L'impôt (local aussi) : Saigne le malheureux19/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1636.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

L'impôt (local aussi) : Saigne le malheureux

A la mi-novembre tombe l'échéance des " impôts locaux ".

On pourrait se dire, ces impôts-là, au moins, ils n'iront pas directement en subventions de l'Etat à Bouygues (ou à Michelin). Ils représentent en effet 85% des départements et 55% du budget des communes, 60% du budget des régions sont donc destinés en principe à financer des services qui correspondent aux besoins de la population locale, qui peut tout aussi théoriquement voir où va son argent.

C'est parfois le cas, mais pas toujours. Car les priorités souvent électorales des municipalités ne correspondent pas toujours aux urgences du moment. Et puis, au fil des années, l'Etat s'est beaucoup déchargé des dépenses qui lui incombaient sur les collectivités locales qui, de ce fait, se retrouvent à gérer de plus en plus de problèmes.

Autre problème, c'est que le montant de cet impôt ne dépend pratiquement pas des ressources des personnes imposées. Il repose sur l'évaluation d'une valeur locative des appartements, calculée en 1970 et jamais revisée depuis. Bien sûr la valeur locative est relevée tous les ans d'un certain pourcentage, mais si les immeubles populaires des centres-villes d'il y a trente ans sont devenus de superbes résidences pour riches, et si dans le même temps les cités de banlieues flambant neuf dans les années 60 sont devenues des ghettos pourris, les uns et les autres ont gardé la même valeur locative. Pour illustrer le côté arbitraire de cette valeur locative, le Canard Enchaîné publiait récemment des données concernant les logements parisiens. On y lisait qu'un tout petit studio (20 m2) pouvait être taxé à 2 000F, soit 100F par m2, pendant qu'un grand appartement de 150 m2 aux Halles était taxé à 2 200F, soit 15F par m2 ! Un plan de révision de ces valeurs locatives est prêt depuis 1991, mais aucun ministre des Finances n'a voulu l'appliquer, par peur de se rendre impopulaire, auprès des riches semble-t-il.

L'inégalité est flagrante aussi d'une ville à l'autre. Les taux d'imposition appliqués sur ces valeurs locatives sont très variables. Ainsi , dans les taux les plus bas, on trouve des villes huppées, avec un record à Neuilly-sur-Seine (3,8%), alors que certaines villes populaires appliquent des taux prohibitifs, pouvant frôler les 30%, comme à Lille, Tourcoing ou Villeneuve-d'Ascq.

Quant aux revenus des habitants, ils ne sont pratiquement pas pris en compte, excepté pour le calcul de quelques abattements ou exonérations.

En fait, entre ces impôts locaux, l'impôt sur le revenu, la TVA et les diverses autres taxes et droits divers, ce n'est pas loin de la moitié de notre salaire net qui repart illico en direction des caisses de l'Etat et des collectivités locales. Et c'est surtout cela qui est totalement anormal. Tous ces budgets devraient être alimentés à la source, là où sont produit les biens : en prenant directement une part des richesses produites dans les grandes entreprises. Les revenus des salariés sont déjà beaucoup trop bas ; il est scandaleux et injuste de considérer que c'est dans leur poche qu'il faut prendre le budget des collectivités locales et de l'Etat.

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