Tiers monde - Au-delà de la revendication d'annulation de la dette01/11/19991999Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1999/11/46.png.484x700_q85_box-17%2C0%2C578%2C811_crop_detail.png

Article du mensuel

Tiers monde - Au-delà de la revendication d'annulation de la dette

Depuis plusieurs années, l'endettement des pays pauvres a atteint un point critique où leurs économies sont étranglées par le service de leur dette tandis que leurs populations connaissent un niveau de misère sans précédent. La situation est devenue si grave que les dirigeants des principaux pays impérialistes en sont venus à redouter qu'elle se traduise par la déstabilisation de régions entières la plus importante des régions menacées étant l'Afrique sub-saharienne.

Depuis 1996 et le sommet du G7 à Lyon cette année-là, une série de réunions entre représentants des puissances impérialistes ont eu pour objet de définir les conditions d'une réduction concertée de la dette des pays les plus touchés par cette crise. A cette occasion, on a pu voir le spectacle écoeurant de ces dirigeants de gouvernements disposant de moyens économiques et financiers énormes se livrer à des marchandages aussi dérisoires que révoltants sur le montant de cette réduction de la dette des pays les plus pauvres. Tout cela parce que, dans la rivalité qui les oppose, aucun de ces gouvernements ne veut apparaître comme étant en reste ni non plus risquer, en prenant les devants, de faire plus de concessions que le voisin.

Les sommes en cause dans l'endettement de ces pays sont dérisoires au regard de la richesse des pays industrialisés, ce qui rend d'ailleurs d'autant plus révoltants les marchandages et atermoiements des pays du G7.

Ce constat est le point de départ d'un mouvement d'opinion qui s'est constitué dans de nombreux pays pour exiger, avec diverses nuances, que les pays du G7 cessent de tergiverser et décrètent une annulation immédiate de tout ou partie de la dette des pays pauvres. Le dernier sommet du G7, à Cologne, a été d'ailleurs marqué le 18 juin dernier par des manifestations importantes autour de ces revendications dans de nombreux pays. Dans certains pays, ces manifestations ont pris symboliquement pour cible les grandes institutions du capital financier, en particulier le marché boursier.

Par ailleurs la coalition dite Jubilé 2000 une coalition qui a été à l'origine des manifestations du 18 juin dans de nombreux pays a rassemblé 17 millions de signatures au bas d'une pétition, présentée au sommet de Cologne, qui exige "l'annulation des dettes non recouvrables d'ici à la fin 2000".

C'est un mouvement d'inspiration chrétienne qui est à l'origine de cette coalition. Il avait pour objectif d'inviter les dirigeants impérialistes à agir "en chrétiens" à la fin de ce millénaire, en décidant d'un "jubilé" (jour où les dettes sont annulées et les esclaves libérés, tous les cinquante ans, selon l'Ancien Testament). Depuis, de nombreux courants issus de divers milieux ont rejoint la coalition Jubilé 2000 : milieux d'extrême gauche, social-démocrates, verts, nationalistes du tiers monde, voire syndicaux dans certains pays, en même temps que des institutions caritatives ou universitaires.

Le mouvement pour l'annulation des dettes du tiers monde attire du monde parmi ceux qui sont, à juste titre, choqués par l'apauvrissement du tiers monde et par le traitement infligé aux pays pauvres par les puissances impérialistes. Il s'agit pour une large part des mêmes que celles et ceux qui s'intéressent aux activités des comités ATTAC (l'association pour la taxation mondiale sur les transactions financières appelée aussi taxe Tobin) ATTAC participe d'ailleurs en tant que telle à Jubilé 2000 ou encore qui sont attirés par les manifestations envisagées contre l'Organisation Mondiale du Commerce au moment de l'ouverture du sommet de cette organisation, le 29 novembre prochain à Seattle, aux USA.

Quelle est la portée et quelles sont les limites politiques du mouvement pour l'annulation des dettes du tiers monde qui part de ce constat, incontestable, que le fossé ne cesse de se creuser entre pays riches et pays pauvres ?

Le creusement du fossé entre pays riches et pays pauvres

Les statistiques ne manquent pas pour mesurer la situation des pays pauvres. Les organismes internationaux chargés d'imposer à ces pays les exigences de l'ordre impérialiste le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, l'ONU, etc. fournissent une abondance de chiffres qu'on ne peut suspecter d'exagérer la situation. Or, ce que montrent ces chiffres, d'année en année, c'est l'aggravation des conditions de vie dans ces pays et l'accroissement de l'écart entre pays riches et pays pauvres.

C'est ainsi par exemple qu'en 1950, le P.I.B. par habitant des cinq pays les plus riches du monde représentait l'équivalent de 35 fois celui de la trentaine de pays les plus pauvres. En 1973, ce rapport atteignait 44 fois, et 72 fois en 1992. Le creusement de ce fossé ne fait que traduire le pillage permanent des économies des pays les plus pauvres par les multinationales des pays impérialistes. Les actionnaires des trusts miniers, pétroliers, agro-alimentaires et autres, ont bâti leur fortune (et continuent à le faire aujourd'hui) sur le pillage des ressources naturelles des pays pauvres. Mais les énormes bénéfices réalisés par ces trusts n'ont jamais été réinvestis dans les économies locales. Non seulement ce pillage des ressources locales n'a rien apporté aux populations, mais il a souvent accru leur pauvreté. Ainsi, les multinationales de l'agro-alimentaire qui ont fait de pays comme la Côte d'Ivoire, le Ghana ou le Mali les principaux fournisseurs de leurs usines européennes en cacao et en arachide, ont en même temps éradiqué une grande part de l'agriculture vivrière, entraînant des pénuries alimentaires dans des pays qui avaient été autosuffisants auparavant.

D'une façon générale, et ce en dépit du mythe de "l'aide au développement", le transfert net de ressources des pays pauvres vers les pays riches, qui a commencé au temps de la colonisation avec le pillage des ressources naturelles, n'a jamais été inversé depuis, bien au contraire. Ce transfert a même été aggravé durant les trois dernières décennies, puisque, si l'on se réfère aux chiffres cités plus haut, la vitesse à laquelle l'écart entre pays riches et pays pauvres s'est creusé dans la période 1973-1992 a été près de quatre fois plus rapide que dans la période 1950-1972. Cette accélération de l'appauvrissement relatif (et pour certains, absolu) des pays pauvres a été la conséquence de la crise mondiale du système capitaliste dans les années suivantes. Et dans les pays pauvres, le principal mécanisme de transmission de cette crise a été celui de la dette.

C'est en effet dans les années soixante-dix que les bourgeoisies des pays riches se sont mises à détourner une part croissante de leur capital de la sphère productive vers la sphère financière. Les banques ont été inondées de fonds disponibles, tandis que les multinationales occidentales partaient à la recherche de nouveaux marchés pour compenser la stagnation de leurs marchés domestiques. Les grandes banques des pays riches et les institutions internationales de l'impérialisme (FMI, etc.) incitèrent les pays du tiers monde à emprunter afin d'acheter les exportations occidentales, en particulier des armes. La dette extérieure du tiers monde, qui s'élevait à 70 milliards de dollars en 1970 monta brutalement à 580 milliards en 1980.

Bien entendu, cela ne signifie pas que ces sommes furent effectivement versées aux pays pauvres. La majeure partie retourna directement dans les poches des actionnaires occidentaux, sous forme de dividendes payés grâce aux profits réalisés par les grandes entreprises occidentales bénéficiaires des commandes financées par ces prêts. Et ces commandes n'ont rien fait pour améliorer le sort des populations. Quand il ne s'agissait pas d'armes, dont les dictateurs locaux se sont servis ensuite contre leurs propres populations, il s'agissait de projets d'infrastructures dictés par la frénésie de prestige, voire la mégalomanie, des dictateurs en place. Pire encore, certains de ces projets n'ont eu d'autre but que de "viabiliser" ces pays aux frais de la population pour y préparer l'arrivée des multinationales, quitte à y engendrer de véritables catastrophes écologiques et à y imposer de vastes déplacements de populations.

Au cours des années soixante-dix, les grandes banques occidentales ont d'autant moins lésiné sur leurs prêts aux pays pauvres que les taux d'intérêt réels qu'elles pouvaient pratiquer dans les pays riches étaient très bas, voire même négatifs compte tenu de l'inflation qui y sévissait. Dans les pays pauvres, en revanche, elles pouvaient se permettre d'imposer des taux d'intérêt usuraires, au nom des "risques" encourus, et avec la bénédiction des autorités financières internationales.

Mais bien entendu, les créanciers exigent d'être remboursés et surtout, ils exigent le paiement régulier des intérêts. Et rapidement, les pays pauvres se mirent à connaître des difficultés pour assurer le service de leur dette. De sorte que, en août 1982, le Mexique finit par déclarer la suspension du service de sa dette. Cela déclencha un vent de panique parmi les banquiers internationaux et menaça de banqueroute une quantité d'établissements financiers de moindre importance qui s'étaient précipités sur la manne de la dette du tiers monde. Devant le risque d'une crise bancaire généralisée, les États impérialistes intervinrent massivement pour sauver leurs banquiers.

Brutalement, les financiers s'aperçurent que l'exploitation de la vache à lait des pays pauvres était effectivement une activité risquée. Mais pour l'heure, le système bancaire des pays riches était intact par la grâce des fonds publics occidentaux.

L'intervention du FMI

C'est à cette époque que le FMI et les institutions financières internationales de l'impérialisme assumèrent le rôle de pompiers et de gendarmes de l'économie mondiale. Pompiers, au sens où ces institutions furent dotées du pouvoir d'organiser des prêts d'urgence aux pays menacés de banqueroute, pour éviter une répétition de la crise mexicaine et protéger les profits des banques occidentales. Gendarmes, au sens où elles reçurent les moyens d'imposer aux pays pauvres un droit de regard sur leur politique nationale, en échange de mesures de rééchelonnement de leur dette dont le principal objectif était moins de protéger les finances de ces pays de la faillite que de protéger les banquiers prêteurs des désagréments que peut entraîner la faillite d'un débiteur, sans parler de l'avantage d'assurer aux multinationales le remplissage de leurs carnets de commande.

Tout cela n'empêcha pas l'endettement des pays pauvres de doubler au cours des années quatre-vingt. Car chaque nouveau rééchelonnement de la dette d'un pays pauvre se traduisit en règle générale par une augmentation de son endettement total, même si le paiement des intérêts s'en trouvait provisoirement facilité. La politique des institutions financières internationales n'avait pas pour but, bien sûr, de réduire cet endettement : il n'était pas question de réduire la manne financière du service de la dette (une grosse source de revenus pour les grandes banques impérialistes) mais simplement de garantir le flux régulier de cette manne.

En revanche, l'étreinte des gendarmes de l'impérialisme sur les pays les plus pauvres se resserra avec l'introduction, en 1987, des fameux "programmes d'ajustement structurel" qui devinrent le prétexte d'une brutale austérité contre les populations. Les experts du FMI s'installèrent dans les ministères des pays pauvres, exigeant la réduction des dépenses publiques, afin qu'une part plus grande des ressources des États soit consacrée au service de la dette. Inévitablement, les dépenses sociales furent les premières touchées, car les budgets militaires et ceux alimentant les commandes d'État devaient rester intacts pour protéger les intérêts des entreprises occidentales. La santé et l'éducation furent donc les principales victimes des incursions du FMI. En même temps celui-ci présida au lancement du processus de privatisation qui devait, au cours de la décennie suivante, décimer le secteur public d'un grand nombre de pays pauvres. Dans un premier temps, le prétexte en fut la conversion d'une partie de la dette en actions dans ces entreprises privatisées. Mais du même coup, les banques internationales détentrices de ces actions se trouvèrent dotées d'un puissant moyen de pression supplémentaire pour faire valoir leurs intérêts au détriment de ceux des populations.

La pression du FMI sur les pays pauvres s'accentua encore plus dans les années quatre-vingt-dix. Cette fois, avec le développement considérable de la sphère financière et l'énorme croissance des flux de capitaux facilitée par la dérégulation dans les pays impérialistes, le rôle du FMI devint d'ouvrir complètement les économies des pays pauvres à ces flux de capitaux. La privatisation de toutes les entreprises publiques devint une composante obligatoire des "programmes d'ajustement structurels" imposés aux pays les plus pauvres. Aussi modestes fussent-elles, les infrastructures publiques devaient être reprises en main par les multinationales occidentales. Le plus souvent celles-ci se contentèrent de conserver les pans qui servaient au mieux leurs intérêts dans le cadre de la division internationale du travail existante. Le reste fut fermé, sans se soucier le moins du monde des conséquences qui pouvaient en résulter pour l'économie locale. Dans bien des cas, les prétendus "investissements étrangers" dans les pays pauvres n'ont d'ailleurs eu pour objectif que de racheter un concurrent local, fermer son établissement et importer ensuite (à un prix plus élevé, bien sûr) le même produit depuis un site de production à l'étranger. Pour les populations locales, tout ce flux d'"investissements" qui étaient censé les sortir de la pauvreté aux dires des apôtres du FMI, s'est traduit par un renchérissement du coût de la vie, une diminution des services publics (dans des pays où ils étaient déjà bien en dessous du strict minimum) et un appauvrissement général de l'économie locale. Seule une toute petite frange de privilégiés retranchée autour des organes de l'appareil d'État a pu profiter de la situation pour se remplir les poches des miettes que leur ont laissé les "investisseurs" sur leurs profits confortables miettes que lesdits privilégiés se sont empressés de placer sur un compte numéroté à Londres, Genève ou New York.

Autant dire que les vertueuses déclarations des experts du FMI, prétendant, hier comme aujourd'hui, que l'ouverture des pays pauvres aux flux financiers a pour but de favoriser le développement de leur industrie et donc de leurs exportations, sont autant de mensonges éhontés. D'autant d'ailleurs, que de toute façon la plupart de ces "investisseurs" potentiels ne cherchaient en fait que l'occasion de prêter leurs fonds à court terme et à des taux usuraires. Pour eux, seule la poignée la moins pauvre des pays du tiers monde, ceux disposant d'un pouvoir d'achat et d'une épargne non négligeables, présentaient un quelconque intérêt et on a vu à quel prix en Asie du Sud-Est.

La crise financière qui éclata à l'hiver 1994 au Mexique, pour refaire surface moins de trois ans plus tard, en juillet 1997, cette fois en Asie du Sud-Est, entraîna une rapide détérioration de la situation pour la plupart des pays les plus pauvres.

La première conséquence de cette crise fut d'accélérer une tendance qui avait déjà commencé au début de la décennie : la chute des prix des matières premières sur le marché mondial. En 1998, les cours des matières premières baissèrent de 15 à 40 %, occasionnant une chute correspondante des revenus des pays exportateurs. En Zambie, par exemple, l'un des plus grands producteurs mondiaux de cuivre et l'un des pays les plus pauvres du monde, cela se traduisit par une chute du PIB de 9 % en 1998, chute équivalente en valeur au montant du service de la dette pour la même année. Et, bien sûr, alors que la chute des prix des matières premières implique de fortes pertes pour les pays pauvres producteurs, elle entraîne une hausse des profits des entreprises des pays riches qui les achètent. Si l'on prend en compte cet aspect, le transfert de richesse des pays pauvres vers les pays riches s'est encore accéléré ces dernières années.

La crise financière, comme la méfiance accrue à l'égard des capacités de remboursement des pays pauvres, ont rendu le crédit plus cher. Ainsi, depuis 1997, les flux de capitaux des pays riches vers le tiers monde ont été pratiquement divisés par deux, alors que le nombre de nouveaux prêts accordés a chuté de près de 60 %. Certains pays pauvres ont même dû offrir des taux d'intérêts très élevés aux capitaux étrangers (jusqu'à 40 % pour le Brésil, par exemple), pour dissuader les banques et institutions financières internationales de retirer leurs fonds.

La mascarade du G7

La réponse des pays riches à cette situation dramatique particulièrement dramatique pour les populations, bien que ce ne soit pas la préoccupation principale des dirigeants du G7 a fait l'objet d'une importante couverture médiatique. Au lendemain du sommet de Cologne, en juin dernier, les gros titres de la presse ont annoncé que 90 % de la dette des pays les plus pauvres allaient être annulés, pour un total de 100 milliards de dollars. Trois mois plus tard, le 30 septembre, Bill Clinton surenchérissait en annonçant que les USA étaient prêts à monter jusqu'à 100 %. Mais qu'en est-il réellement ?

La première chose à souligner à propos de ces déclarations délibérément sensationnelles est qu'elles dissimulent une bonne dose d'hypocrisie de la part des sept pays les plus riches, pour oser se présenter ainsi comme des "bienfaiteurs compatissants" du tiers monde. Quel que soit le contenu réel de ces annonces, le seul fait de parler de l'annulation de la dette comme d'une "concession" en faveur des pays pauvres est en soi une escroquerie. Pour la simple raison que les pays concernés ont, dans la plupart des cas, déjà remboursé l'équivalent de leur dette, voire bien plus que cela, par le seul jeu du paiement des intérêts.

Un calcul simple suffit à illustrer ce fait. Sur un prêt à 15 % (taux relativement bas pour le tiers monde), il faut moins de sept ans pour que le total des intérêts versés dépasse le montant initial du prêt. Or la durée de vie des prêts consentis directement par le FMI, la Banque Mondiale, les États ou les banques privées des pays riches, ou indirectement par des "investisseurs" qui achètent des bons du Trésor ou des obligations d'État sur les marchés financiers, est en général bien supérieure à sept ans. Comme en plus, à chaque rééchelonnement, la durée de vie du prêt augmente (ainsi d'ailleurs que son montant sur le papier, bien que cela ne se traduise par aucun argent frais), autant dire qu'il n'est pas rare qu'un pays débiteur rembourse plusieurs fois la valeur initiale d'un prêt par le biais du service de la dette, avant même de commencer à rembourser le prêt lui-même. C'est ainsi qu'entre 1980 et 1996, l'Afrique sub-saharienne a payé en intérêts plus du double du montant total de ce qu'elle a emprunté durant cette période. Pourtant, en 1996, le montant total de sa dette avait quand même triplé par rapport à 1980 !

Tout ceci jette une lumière bien différente sur la "générosité" des dirigeants des pays riches. Les dettes des pays les plus pauvres que le G7 consentirait aujourd'hui à annuler ne représentent en fait qu'une partie des dettes de ces pays les plus anciennes que les experts considèrent comme "irrécouvrables", mais qui surtout ont été déjà remboursées plusieurs fois par le biais du versement des intérêts. Après avoir extrait de ces prêts tout ce qu'ils pouvaient en tirer, et même bien plus que leur valeur effective, en particulier au profit de leurs propres multinationales, les dirigeants des pays riches peuvent bien se permettre de passer l'éponge aujourd'hui !

Mais la "générosité" du G7 est encore bien plus hypocrite que cela. La déclaration de Cologne est la dernière d'une longue série, qui a commencé fin 1996 avec un programme du FMI en faveur des "pays pauvres fortement endettés". L'objectif de ce nouveau programme était officiellement d'aider les pays les plus pauvres, ou plutôt les plus "méritants" d'entre eux du point de vue du FMI, par une "réduction du montant de la dette concernée pouvant aller jusqu'à 80 %", mais seulement sous réserve que les ressources ainsi dégagées soient affectées à la santé et à l'éducation. C'est ce chiffre de 80 %, qui avait été décidé lors d'un sommet du G7 à Lyon, qui a par la suite été porté à 90 % lors du sommet de Cologne.

Le piège dans la formulation du FMI tient dans l'expression "dette concernée". Le FMI entend par là, non pas la dette extérieure totale de ces pays, mais le montant initial des dettes qu'ils ont contractées auprès des États du G7 avant leur première demande de rééchelonnement auprès du FMI date qui est variable suivant les pays, bien sûr, mais remonte au début des années quatre-vingt pour bon nombre d'entre eux. Le montant réel (après rééchelonnement) de ces dettes ne sera donc pas pris en compte, pas plus que les dettes ultérieures. Qu'en est-il des dettes contractées auprès d'autres organismes que les États du G7 ? Bien que la nécessité de réduire la dette commerciale (c'est-à-dire contractée auprès des banques privées) ait été mentionnée en passant, aucun chiffre n'a été indiqué, et à ce jour, les banques impérialistes n'ont fait aucune déclaration dans le sens d'une annulation de dette. Il n'est pas non plus question de diminuer la dette des pays pauvres vis-à-vis du FMI ou d'autres institutions internationales. Autrement dit, selon les calculs de certains économistes, derrière les 90 % d'annulation de la dette dont se sont targués les gouvernements du G7 après Cologne, ce sont en réalité moins de 10 % de la dette réelle des pays bénéficiaires qui pourraient être annulés !

Mais surtout, c'est la sélection des pays bénéficiaires qui réduit cette prétendue annulation de la dette des pays pauvres à une farce cynique. En effet, sur les 150 pays qui, d'après l'ONU, s'enfoncent dans la crise de la dette, seuls 41 ont été sélectionnés par le FMI pour bénéficier de ces mesures spéciales. Mais encore faut-il que les pays élus satisfassent à des conditions draconiennes : avoir déjà appliqué les politiques d'ajustement structurel imposées par le FMI (austérité budgétaire, ouverture totale de leur économie au capital occidental, fonds assignés au service de la dette atteignant 25 % du budget de l'État) pendant un total de six années. Alors, et alors seulement, et à condition que le FMI soit satisfait des résultats obtenus, pourra-t-on envisager de mettre en pratique les promesses de réduction de la dette.

Dans les dix-huit mois qui se sont écoulés depuis le lancement de l'initiative du FMI et le sommet de Cologne, seuls deux pays (l'Ouganda et la Bolivie) ont bénéficié d'une réduction de dette, dans les deux cas d'environ 9 % de leur dette totale. Avant la mi-2002, six autres pays pauvres devraient bénéficier de ce programme, ce qui portera le total à huit pour une période de quatre ans ! A ce rythme, les 142 autres pays en danger ont largement le temps de sombrer définitivement dans le gouffre.

Les limites étroites du "mouvement pour l'annulation des dettes du tiers monde"

Alors que les origines religieuses d'une des principales composantes du mouvement "pour l'annulation des dettes du tiers monde" se sont diluées, le dénominateur commun aux différents organisateurs de la campagne reste la revendication formulée dans la pétition de Jubilé 2000 :

"Nous, soussignés, croyons que le nouveau millénaire doit être l'occasion de renouveler l'espoir et la vie pour des millions de personnes, actuellement sous le joug de la misère provoquée par l'endettement illégitime de leurs pays. Afin de rendre un nouveau départ possible, il est essentiel de réparer l'injustice engendrée par une dette extérieure dont on exige à présent le remboursement de populations qui n'ont rien demandé, n'ont pas été consultées et n'ont pas profité de ces prêts. Une dette dont le montant a été plusieurs fois remboursé, mais qui continue à croître, jour après jour. Une dette dont ceux qui accordèrent les prêts sont au moins aussi responsables, sinon plus, que ceux qui les ont reçus. C'est pourquoi nous appelons les gouvernements des pays créanciers à annuler avant la fin de l'an 2000 les dettes non remboursables et à prendre des mesures effectives pour redonner à ces populations, qu'ils ont appauvries, les moyens nécessaires pour retrouver leur dignité, en désactivant les mécanismes qui ont favorisé la montée de leur endettement".

A la lecture de ce texte, il est évident que tout a été fait pour éviter de désigner clairement les responsables du drame de la misère des pays pauvres. On parle de mystérieux "mécanismes qui ont favorisé la montée de l'endettement", mais on se contente de cette expression vague, manifestement pour ne pas avoir à parler du rôle du capital financier ni du pillage du tiers monde par les multinationales occidentales. De même, la pétition ne va pas jusqu'à critiquer explicitement les créanciers impérialistes. On les considère comme "au moins aussi responsables, sinon plus" que les débiteurs, ceux-ci devant donc aussi être critiqués. Or même s'il est vrai que les clans privilégiés des pays pauvres vivent souvent de la dette de leur pays aux dépens des populations, leur parasitisme n'est rien comparé à celui de la bourgeoisie des pays impérialistes. Et même si c'est une affaire de degré, renvoyer ainsi quasiment dos à dos débiteurs et créditeurs, c'est dédouaner l'impérialisme de sa responsabilité.

La pétition n'indique pas non plus l'étendue de l'annulation de la dette qu'elle revendique. Les "dettes non recouvrables" dont parle Jubilé 2000 recouvrent-elles l'ensemble de la dette ou seulement la partie que les pays pauvres ne peuvent pas "se permettre" de rembourser ? Comme si les pays pauvres pouvaient se permettre de rembourser des dettes ou d'en assurer le service sans que ce soient les populations qui en paient la note ! De même, les plans d'ajustement structurel du FMI ne sont pas mentionnés, malgré leurs conséquences catastrophiques pour les pays pauvres.

Comment les revendications du mouvement pour l'annulation de la dette peuvent-elles aboutir ?

Si l'on s'en tient à la pétition, c'est aux gouvernements que l'on demande de bien vouloir prendre la décision d'annuler la dette (sans d'ailleurs se poser la question de savoir si les gouvernements auraient, ou pas, à accorder des compensations aux banquiers et au détriment de qui ?)

Or le service de la dette des pays pauvres représente au total un montant de 200 milliards de dollars transférés chaque année des pays pauvres vers les pays riches. Jubilé 2000 compte-t-il sur des gouvernements tout dévoués au capital financier pour qu'ils privent leurs amis banquiers de tout ou partie de ce revenu régulier, sans parler du remboursement des prêts eux-mêmes ? Escompte-t-il que ces mêmes gouvernements vont entreprendre de convaincre leurs marchands d'armes et autres grands capitalistes nationaux, pour le compte de qui ils démarchent le monde à longueur de visites officielles, pour qu'ils renoncent gracieusement à leurs juteux contrats avec les pays pauvres, sous prétexte de ne pas aggraver leur endettement au détriment de la population ?

Quand cette pétition appelle les États occidentaux à donner aux pays pauvres "les moyens nécessaires pour retrouver leur dignité, en désactivant les mécanismes qui ont favorisé la montée de leur endettement", cela veut-il dire que Jubilé 2000 leur demande tout bonnement de mettre gentiment un terme au pillage du tiers monde par les multinationales occidentales et au parasitisme du capital financier, tout en attendant d'eux qu'ils redistribuent une partie de la richesse des pays riches (c'est-à-dire celle de la bourgeoisie impérialiste qui en contrôle l'essentiel) aux pays pauvres ?

Pourquoi des États qui sont les représentants des intérêts de leurs bourgeoisies respectives devraient-ils prendre des mesures contraires à leurs intérêts, surtout si la seule menace qui pèse sur eux est une pétition, fût-elle signée par 17 millions de personnes ? Alors qu'il est évident que, dans ce contexte et dans le meilleur des cas, ils se contenteront de gestes sans conséquences pour les profits capitalistes, comme au sommet de Cologne, juste assez pour avoir l'air de faire quelque chose face à leur opinion publique.

Certains affirmeront que, en théorie, l'impérialisme pourrait se permettre d'annuler l'intégralité de la dette des pays pauvres. D'un point de vue purement mathématique, c'est probablement vrai. A ceci près néanmoins, que, comme on a pu le voir lors des crises financières des deux dernières décennies, les États interviendraient alors pour éponger les pertes de leurs bourgeoisies respectives, avec l'argent public. Finalement, ce sont donc les travailleurs des pays riches qui paieraient la note. Voilà un autre danger que la coalition de Jubilé 2000 ignore ostensiblement. Et ce n'est pas par hasard. Le souci qu'elle affiche pour les pays pauvres ne s'étend pas aux classes laborieuses des pays riches. C'est une affaire de choix social et les milieux petits-bourgeois auxquels Jubilé 2000 s'adresse sont prêts à prendre fait et cause pour les pauvres du tiers monde dans la mesure où cela ne leur demande de faire que des gestes symboliques. Mais pas question pour eux de faire de même vis-à-vis de la pauvreté que l'exploitation capitaliste crée autour d'eux, car là ils craignent, et à juste titre, que cela exige d'eux un tout autre engagement.

Mais même à supposer que les grandes puissances annulent l'intégralité de la dette des pays pauvres ce qui ressort du domaine de la politique fiction cela ne détruirait pas les causes de l'endettement. Les pays pauvres continueraient à emprunter ne serait-ce que parce que les classes dirigeantes locales chercheraient à conserver les revenus qu'elles tirent de leur activité d'intermédiaires des capitaux étrangers.

La seule voie pour sortir les pays sous-développés de la pauvreté : la destruction du système impérialiste

Certains mouvements, qui participent à la coalition Jubilé 2000, partagent certaines des critiques qui ont été formulées plus haut.

Beaucoup sont d'inspiration nationaliste, basés dans des pays pauvres, où l'approche de Jubilé 2000 est perçue comme encore plus irréaliste qu'ici. Par exemple, la Déclaration de Gauteng, publiée par plusieurs mouvements sud-africains en mars dernier, comporte une liste d'objectifs qui vont bien au-delà de la demande d'annulation de l'intégralité de la dette du tiers monde : elle appelle à des changements politiques dans les pays pauvres, affirme la nécessité de lutter contre la domination économique et politique des pays riches et exige "réparation pour les dommages économiques et sociaux subis par notre peuple, afin de financer la reconstruction de nos infrastructures et de notre société et rétablir notre dignité". Toutefois, la déclaration ne va pas jusqu'à définir comment atteindre ces objectifs.

D'autres mouvements ont adopté une plate-forme plus radicale. Parmi eux, le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM), créé en Belgique avant de s'étendre à d'autres pays. Eric Toussaint, l'un des initiateurs de ce Comité, définit ses objectifs de la manière suivante : "Le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde défend l'annulation générale de la dette publique des pays dépendants et l'utilisation des ressources libérées en faveur des populations et du développement durable. Le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde ajoute que ces ressources doivent rentrer dans un fonds de développement national contrôlé par les mouvements sociaux. Ce fonds doit être alimenté par des ressources supplémentaires (...). Il faudrait y ajouter des transferts des pays les plus industrialisés vers les pays dépendants pour les dédommager du pillage dont ils ont été (et sont encore) les victimes(...)" (Le Monde Diplomatique, septembre 1999)

Comme les auteurs de la Déclaration de Gauteng, le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde est donc conscient et à juste titre que la seule annulation de la dette ne résoudra pas le problème de la pauvreté. Mais tout comme la campagne Jubilé 2000, il s'en remet quand même aux gouvernements des puissances impérialistes pour mettre en oeuvre les mesures qu'il préconise dans le cadre du système, ce qui est tout aussi illusoire. Il est vrai que le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde ajoute que : "Pour obtenir la réalisation de telles propositions, un puissant mouvement citoyen au niveau mondial et un front des pays endettés sont nécessaires". Au moins, contrairement à Jubilé 2000, le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde ne prétend pas qu'une campagne de pétitions adressées aux États suffira pour atteindre ses objectifs. Mais la formulation utilisée laisse quand même planer le même flou artistique. Que faut-il entendre par un "puissant mouvement citoyen" ? Quels seront ses moyens de lutte ? Sur quelles forces sociales s'appuiera-t-il ? S'agira-t-il uniquement d'un groupe de pression, fût-il aussi large que possible, s'attachant à influencer la politique des États ? Et que faut-il comprendre par "un front des pays endettés" ? Un front uni de tous les dictateurs qui dirigent ces pays ? Ou un front uni entre les populations elles-mêmes, unies y compris contre leurs propres dirigeants ? Et dans ce cas, sur quelles bases ? Pourquoi ne pas être plus explicite ?

Le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde est un exemple caractéristique des groupes qui, au sein de la coalition Jubilé 2000, élaborent une critique cohérente des maux engendrés par le système capitaliste, sans aller jusqu'à tirer les conséquences politiques et militantes d'une telle analyse. Le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde se définit comme "réseau" davantage que comme organisation politique, il se targue de cultiver le "pluralisme" politique et "d'élaborer des solutions nouvelles", mais se refuse à utiliser, fût-ce avec un regard critique, l'expérience de ceux qui ont lutté contre le capitalisme dans le passé c'est-à-dire celle des générations qui ont choisi de combattre sur le terrain de la classe ouvrière au nom du communisme.

Le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde, comme bien d'autres groupes du même type tels qu'ATTAC, s'en prennent à certains des aspects les plus répugnants du capitalisme, mais pas au capitalisme lui-même. Même dans le domaine plus restreint du rapport entre pays impérialistes et pays sous-développés, ils s'en prennent à une des formes du pillage des pays pauvres, le pillage par les prêts usuraires, mais pas au pillage lui-même. Que l'on se rappelle seulement que les années soixante où l'endettement des pays pauvres était relativement faible et où les capitaux, dont les déplacements internationaux étaient encore relativement réglementés, n'étaient pas autant à la recherche de placements financiers, furent cependant des années de pillage intensif du tiers monde par les multinationales occidentales.

De par leurs objectifs aussi limités qu'utopiques d'un capitalisme un peu plus "propre" comme de par les moyens modérés et respectueux des autorités établies qu'ils proposent, les initiateurs du mouvement pour l'annulation de la dette du tiers monde sont, au mieux, de doux rêveurs. En réalité, ils véhiculent les idées des milieux sociaux-démocrates, capables, à l'écart du pouvoir, de manifester contre les "excès" du capitalisme débridé ; capables de réclamer des réglementations et une intervention plus grande de l'État pour encadrer la frénésie des capitaux privés, mais dont les hommes politiques, lorsqu'ils sont au pouvoir, mènent servilement la politique que le grand capital leur demande de mener. Pour ne parler que de la France, les pays pauvres dominés par l'impérialisme français n'ont vraiment aucune raison de se souvenir en bien des périodes où, au cours du demi-siècle passé, les socialistes ont exercé le pouvoir.

Le fait que la social-démocratie soit au pouvoir aujourd'hui dans un grand nombre de pays d'Europe donne à des mouvements comme ATTAC ou le Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde une allure oppositionnelle. Mais c'est surtout un exutoire, une façon de permettre à la mauvaise conscience, à l'indignation, voire à la colère de s'exprimer, tout en restant canalisés par cette même mouvance social-démocrate, respectueuse de l'organisation capitaliste de la société, violemment hostile à la lutte de classe, dont les représentants installés au commandes montrent le véritable visage.

Bien sûr, nombre de ceux qui ont manifesté le 18 juin dernier ou signé la pétition de Jubilé 2000 ont été poussés par une sincère indignation contre cet aspect des ravages du système capitaliste qu'est le pillage usuraire du tiers monde par le système financier international. Cette sincérité dans l'indignation ne signifie d'ailleurs pas encore qu'ils sont en décalage par rapport aux initiateurs chrétiens ou sociaux-démocrates de ces mouvements. Les milieux qui se mobilisent pour le moment sur ces questions constituent la base sociale du réformisme et en fin de compte, des partis socialistes au pouvoir.

Il se peut que pour une fraction de ceux qui se mobilisent dans ces comités pour l'annulation de la dette du tiers monde comme dans les comités ATTAC cette forme de mobilisation ne soit qu'un premier pas vers une prise de conscience de ce qu'est l'organisation capitaliste de l'économie et de la société et, peut-être, une première et timide expression vers la volonté de la combattre.

Mais raison de plus pour les communistes révolutionnaires d'éclairer cette minorité sur les objectifs et les moyens de ces courants, en commençant par appeler un chat un chat. Oui, l'exploitation du tiers monde est un des aspects les plus barbares du capitalisme impérialiste. Mais on ne combat pas cette barbarie par de pieuses résolutions adressées aux dirigeants du monde impérialiste et surtout, on ne la combat pas en respectant le capitalisme lui-même.

Oui, non seulement il faut mettre fin au pillage des pays pauvres et à l'exploitation de leurs classes laborieuses par la bourgeoisie des pays impérialistes, mais il faut rendre aux pays pauvres les richesses qui leur ont été volées au cours des siècles. C'est la seule façon de sortir ces pays du sous-développement mais pour ce faire, il faut détruire l'impérialisme, c'est-à-dire mettre fin au capitalisme.

La situation désastreuse des masses exploitées des pays du tiers monde est une des expressions majeures de la barbarie vers laquelle le capitalisme mène le monde. Mais les classes exploitées des pays pauvres comme celles des pays impérialistes, poussées, elles aussi, vers la misère au milieu de la richesse, n'ont pas besoin de pitié ou de charité. Elles constituent la seule force sociale capable de mettre fin non seulement au pillage du tiers monde, mais aussi à l'exploitation et à toutes les conséquences sociales qui en découlent. Alors, le seul choix qui vaille pour cette minorité pour qui l'indignation devant la situation des pays pauvres ne se limite pas à quelques actes symboliques, est de retrouver les idées de la lutte de classe, les idées communistes et de les propager pour que, pour paraphraser Marx, les masses puissent s'en emparer afin de mener le combat avec pour objectif la destruction du système capitaliste.

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