Cuba : black-out sous embargo30/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/11/une_2935-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Article du journal

Cuba

black-out sous embargo

Cuba s’est retrouvé sans électricité du vendredi 18 au lundi 22 octobre. Une semaine après, le système électrique de l’île était toujours en difficulté.

C’est une avarie sur la principale centrale du pays qui a provoqué l’effondrement total du réseau électrique. À part les hôpitaux, l’ensemble des services publics ont été suspendus jusqu’au 28 octobre. Chez les particuliers, seuls ceux qui disposent d’un générateur ont pu sauver le contenu de leur congélateur et faire tourner les ventilateurs, indispensables pour dormir par 30 °C. Mais encore fallait-il avoir de l’essence ou le moyen de recharger des batteries.

Ce gigantesque black-out est révélateur des difficultés de Cuba, mis sous embargo par les États-Unis depuis 1962. À la veille de la panne générale, le président cubain Miguel Díaz- Canel avait annoncé que l’île se trouvait en difficulté pour acheter le pétrole nécessaire à l’alimentation de ses centrales, qui sont par ailleurs des plus vétustes et dont la maintenance est rendue difficile par l’embargo. Le pétrole est une denrée qui pourrait encore se raréfier avec la crise politique au Venezuela, l’un des quelques pays qui continuent à livrer Cuba malgré les sanctions américaines. La capacité de stockage de l’État s’est aussi énormément réduite depuis qu’un gigantesque incendie a détruit en 2022 des dépôts de carburant, l’obligeant à stocker le pétrole brut dans des bateaux-citernes.

Les pannes d’électricité s’ajoutent aux pénuries de nourriture, de médicaments et à une inflation galopante. Depuis plusieurs années, le régime cubain a levé bien des barrières au commerce extérieur. Tout ou presque est maintenant disponible, mais à des prix inaccessibles pour la plupart des habitants. Un carton de trente œufs représente autant que la pension de retraite mensuelle des Cubains. Cette situation a été aggravée par la pandémie de Covid-19, qui a brutalement ralenti le tourisme, la troisième source de devises de l’île derrière la vente de services médicaux et les envois d’argent de la diaspora à la famille restée au pays. Le tourisme en provenance des États-Unis a aussi été mis à mal par les 242 sanctions supplémentaires décidées par Trump pendant son dernier mandat, plaçant notamment Cuba sur la liste des pays soutenant le terrorisme. Des sanctions que Biden, contrairement à ses promesses, n’a pas supprimées.

À cause de toutes ces difficultés, 500 000 Cubains, jeunes pour la plupart, auraient depuis 2021 quitté l’île à destination des États-Unis. Ce sont des cerveaux et des bras dont Cuba a payé la formation, souvent jusqu’à des études supérieures, et que la bourgeoisie des États-Unis et la diaspora cubaine récupèrent.

La presse occidentale a mis en avant le fait qu’une partie de la population cubaine en veut, non pas aux États-Unis, mais au régime cubain qui se révèle incapable de lui assurer le minimum nécessaire. En 2021 la précédente crise énergétique avait provoqué une vague de protestations suivie d’une centaine d’arrestations. Le but de l’embargo américain est justement de multiplier les difficultés du régime pour pousser la population à s’y opposer. Mais quelles que soient ses critiques au régime, la population cubaine dans son ensemble sait bien quelles sont les responsabilités de l’impérialisme dans ses difficultés.

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