Le 4 avril, les 75 approvisionneurs, magasiniers et caristes du montage moteurs de Renault Véhicules Industriels à Vénissieux étaient informés par la maîtrise qu'ils allaient être filmés et chronométrés. Immédiatement, ils ont fait connaître leur refus et, comme la direction n'en tenait pas compte, jeudi 6 avril, ceux de l'équipe d'après-midi se sont tous mis en grève, intérimaires compris. Et puisqu'ils étaient en grève, ils ont ajouté les revendications qui leur tenaient à coeur : une augmentation de 500 F pour tous, y compris les intérimaires, la synchronisation des temps de pause avec les lignes, l'amélioration des conditions de travail et l'effectif correspondant et l'embauche des intérimaires sans passage de tests.

La direction a alors annulé ses projets de filmage et chronométrage, mais pour les autres revendications, elle a reporté sa réponse au lundi. Aussi les magasiniers ont-ils continué la grève jusqu'au soir, et le lendemain vendredi, ceux du matin ont fait de même. Les magasiniers d'après-midi étaient en congé vendredi, dans le cadre des 35 heures, mais dès lundi matin 10 avril, ils ont poursuivi la grève.

Très vite, les lignes de montage moteurs se sont retrouvées sans travail et la direction a occupé les travailleurs en leur faisant faire des retouches. Mais en réunion, à 10 heures, elle a commencé à céder. Elle a confirmé que les 12 magasiniers qui partent dans le cadre du CASA (accord de préretraite) seront remplacés, et a annoncé qu'il y aura 4 embauches, au lieu de 3 prévues, dans le cadre de la réduction du temps de travail. Les embauchés seront pris en partie parmi les intérimaires actuels. Quant aux salaires, elle a promis une lettre d'augmentation pour tous, sans préciser. La direction disait aussi payer les heures de grève du lundi si le travail reprenait à midi, ce qui fut fait. Un nouveau rendez-vous fut pris pour rediscuter des salaires.

Finalement mercedi 12 avril, en présence de délégués et de 8 magasiniers, la direction a amélioré ses propositions sur les salaires : tout le monde sera augmenté en l'an 2000, entre 180 et 220 F par mois (le plus pour les plus mal payés), avant les vacances pour 49 ouvriers, et en septembre-octobre pour ceux qui ont eu une augmentation individuelle dans les six derniers mois. Cependant, rien n'est prévu pour ceux qui doivent partir avec le CASA ni les intérimaires. Pour l'augmentation de ces derniers, un nouveau rendez-vous a été pris.

Le recul de la direction a été ressenti comme une victoire par les grévistes et ceux qui les entourent, si bien que dans un secteur voisin, aux pièces diverses, les travailleurs se sont à leur tour mis en grève lundi 17 avril. Ils demandent, principalement, 1 000 F d'augmentation et l'embauche des intérimaires.

La direction faisant la sourde oreille, la grève devait continuer le lendemain.