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Leur société
Les poupées russes de la richesse
La banque américaine Merril Lynch vient de publier son hit-parade des riches à travers le monde. Ce banquier s'intéresse à ceux, particuliers ou dirigeants d'entreprises, qui possèdent au moins six millions de francs d'actifs financiers, car sa préférence va d'abord à ceux qui jouent gros - si possible avec lui - sur les Bourses du monde entier.
Pour les riches, les nouvelles sont plutôt bonnes. Grâce à l'envolée des Bourses mondiales (+ 37 % en moyenne entre 1998 et 1999), le club des riches s'est enrichi d'un million de nouveaux membres. Parmi les nouveaux venus, les multimillionnaires de l'internet qui contrôlent les portails les plus juteux, yahoo ! ou amazon.com ; ceux qui ont profité des nouvelles introductions d'entreprises en Bourse ou des distributions de stock-options. Ainsi, près de la moitié des dirigeants des deux cents plus grandes entreprises du monde ont empoché, en moyenne annuelle, des stock-options d'une valeur de 60 millions de francs.
Merril Lynch estime le nombre des riches à sept millions dans le monde. Ensemble, ils disposent d'une fortune financière d'environ 153 000 milliards de francs, soit 21,8 millions de francs par tête de riche. Les deux tiers sont aux Etats-Unis et en Europe, mais leur nombre progresse plus vite en Asie.
Le banquier américain, qui doit aimer les poupées russes, distingue au sein de ces sept millions de riches, un second club plus fermé. Pour y pénétrer, il faut avoir une fortune financière estimée à 180 milliards de francs. Ils ne sont plus que 55 000 dans le monde entier.
Enfin, club dans le club dans le club, il reste les ultra-riches, qui sont quelques centaines dans le monde entier. On en recense 514 aux Etats-Unis, 115 en Europe, 77 en Asie, 31 en Amérique latine et 14 au Proche-Orient.
Selon d'autres données, la France comptait, en 1997, 76 000 ménages disposant d'un patrimoine financier situé entre 10 et 30 millions de francs, dont 14 000 dépassaient les 30 millions. Selon les prévisionnistes, ces 14 000 devraient devenir 25 000 en 2002.
Tous ces savants calculs ont, bien sûr, été réalisés avant que l'indice Nasdaq ne pique du nez, signe que la fortune ici recensée est en partie irréelle. Il reste que, même si tous ces chiffres donnent le tournis, il ne faut pas perdre de vue que, tandis que quelques-uns tirent profit de la financiarisation de l'économie, du moins pour le moment, à l'autre bout de la société, d'autres voient leurs conditions de vie se désagréger, payant au prix fort dans leur existence quotidienne ce qu'une poignée de spéculateurs accumulent entre leurs mains.