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- Lutte ouvrière n°2935
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Article du journal
Face aux licenciements
imposer l’intérêt des travailleurs
Automobile, chimie, aéronautique, grands groupes ou sous- traitants : les annonces de plans de suppression d’emplois s’ajoutent les unes aux autres depuis des semaines, présentées comme autant de décisions, certes douloureuses, mais obligatoires pour la survie des entreprises concernées.
En octobre, la CGT a ainsi recensé 180 plans de suppression d’emplois prévus entre septembre 2023 et septembre 2024. Et les annonces se sont accélérées ces dernières semaines, avec plusieurs dizaines de nouvelles entreprises annonçant des restructurations, des suppressions de postes ou carrément la fermeture d’un ou plusieurs sites.
Pleurer sur la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières et le ralentissement consécutif de l’activité est un sport national pour tous les capitalistes, quel que soit le secteur. On a pu voir les constructeurs automobiles se lamenter sur la transition vers l’électrique et la chute des ventes de voitures pour justifier la saignée qu’ils mettent en place. Ils ont pourtant vendu leurs voitures bien plus cher et Stellantis a fait 5,6 milliards d’euros de bénéfices pour le seul premier trimestre 2024 !
Dans le bâtiment, les rois du béton invoquent la hausse des taux d’intérêt et le ralentissement des mises en chantier pour justifier des plans de centaines de suppressions d’emplois. On est pourtant loin d’artisans pris à la gorge. Bouygues, dont 225 salariés sont menacés, a versé 670 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires pour l’année 2023, auxquels il faut ajouter 30 millions en rachats d’actions. Vinci, qui a supprimé 150 emplois au début de l’année, a fait plus fort, avec 2,2 milliards d’euros de dividendes offerts aux actionnaires et 500 millions en rachats d’actions. Des centaines de licenciements ou de suppressions d’emplois sont également programmés par la grande distribution, les grands groupes de l’agroalimentaire, les assurances, la téléphonie, les banques, etc.
Dans toute guerre, la propagande est une arme redoutable et le patronat sait s’en servir. C’est ainsi que « la crise profonde », « la concurrence déloyale » et autres « révolutions des modes de consommation » servent d’arguments pour que les travailleurs se résignent à être jetés dehors.
Pour sauvegarder et accroître leurs profits, les capitalistes sont organisés, ils savent enrober leurs coups, les étaler dans le temps, lanterner les travailleurs pour diluer leurs réactions, les diviser, site contre site, catégorie contre catégorie, pour mieux les attaquer.
Pour ne pas être pris par surprise et s’opposer aux manœuvres des patrons, les travailleurs ont intérêt à se mettre eux aussi en ordre de bataille et à préparer leur riposte. Il faudra pouvoir réagir autrement qu’au coup par coup, site par site, entreprise par entreprise, lorsqu’on est le dos au mur, face à l’annonce de fermeture. C’est pourquoi il faut construire dès aujourd’hui un parti qui s’y prépare et qui défende ces objectifs de l’ensembe du monde du travail.