capital de la compagnie scandinave SAS et, dans la foulée, la perspective de mettre la main sur la compagnie portugaise TAP…

La réalité est bien moins souriante pour toutes celles et ceux qui font fonctionner la compagnie. Du côté des travailleurs d’Air France, cela se traduit par plus de 10 000 suppressions de postes entre le Plan dit de sauvegarde de l’emploi et le non-remplacement des départs naturels (retraites, décès, démissions), un ­quasi-blocage des salaires pendant cinq ans, des suppressions de primes, des remises en cause des congés.

La direction d’Air France a encore des projets de réorganisation pour de nouvelles économies, tel le transfert de la quasi-­totalité de ses activités de l’aéroport d’Orly vers celui de Roissy. Cela aura de lourdes conséquences pour la vie de centaines de travailleurs de la compagnie et pour de nombreux salariés des entreprises sous-traitantes sur la plateforme d’Orly.

Pendant que dirigeants et actionnaires profitent, il faudrait que les travailleurs d’Air France et de ses sous-traitants acceptent la dégradation continue de leurs conditions de vie et de travail. Alors, s’ils ont envie d’ouvrir la bouche, ce n’est pas pour sourire, mais plutôt pour montrer les dents.

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