Métaux rares, transition énergétique et capitalisme vert23/01/20232023Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/2023/01/229.jpg.484x700_q85_box-0%2C0%2C1383%2C2000_crop_detail.jpg

Article du mensuel

Métaux rares, transition énergétique et capitalisme vert

Depuis des années, les dirigeants des pays les plus développés multiplient les proclamations et les discours sur l’urgence de prendre des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique, et notamment sur la nécessité de mettre en œuvre une transition énergétique. Celle-ci consisterait à réduire la part des combustibles fossiles, le charbon, le pétrole et le gaz, au profit de sources d’énergie renouvelables.

Mais ces formules restent bien creuses. Pour reprendre le titre d’un rapport de plusieurs centaines d’experts publié en juin 2022, « la transition énergétique n’a pas lieu ». En effet, à ce jour, 80 % des énergies utilisées dans le monde sont toujours produites à partir de pétrole, de gaz et de charbon. Pire, depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les États ont relancé les productions d’énergie les plus polluantes : centrales au charbon, gaz de schiste importé des États-Unis, car sa production est toujours interdite dans l’Union européenne du fait de ses conséquences néfastes sur l’environnement.

Les dirigeants de ce monde n’ont jamais autant parlé d’écologie, mais pas grand-chose ne change en réalité. Dans le système capitaliste, les maîtres de l’économie ne sont prêts à envisager des évolutions que dans la mesure où elles peuvent devenir sources de profit. C’est le cas quand les États financent abondamment de nouvelles filières industrielles : celle des éoliennes et des panneaux photovoltaïques pour les énergies renouvelables. Plus récemment, c’est dans l’automobile que des évolutions se dessinent du côté de la voiture électrique. Les constructeurs automobiles supputent la naissance d’un nouveau marché, et le succès de Tesla a aiguisé leur appétit.

Il est encore difficile d’évaluer l’ampleur de ces changements, les capitalistes concernés et les dirigeants politiques censés défendre leurs intérêts n’en sont eux-mêmes pas capables. Pour ne prendre que cet exemple, l’Union européenne a décrété, fin octobre 2022, que la vente de véhicules neufs à moteur thermique devait cesser en 2035. Cela n’a pas empêché l’un de ses principaux responsables, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, de déclarer, une semaine seulement après que cette décision eut été prise, que les constructeurs devaient continuer à produire de tels véhicules ! Les capitalistes et leurs représentants, confrontés aux contradictions de leur propre économie et aux incertitudes qui en résultent, sont bien incapables de s’y retrouver.

Cet article ne s’intéressera qu’à l’un des éléments qui alimentent leur incertitude, mais pas le moins important, celui des matières premières qui sont indispensables pour produire des véhicules électriques.

Les métaux, pétrole du 21e siècle ?

Selon une étude réalisée en 2021 par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), une voiture électrique typique nécessite six fois plus d’éléments minéraux pour sa construction qu’un véhicule thermique : le cuivre pour le câblage électrique, le cobalt, le graphite, le lithium, le nickel…

La demande en lithium en 2040 pourrait être 50 fois supérieure à celle d’aujourd’hui et celle de cobalt et de graphite 30 fois supérieure, si le monde s’empresse de remplacer les véhicules fonctionnant au pétrole par des véhicules électriques. À ces minerais s’ajoutent d’autres encore, non moins indispensables, et qui alimentent encore davantage l’incertitude des industriels, les métaux dits rares : terres rares, vanadium, germanium, tungstène, antimoine, béryllium… Soit une trentaine de métaux dont une infime dose, une fois industrialisée, émet un champ magnétique qui permet de produire de l’énergie sans générer le moindre gramme de CO2.

Malgré ce que pourrait laisser supposer leur dénomination, ces métaux ne sont pas si rares : il en existe partout sur la planète, associés aux métaux les plus abondants, comme le fer, le cuivre, le zinc ou le plomb, mais dans des proportions souvent infimes. L’existence de ces minéraux était connue des minéralogistes depuis le 18e siècle, mais on n’avait pas trouvé à la plupart d’entre eux d’applications industrielles. Ils ont longtemps été peu exploités, en petite quantité, car leur production était coûteuse. Avec le développement de l’électronique moderne et des téléphones portables, qui utilisent près de 20 % de la production globale des métaux rares, leur exploitation est devenue bien plus rentable.

L’extraction de ces métaux rares est extrêmement polluante. Leur raffinage l’est encore plus car, après avoir broyé la caillasse, il faut utiliser de nombreux réactifs chimiques, tels que les acides sulfurique et nitrique. Il faut des dizaines d’opérations pour obtenir des terres rares pures à près de 100 %. Il faut aussi utiliser des centaines de mètres cubes d’eau, qui va se charger de ces acides et dont les rejets sont susceptibles de polluer les fleuves et les nappes phréatiques. Les industriels rechignent à se doter des installations qui pourraient éviter ces pollutions car elles représentent un coût important.

Pour ces raisons, il est bien difficile d’affirmer que la voiture électrique serait moins polluante. La pollution qui ne serait plus émise dans les agglomérations grâce aux voitures électriques serait déplacée dans les zones minières. Mais ce n’est pas ce qui préoccupe les constructeurs automobiles, ni même les experts de l’AIE.

Pas plus qu’ils ne sont préoccupés par les conditions sociales dans lesquelles ces métaux sont extraits. Pour ne prendre qu’un exemple, 80 % de la production de minerai de cobalt à l’échelle mondiale provient d’un seul pays, la République démocratique du Congo (RDC). Il est extrait principalement dans la province du Katanga, dans le sud du pays.

Dans cette région, les trusts miniers et les milices qui se disputent le contrôle des mines entretiennent depuis des dizaines d’années un état de guerre permanent. Si la plus grande partie du cobalt est produite dans des mines industrielles géantes, près de 20 % du cobalt congolais est extrait par des mineurs artisanaux, dont plusieurs dizaines de milliers d’enfants. L’expression « minerais de sang » pourrait s’appliquer à tous ces minerais, qui alimentent le marché mondial et les profits des industriels des grands pays occidentaux.

La lutte des capitalistes et de leurs États pour les matières premières

La seule chose qui préoccupe les experts de l’AIE, qui se font les porte-parole des industriels, c’est le fait que, plus encore que pour les hydrocarbures, les sources de minerais sont aujourd’hui concentrées dans un nombre réduit de pays. On a déjà cité l’exemple du cobalt. On peut ajouter celui du lithium, produit essentiellement dans deux pays, l’Argentine et le Chili, pour près de 80 % de l’offre mondiale. Pour le cuivre, quatre pays, l’Argentine, le Chili, la RDC et le Pérou, fournissent la majeure partie de la production mondiale.

L’AIE prévoit donc des tensions plus importantes encore que celles qui ont eu lieu pour le contrôle des gisements d’hydrocarbures. Et le rapport de conclure : « Ces marchés à croissance rapide pour les minéraux clés pourraient être soumis à la volatilité des prix, à l’influence géopolitique et même à des perturbations de l’approvisionnement. »

Pour toutes ces raisons, tous les fabricants cherchent à sécuriser leur approvisionnement en minéraux et concluent des accords aux quatre coins du monde. On peut citer Tesla qui, après Ford et Hyundai, s’apprête à investir en Indonésie, pays qui dispose des plus importantes réserves de nickel du monde. Tesla a signé, en août 2022, des contrats d’approvisionnement auprès de deux fonderies basées dans le parc industriel où se trouve le plus important site intégré de production de nickel du pays.

Les États mettent en œuvre une véritable diplomatie des métaux, au service de leurs industriels. Les pressions de Wa­shing­ton ont permis à un regroupement de sociétés américaines de prendre une part prépondérante dans le projet Kachi, qui prévoit l’implantation d’importantes unités de production de lithium en Argentine, en association avec Ford. Ainsi le constructeur automobile est certain de garantir ses futures livraisons.

De nombreux accords bilatéraux sont signés entre États pour garantir la livraison de ces métaux qualifiés de critiques. C’est le cas du Japon avec l’Australie, le Kazakhstan, l’Inde et le Vietnam. L’UE a signé un accord avec le Canada pour faciliter les investissements des entreprises européennes dans le secteur extractif et négocie actuellement des contrats d’importation de terres rares avec le Chili, le Mexique et la Nouvelle-Zélande. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé en septembre 2022 la création de réserves stratégiques pour le lithium et les terres rares. Mais, au sein de l’Europe, chaque État n’oublie pas de défendre les intérêts de ses propres industriels. Ainsi la chancelière allemande Angela Merkel s’était rendue à plusieurs reprises en Mongolie pour signer des partenariats miniers. La concurrence pour sécuriser l’approvisionnement en matières premières alimente de plus en plus une rivalité entre les États.

La Chine, premier producteur de métaux rares… pour le plus grand profit des capitalistes occidentaux

Les capitalistes des puissances impérialistes se trouvent confrontés à un problème, car la Chine fournit aujourd’hui 70 % des métaux rares. Et il est plus difficile de faire pression sur les dirigeants chinois que sur ceux d’Indonésie ou d’Argentine.

La Chine dispose certes de gisements importants, mais le poids qu’elle a acquis ne tient pas seulement aux richesses de son sous-sol. Jusque dans les années 1990, le groupe américain Molycorp exploitait la mine de Mountain Pass en Californie, qui était alors la plus grande mine de production de terres rares de la planète. L’intégralité du cycle de la transformation était dominée par l’entreprise Magnequench, filiale de General Motors, dans l’Indiana. Dans les années 1980, c’était le groupe français Rhône-Poulenc qui était l’un des deux chimistes mondiaux des terres rares. Son usine établie à La Rochelle purifiait 50 % du marché mondial. Pour réduire considérablement les coûts de production, les entreprises occidentales se sont tournées vers la Chine au début des années 1990.

De son côté, conscient des possibilités qui s’ouvraient, l’État chinois a commencé à mener une politique volontariste pour développer l’exploitation de ses gisements de terres rares. Au printemps 1992, son dirigeant, Deng Xiaoping, aurait déclaré : « Le Moyen-Orient a du pétrole, la Chine a des terres rares. » En 2002, année de fermeture de la mine de Mountain Pass, le coût de production des terres rares était deux fois inférieur en Chine à ce qu’il était aux États-Unis.

Déjà atelier du monde, la Chine est devenue ainsi le principal producteur des minerais indispensables aux économies occidentales. Les quelque dix mille mines éparpillées à travers le territoire chinois ont largement contribué à ruiner l’environnement du pays. Aux pollutions chimiques s’ajoute la radioactivité que l’exploitation de ces minerais génère. Ceux-ci ne sont pas radioactifs en eux-mêmes, mais le thorium et l’uranium auxquels ils sont souvent mêlés le sont. La radioactivité autour du réservoir de Baotou, la capitale de la Mongolie-Intérieure, une agglomération de trois millions d’habitants, où on réalise 75 % de la production mondiale des terres rares, serait deux fois supérieure, d’après certains experts, à celle enregistrée à Tchernobyl aujourd’hui. Quant aux déchets, ils nécessiteraient d’être isolés pendant plusieurs centaines d’années. Mais, pour obtenir les coûts de production les plus bas, rien n’a été prévu en aucune façon pour limiter la pollution.

L’État chinois face à l’impérialisme

L’État chinois a développé aussi les activités de raffinage, elles-mêmes polluantes et coûteuses. Ainsi la Chine ne produit peut-être pas de grandes quantités de cobalt et de nickel, mais elle représente environ 65 % du cobalt et 35 % du nickel traités dans le monde. Si la Chine produit 11 % du lithium mondial, elle fournit près de 60 % du lithium transformé.

Poursuivant cette politique, l’État chinois a cherché à attirer les entreprises étrangères pour acquérir leur savoir-faire technologique. Cette captation a pris des formes directes : dès 1995, un groupe chinois a racheté l’entreprise américaine Magnequench, et cinq ans plus tard l’usine d’Indiana était délocalisée vers la ville de Tianjin, au sud-est de Pékin. Cette politique volontariste a permis à l’État chinois d’acquérir la capacité de produire des éléments de haute technologie. Alors qu’à la fin de la décennie 1990 le Japon, les États-Unis et l’Europe concentraient 90 % du marché des aimants les plus utilisés pour les téléphones mobiles et les moteurs électriques, la Chine en contrôle désormais les trois quarts de la production mondiale. La ville de Baotou est devenue la « Silicon Valley des terres rares », là où se produit le tiers de la production mondiale des aimants incorporant des de terres rares, utilisés aussi bien pour des moteurs de voitures électriques que pour des iPhones.

La Chine est devenue à son tour, en 2018, importatrice de terres rares brutes ou peu transformées. Elles proviennent d’Australie, de Malaisie, de Birmanie, du Vietnam ou d’Afrique. Tout comme les autres grandes puissances, l’État chinois se livre lui aussi à cette diplomatie des métaux qui vise à sécuriser ses approvisionnements. Ainsi, en RDC, la majorité des grandes mines de cobalt ont été rachetées par des groupes chinois. En 2016, le groupe chinois Schengen est devenu le premier actionnaire de la compagnie australienne Greenland Minerals Ltd, avec laquelle il a conclu un accord lui réservant la totalité de la production de terres rares de la mine de Kvanefjeld, au Groenland, une fois que la production sera lancée.

En menant cette politique, l’État chinois défend ses propres intérêts et ceux d’une minorité de riches privilégiés. Ainsi, le fondateur et dirigeant de l’entreprise CATL, premier producteur mondial de batteries électriques lithium-ion – les plus utilisées et dont près de 80 % sont produites en Chine –, serait devenu la quatrième personne la plus riche de Chine et figurerait dans la liste des 30 plus riches au monde. Mais cela profite aussi aux groupes capitalistes qui ont sous-traité leur production à des entreprises en Chine. C’est le cas d’Apple par exemple, qui continue d’y faire produire les iPhone dans les usines du groupe taïwanais Foxconn. C’est le cas aussi de tous les constructeurs automobiles occidentaux qui continuent de s’y fournir en batteries électriques.

Mais cela peut aussi finir par poser problème aux capitalistes de dépendre ainsi d’un État qui a la capacité de résister aux pressions de l’impérialisme. Cela est clairement apparu quand, en septembre 2010, Pékin a provoqué un vent de panique sur les marchés mondiaux en stoppant brutalement ses exportations de terres rares à destination du Japon. Les dirigeants chinois ont utilisé ce moyen de pression dans le cadre du différend sur la question des îles Senkaku, dans la mer de Chine, dont ils revendiquent le contrôle depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

À la suite de cet embargo, l’administration américaine a cherché à diminuer la dépendance à l’égard de la Chine. Elle a ainsi soutenu la réouverture du site de Mountain Pass, de nouveau en service depuis le début de 2018. Le Pentagone a l’intention de financer la construction d’unités de raffinage sur le sol américain. Il faut dire que de nombreux équipements militaires, dont les avions F16, ne peuvent fonctionner sans ces précieux métaux rares.

Ces minerais sont donc venus s’ajouter aux facteurs de plus en plus nombreux qui alimentent la tension entre les États-Unis et la Chine, susceptible de déboucher dans l’avenir, dans un contexte d’aggravation de la crise, sur une confrontation militaire. Cela n’a rien de nouveau, et c’est même ce type de crise qui a conduit dans le passé à l’éclatement de deux guerres mondiales. Déjà, en 1916, Lénine décrivait ce phénomène dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme : « Plus le capitalisme est développé, plus le manque de matières premières se fait sentir, plus la concurrence et la recherche des sources de matières premières dans le monde entier sont acharnées, et plus est brutale la lutte pour la possession des colonies. » Ce ne sont plus des colonies, mais les luttes pour le contrôle de zones d’influence ne sont pas moins fortes, au contraire.

La politique des trusts : satisfaire les actionnaires plutôt que creuser des mines

Le poids prédominant acquis par la Chine finira peut-être par poser des problèmes aux capitalistes dans l’avenir. Mais ce qui est actuellement le plus susceptible de faire obstacle au développement de nouvelles filières industrielles, c’est la politique des trusts miniers eux-mêmes. Se refusant à prendre des risques, les grandes entreprises de ce secteur ont adopté une politique malthusienne, consistant à limiter leurs investissements, pour sécuriser d’abord et avant tout leurs profits. Tous les capitalistes, quel que soit leur secteur d’activité, ont adopté la même attitude, tant ils manquent de confiance dans leur propre économie.

Dans le secteur minier, cette incertitude est renforcée par le poids de la spéculation, qui fait varier très fortement les cours des métaux. Ainsi, les cours du cobalt avaient atteint 24 000 dollars par tonne le 1er janvier 2016, la spéculation les avait multipliés par quatre, à 95 000 $/t en 2018, puis ils ont reculé à 30 000 $/t en avril 2019. Les cours des autres métaux ont connu les mêmes évolutions. Plus récemment, tous ont connu un pic après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, suivi à nouveau d’un reflux dans les mois suivants.

Cette forte volatilité rend très incertaine la moindre prévision. Cela n’empêche pas les géants du secteur minier d’afficher des profits historiques, car ils ont su profiter des périodes de montée des cours. Ainsi les trois principaux groupes du secteur, Rio Tinto, BHP et Glencore, ont engrangé en 2021 près de 140 milliards de dollars de profit, trois fois plus qu’en 2015. Mais ils ont eu pour politique d’en faire profiter les actionnaires, en augmentant les versements de dividendes ou en rachetant leurs propres actions pour en faire monter le cours.

Par contre, ils ont limité les investissements qui sont, eux, bien plus faibles qu’il y a dix ans. Or le poids de ces sociétés est considérable. À lui seul, le groupe suisse Glencore, à la fois producteur et négociant, contrôle environ 6 % de la production mondiale de cuivre, 20 % du cobalt, 4 % du nickel, avec également une production importante de charbon. Quand ces trusts décident de limiter leur production, cela a une influence déterminante sur l’évolution de l’ensemble du secteur, et à terme sur celle de toute l’économie.

Il n’y a pas de capitalisme vert ! Le seul avenir, c’est le communisme !

Y aura-t-il assez de métaux pour permettre le développement des voitures électriques ? Ce sont des questions qui préoc­cu­pent les industriels de ce secteur, et personne n’est aujourd’hui capable de donner une réponse. Ce que l’on peut affirmer par contre avec certitude, c’est que tout cela n’a pas grand-chose à voir avec des préoccupations écologiques. Dans le capitalisme, ces préoccupations n’ont pas leur place. Pour ceux qui détiennent les capitaux, la seule préoccupation consiste à calculer leur rentabilité et à faire en sorte qu’elle soit la plus élevée possible.

Il n’y a pas plus de capitalisme vert qu’il n’y a de capitalisme à visage humain. La gestion à long terme des ressources de la planète, les conséquences de leur exploitation sur l’environnement, tout cela ne compte pas. Quant aux conditions de travail et de vie des millions de prolétaires qui extraient les minéraux, les transforment, les acheminent dans les usines où sont assemblées les automobiles, tout cela ne figure dans la comptabilité des capitalistes que dans la rubrique des coûts de production, qui doivent être les plus bas possible.

Dans quelque domaine que ce soit, le capitalisme est tout à fait incapable de surmonter ses contradictions. Au contraire, la société est menacée des pires catastrophes, avec l’aggravation des crises économiques, politiques et climatiques. Aucune technologie nouvelle, quelle qu’elle soit, ne pourra changer le capitalisme et son fonctionnement, ni mettre fin à la domination de la loi du profit sur l’ensemble de l’économie. La solution n’est pas technique, mais politique. L’avenir dépend de la capacité de la classe ouvrière à mettre fin au pouvoir de la bourgeoisie et à prendre en main la direction de la société. Alors seulement il sera possible de réorganiser l’économie en fonction des besoins du plus grand nombre et d’offrir à l’humanité un avenir à la hauteur de ce que le progrès des sciences permettrait d’envisager.

10 janvier 2023

Partager