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Article du mensuel
Parti du travail de Belgique : du maoïsme au parlementarisme ?
En 2014, le PTB a obtenu deux élus au Parlement fédéral, deux au Parlement wallon et quatre au Parlement de la région bruxelloise. Depuis, de sondage en sondage, les intentions de vote sont en hausse pour le PTB, aussi bien en Wallonie, où il est crédité de plus de 20 % des voix, qu’à Bruxelles, où il atteindrait 12 %, et même en Flandre, où il dépasserait maintenant 5 %. Beaucoup de sondés déclarent souhaiter que le PTB participe au gouvernement.
Le tournant de 2008 vers un parti « ouvert »
Le PTB s’est créé en 1979 dans la foulée du mouvement étudiant des années d’après 1968 en Flandre, sur des bases maoïstes et staliniennes. Pendant des années, il ne recueillait que 1 % à 2 % des suffrages aux élections.
Mais en 2003, explique Raoul Hedebouw, porte-parole du PTB, à l’hebdomadaire Le Vif/L’Express du 13 décembre 2012, « on a perdu la moitié de nos voix, alors qu’on avait fait campagne comme jamais auparavant. Cet échec a été un électrochoc. On s’est dit : il y a un truc qui cloche, on milite depuis plus de vingt ans, et, même dans les bastions industriels, on reste bloqué à 1 % ou 2 %. Cela a entraîné des débats assez durs à l’intérieur du parti. Certains ont dit : Ça suffit avec ces revendications maximalistes, cette approche provocatrice, cette incapacité à travailler avec les syndicats et les autres partis de gauche ! En fin de compte, cela a provoqué le départ de trois des huit membres du bureau national, […] dont la secrétaire générale du PTB à l’époque, Nadine Rosa-Rosso. »
Le congrès de 2008 qui a suivi s’est donné comme orientation : « Un parti de principes » avec une « colonne vertébrale », « un parti souple », « un parti de travailleurs ». Son congrès de 2015 a confirmé cette ligne.
En 2008 la direction, renouvelée et rajeunie, a demandé à ses militants d’abandonner leur ancien dogmatisme et sectarisme pour s’ouvrir largement.
Dans le même temps, le discrédit des partis socialistes s’accroissait au fur et à mesure des politiques gouvernementales d’austérité qu’ils imposaient depuis les années 1980. Alors que le PC n’existe quasiment plus en Belgique, le PTB devenait le plus important des petits partis à gauche du PS.
La passivité des directions syndicales, face au patronat et aux coalitions gouvernementales des partis socialistes et sociaux-chrétiens, a aussi contribué à rendre de plus en plus visible le PTB, ses militants et surtout ses porte-parole, dont Raoul Hedebouw en Wallonie et en Flandre, et Peter Mertens, président du PTB.
De 4 000 adhérents en 2008, le PTB annonçait être passé à près de 7 000 affiliés en 2012 et plus de 10 000 début 2017. Et, pour reprendre l’expression du journal Le Soir (25 août 2017), sur la base de déclarations de membres ayant quitté le PTB, au-delà des affiliés payant une cotisation de 5 euros par mois, il regrouperait de 300 à 400 militants actifs prêts à verser une part de leur salaire en cotisation, à suivre un programme de formation, à participer aux réunions de groupe et à prendre en charge une tâche convenue.
Après son congrès de 2008, dans ses interventions publiques, le PTB a abandonné toute référence à la révolution prolétarienne, ainsi que l’emblème communiste historique de la faucille et du marteau. Il se refuse à l’analyse de l’évolution de l’URSS et de la Chine, laissée aux « historiens ». Il n’entend pas non plus prendre position et encore moins s’immiscer dans la vie politique d’autres pays.
N’abordant pas l’analyse de sa propre évolution politique, le PTB se présente comme un parti seulement tourné vers l’avenir. Mais quel avenir ?
Peter Mertens déclarait en mars 2013 : « Mais nous devions aussi changer le parti, le moderniser. En faire un parti ouvert, où chaque travailleur se sent chez lui. Un parti qui travaille avec des gens très divers, avec les syndicats et sur le terrain, et qui ne s’oppose pas continuellement à d’autres organisations sociales. Et un parti également sans dogmatisme. Le socialisme n’est pas un livre de recettes avec tant de grammes de ci et tant de grammes de ça. Nous n’avons pas non plus la réponse à tous les problèmes, et ne devons pas avoir l’air de détenir LA vérité absolue ni avoir une attitude de maître d’école qui met en garde en agitant le doigt. Nous sommes cependant convaincus que nous pouvons, ensemble, avec les gens, trouver les meilleures réponses possible. »
Le PTB met en avant la lutte pour la paix dans le monde face à l’impérialisme guerrier. Mais les moyens d’amener la paix ne sont pas évoqués. Le lecteur peut très bien envisager que cela puisse se faire par des moyens pacifiques, pourquoi pas par des majorités électorales.
Un « socialisme 2.0 » débarrassé de l’exploitation et de la guerre est l’objectif, mais sans jamais évoquer comment pourra être renversé le capitalisme. Le lecteur, ou l’adhérent au programme du PTB venant notamment du mouvement socialiste, peut très bien conserver ses illusions dans une transition pacifique vers le « socialisme 2.0 », alors qu’il est évident que les plus riches de la planète, et la cohorte de petits bourgeois qui leur collent aux basques, n’accepteront jamais d’abandonner leurs privilèges sans se défendre par tous les moyens, y compris les plus violents.
Les références internationales du PTB ne sont plus les PC d’URSS, de Chine ou de la Roumanie de Ceausescu, mais « la Gauche unie européenne, où l’on retrouve Syriza, Podemos, Rifondazione comunista, le Front de gauche, le PCF… » (Raoul Hedebouw, Le Soir, 20 mai 2016) « Notre manière à nous se rapproche, question organisation de la résistance et vision de la société, davantage, en gros, du Parti communiste du Portugal que d’autres partis. » (Peter Mertens, interview réalisée par Nick Dobbelaere, 13 mars 2013, site du PTB)
Pas une seule critique publique n’est formulée vis-à-vis des directions syndicales, qui restent pourtant l’arme au pied face aux attaques patronales relayées par les divers gouvernements. Certes les syndicats ont appelé à quelques journées de grève et de blocage de zones industrielles et commerciales, mais ils ont toujours dispersé leurs appels quand un mouvement pouvait prendre une certaine ampleur, laissant les travailleurs et les militants se démoraliser.
Pour le PTB, la lutte de classe est ramenée à une lutte de type syndical, avec des revendications locales, concrètes, atteignables.
Peter Mertens, explique : « À Bruxelles, à Gand et dans d’autres villes, nous avons mené des actions contre des escalators en panne, avec les utilisateurs, les travailleurs et les syndicats. Et ces escalators ont enfin été réparés. Est-ce que cela a changé la société ? Non. Est-ce que cela a montré que, si l’on met de la pression, on fait bouger les choses ? Absolument. Même chose pour nos actions sur l’augmentation des tarifs du stationnement à Charleroi, Bruxelles ou Herstal. » (13 mars 2013, site du PTB.)
Peter Mertens précise cependant : « Nous n’avons absolument pas l’ambition de refaire le chemin de la social-démocratie, d’être un parti qui veut limer les aspérités du capitalisme et participer à la gestion de ce système. Non, nous sommes un parti marxiste, qui lutte pour une société socialiste moderne. […] Dans le contexte tel qu’il est actuellement en Europe, il nous paraît impossible de participer à une coalition gouvernementale qui ne veuille pas rompre avec la politique de l’Union européenne. Sans une majorité cohérente qui entende mener un programme en rupture avec celle-ci, sans majorité forte prête à mobiliser la population contre cette politique, il ne peut être question de participation à un gouvernement. »
Ce positionnement du PTB à gauche du PS, la crise économique, le discrédit des partis socialistes et une intense activité militante ont permis au PTB un recrutement large d’adhérents et l’augmentation du nombre d’électeurs, permettant le succès de 2014 et maintenant la progression dans les sondages pour les prochaines élections.
Une ouverture qui donne des résultats…
Avec cette politique suffisamment floue, beaucoup de travailleurs peuvent se reconnaître dans le PTB.
Mais en mars 2013 Peter Mertens prévenait : « Les gens qui rejoignent actuellement le PTB ne connaissent bien sûr pas automatiquement notre programme ou notre vision, et pas forcément très bien l’analyse marxiste. C’est pourquoi, en 2013, nous voulons prendre le temps nécessaire pour développer la formation à tous les niveaux, pour renforcer la colonne vertébrale de notre parti. On peut être souple, tactique et flexible, mais il faut une épine dorsale, sinon la souplesse est celle d’une poupée de chiffon. Nous poursuivons le développement du PTB, mais nous allons aussi consacrer du temps à encadrer et à former des nouvelles personnes qui veulent s’engager davantage comme membres actifs du PTB. »
Bien sûr les médias et politiciens des partis traditionnels ne ratent pas une occasion de dénoncer le PTB, extrémiste, communiste, marxiste, stalinien, défenseur de la Corée du Nord. En Flandre, des politiciens discutent même d’instaurer un cordon sanitaire autour de ce parti extrémiste. Il n’est pas sûr que ces critiques venant du monde politique aient nui au PTB, au contraire semble-t-il. Le PTB est toujours vu par beaucoup de travailleurs comme un parti communiste et lutte de classe.
… mais pose de nombreux problèmes politiques et militants
Le PTB se trouve ainsi devant un dilemme, comme l’écrit le président du PTB dans Solidaire du 27 janvier 2017 sous le titre : « Les grands défis du PTB pour transformer de bons sondages en véritables changements ». Il n’est « pas illogique que les gens veulent notre présence au gouvernement. […] Ils estiment que la redevance TV doit disparaître, ils veulent que le prix des médicaments baisse, ils veulent qu’on taxe les grosses fortunes... Mais ils ont aussi le sentiment que nous sommes le seul parti encore à l’écoute de ce qu’ils pensent. Nous, nous ne sommes pas d’accord que les gens doivent se tuer littéralement au travail et qu’ils ne puissent prendre leur pension qu’à 67 ans. »
Et le 25 mars il précise : « On ne peut pas attendre de nous que nous entrions dans un gouvernement pour reculer l’âge de la pension, continuer à faire la chasse aux chômeurs et poursuivre la libéralisation des services publics. Nous voulons changer fondamentalement les traités européens, et ce n’est possible que si un gouvernement décide de se battre contre les principes actuels de concurrence et de déséquilibre, et si ce gouvernement demande et obtient à cet effet le soutien actif de sa population. Aujourd’hui, nous sommes (encore) bien loin de cette situation. »
Il continue en proposant : « Organisez-vous, dans les syndicats, dans les mouvements de jeunesse, d’étudiants, de défense des droits des femmes, de défense de l’environnement, antiracistes, pacifistes, dans des comités de quartier, dans des groupes de théâtre, de musique et de sport. Il s’agit de bien plus que de donner une voix à un parti. Il s’agit de transformer cette voix en force collective, organisatrice et culturelle. »
Rien sur la perspective d’organiser les travailleurs ! La lutte de classe absente des perspectives du PTB ?
Peter Mertens prévient : « Nous savons aussi que, pointé en deuxième position en Wallonie, le PTB fera l’objet d’attaques redoublées pour effrayer l’homme de la rue avec la peur du rouge ».
Effectivement, le mois précédent, en février 2017, la direction de la branche cheminots de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB, syndicat lié au Parti socialiste) dénonçait dans un courrier à Peter Mertens : « Le PTB infiltre les syndicats […]. Il nous est rapporté que, depuis plusieurs semaines, des membres du parti interfèrent de manière directe et indirecte auprès de nos délégués et dans les instances syndicales […]. Cette ingérence nuit gravement au fonctionnement de notre secteur […]. Nous vous demandons de prendre toutes les mesures nécessaires afin de faire cesser immédiatement ces pratiques. »
Benjamin Pestieau, responsable du département des relations syndicales du PTB répondait : « Nous avons bien reçu ton courrier […]. Nous avons également rappelé à notre section quelques principes, adoptés lors de nos deux derniers congrès […]. Comme parti, nous voulons soutenir la lutte des travailleurs dans ses différentes formes et sur ses différents plans. Aucune de nos actions ne peut nuire au fonctionnement des organisations syndicales. Au mieux, elles doivent les appuyer et les renforcer. »
Et Raoul Hedebouw de répliquer à la FGTB cheminots : « L’influence du PS et du CDH dans la FGTB et la CSC reste de loin la plus importante. C’est historique. Et nous ne militons ni plus ni moins que les autres dans les syndicats. […] On agit à ciel ouvert, à visage découvert, rien d’autre, et dans le respect de l’indépendance syndicale. C’est une exigence chez nous, tout simplement. »
Quelles perspectives pour le PTB ?
Sur le plan électoral, les sondages indiquent que le PTB peut augmenter ses scores. Pourtant, comme l’écrit P. Mertens en mars 2017, « nous sommes aussi à un an et demi des élections communales, à deux ans des législatives. Beaucoup, beaucoup d’eau coulera sous les ponts d’ici là. »
Il poursuit : « Le fait que le PTB deviendrait, selon ce sondage, la deuxième force politique en Wallonie et la troisième à Bruxelles nous place devant de grands défis. Lors de notre congrès de la solidarité en 2015, nous avions tenu à souligner : “En un laps de temps relativement court, nous avons continué à construire rapidement le parti ; ce qui était nécessaire. Mais ce serait une erreur de nous reposer sur nos lauriers, car les défis dans la société restent très grands. Plus nous grandissons, plus les tâches deviennent complexes. Nous sommes confrontés aussi, d’une certaine manière, à des difficultés liées à cette croissance. Ce n’est pas anormal, mais nous devons toutefois en être conscients.” »
Effectivement, sauf retournement majeur toujours possible, avec les élections à la proportionnelle en Belgique, le PTB pourrait se retrouver avec de nombreux élus, dans des communes ouvrières bien sûr, mais aussi dans les Parlements wallon, bruxellois et flamand. Mais élus sur quelle base ? Pour quelle politique ? Avec quelles illusions des électeurs ?
Quels seraient les sentiments de ses 400 000 à 700 000 électeurs si le PTB, en situation de participer à des coalitions gouvernementales, s’y refusait ? Quels seraient les choix des élus qui ne sont pas des militants de longue date acquis à une discipline politique ?
Le succès électoral pourrait alors se transformer en tensions internes, voire en scissions… ou entraîner le PTB sur le chemin de la social-démocratie, malgré les engagements de Peter Mertens en 2013, et renouveler la « douloureuse expérience de Syriza, en Grèce, que l’establishment européen a contraint à obéir et qui a donc laissé tomber la mobilisation et l’organisation de la population de gauche ».
En avril 2016, au conseil communal de Mons, le PS se séparait des libéraux du Mouvement réformateur (MR). Les 29 élus PS étaient largement majoritaires, mais le quotidien Le Soir s’interrogeait sur une éventuelle nouvelle coalition pour gérer la ville. L’élu du PTB répondait : « Le PTB se réjouit que le MR sorte de la majorité à Mons ! Nous espérons que le PS mènera maintenant une politique plus à gauche. Pour le PTB, le bien-être des citoyens reste la priorité. Nous sommes prêts à négocier avec le PS, mais pas à n’importe quelle condition. »
Que le PS puisse mener une politique favorable au bien-être des citoyens, et surtout des travailleurs, chômeurs, retraités, c’est une illusion, surtout dans cette période de crise. Mais envisager que le PS puisse céder à des conditions posées par le PTB relève du plus pur électoralisme.
Et quel avenir d’un tel parti dans les futurs conflits sociaux ?
Peter Mertens déclare : « Nous ne devons pas nous faire d’illusions. Nous allons au-devant de périodes de turbulences : il suffit de penser à la toute-puissance des multinationales et des acteurs financiers […], à la déstabilisation du Moyen-Orient, à la politique de guerre, à l’élection de Trump, à la vague de réfugiés et, ici, à la montée du racisme comme instrument pour diviser les gens et les monter les uns contre les autres. Le PTB veut une rupture avec cette politique actuelle, et c’est précisément la raison pour laquelle tant de gens nous manifestent de la confiance. C’est justement pour cela que nous voulons être très clairs : nous ne pouvons pas réaliser cette rupture sans un engagement actif de dizaines de milliers de personnes. Parce que les marges pour mener une autre politique deviennent de plus en plus petites. Il suffit de constater ce qui s’est passé en France avec Hollande. »
Oui, mais quelle rupture ? Rupture avec l’électoralisme inculqué à la classe ouvrière depuis des générations par les partis socialistes ? Rupture avec les directions syndicales liées aux milieux politiciens, et aussi au monde des affaires, et qui refusent d’organiser une quelconque défense du monde ouvrier face aux attaques patronales ? Rupture avec le réformisme ? Certainement pas.
Bien d’autres questions se posent quant à l’évolution future du PTB.
La crise entraîne d’autres ruptures, notamment celle qui vient de se produire en Wallonie au sein de la majorité gouvernementale, où le Centre démocrate humaniste (CDH) a rompu avec le PS. Comme au niveau fédéral, comme en Flandre, le PS francophone se retrouve désormais hors du gouvernement en Wallonie aussi. Quelle sera sa politique ? Gauchira-t-il son discours pour regagner des voix ouvrières au détriment du PTB ? Ou tentera-t-il d’attirer des adhérents du PTB ? Quelle sera la politique des syndicats qui jusqu’à présent étaient en froid avec le PS au gouvernement ? Toléreront-ils encore les militants du PTB, ou auront-ils au contraire besoin d’eux pour mener quelques mouvements pour soutenir une ligne du PS aux apparences plus à gauche ?
Les alliances, ou refus d’alliances, avec le mouvement et les syndicats réformistes que choisira la direction du PTB infléchiront son évolution.
* * *
En fait, depuis 2008, le PTB cherche à prendre une place à la gauche du Parti socialiste. Avec son influence électorale naissante, le PTB est peut-être en passe de réussir là où d’autres petits groupes belges avaient échoué.
Ayant abandonné son passé maoïste et les références publiques, électoralement handicapantes, au marxisme et au communisme, le PTB attire à lui des électeurs déçus du Parti socialiste et des syndicalistes écœurés de l’attentisme de leurs directions.
Mais, en cherchant à occuper une place importante sur l’échiquier électoral belge, le PTB va de plus en plus s’engager dans la voie du parlementarisme et des jeux politiciens. Il finira comme tous ceux qui ont suivi cette voie, devenant un parti réformiste à une époque où le réformisme n’est plus possible. La bourgeoisie n’est plus disposée à concéder des réformes un tant soit peu favorables aux travailleurs.
3 septembre 2017