Renault Le Mans : Relaxe pour les " 46 " !17/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1653.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Le Mans : Relaxe pour les " 46 " !

Vendredi 10 mars avait lieu le procès de 46 travailleurs de Renault Le Mans, traînés au tribunal correctionnel par la direction de l'usine pour une soi-disant séquestration de deux cadres qui voulaient licencier un ouvrier du département 85 (voir LO 1639, 1643 et 1644).

Comme pour la séance dite de consignation du 7 janvier, la CGT avait organisé un grand rassemblement au pied du palais de justice, en soutien aux " 46 de Renault Le Mans " qui étaient, là, jugés sur le fond.

Chez Renault, un appel à la grève de deux heures avait été lancé par les syndicats CGT et CFDT (deux heures en fin de poste pour l'équipe du matin et deux heures en début de poste pour l'équipe du soir) pour permettre de se rendre au tribunal.

Pour éviter que la grève soit aussi massive que le 7 janvier, la direction une nouvelle fois a mis le paquet avec des pressions, menaces et chantages divers, qui sont désormais monnaie courante dans l'usine. Certains chefs sont même allés jusqu'à promettre des primes ou des repas au restaurant pour ceux qui ne feraient pas grève.

Mais tout cela n'a pas eu beaucoup d'effet sur les ouvriers, d'autant plus que, le jour même du 10 mars, la Une de France-Soir titrait sur le flicage des ouvriers de Renault Le Mans par la direction, avec des documents à l'appui. Même si c'était une sorte de secret de Polichinelle, que ces faits soient rendus publics et non démentis a provoqué l'indignation et l'écoeurement, faisant basculer les hésitants. Et il y a de quoi. Après cela la direction a le culot de traîner des ouvriers au tribunal et de pleurer sur le climat de violence qui s'instaurerait dans l'usine, on aura tout vu ! Oui, " l'usine à vivre " de Renault vient d'en prendre un sérieux coup dans l'aile.

C'est ainsi qu'à partir de midi, ce 10 mars, jusqu'au milieu de l'après-midi, plusieurs milliers d'entre nous se sont retrouvés autour d'un casse-croûte géant pour exiger la relaxe des 46.

Il y avait là des délégations d'autres usines Renault et de très nombreuses entreprises de la ville (Yoplait, Mutuelles du Mans, communaux, cheminots, La Poste, etc.) dont certaines avaient appelé à la grève. Étaient présents aussi plusieurs centaines de travailleurs de tous le pays qui participaient aux Assises de l'Automobile de la CGT, qui se tenaient le matin au Mans.

Le procès a duré près de six heures. Et durant l'après-midi, un des délégués syndicaux qui avait pu rentrer venait donner des comptes-rendus de ce qui se passait à l'intérieur.

En fait, l'audition des deux cadres " victimes de séquestration " et celle de ceux qui étaient venus les " libérer " a mis au grand jour que c'est la direction elle-même qui a bâti de toutes pièces cette histoire de pseudo-séquestration. En effet, tous les grands chefs de l'usine étaient au courant de la grève au département 85, depuis le début quasiment, et tout ce beau monde a vaqué tranquillement à ses petites affaires, est allé manger et cela sans accorder plus d'importance que cela à la grève du 85. Preuve s'il en est que la direction est habituée à ce que des ouvriers viennent réclamer des comptes à des directions locales puisque cela s'est déjà passé des dizaines et des dizaines de fois.

C'est seulement en fin d'après-midi que la direction a fait venir un huissier pour constater et prendre des noms parmi les centaines de grévistes qu'il y avait eu ce jour-là.

Tout cela n'a pas empêché l'avocat de la direction de réclamer une condamnation de principe pour " stopper le climat de violence qui règne dans l'usine " et de désigner des " meneurs ". Par la suite, le procureur de la République a totalement suivi l'avocat de Renault.

Les avocats de la défense ont démontré qu'il n'y avait jamais eu de séquestration et ont évidemment réclamé la relaxe des 46.

Le jugement sera rendu le 5 mai. Reste que le rassemblement du 10 mars a été un succès, des milliers de travailleurs ont tenu à affirmer leur solidarité avec les 46, aussi bien contre le patronat dans son ensemble que contre la direction de Renault qui veut se venger et faire taire toute opposition à sa politique.

Et beaucoup de manifestants mettaient dans le même sac le gouvernement qui depuis le début de l'affaire se tait et laisse faire, alors qu'il est, faut-il le rappeler, l'actionnaire majoritaire de Renault.

Pour tous, les 46 de Renault Le Mans doivent être relaxés.

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