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Dans les entreprises
Aventis : En avant vers les suppressions d'emplois
Le trust pharmaceutique Aventis, né le 15 décembre 1999 de la fusion entre Hoechst et Rhône-Poulenc, ambitionnait le premier rang mondial. Mais il n'a fallu que quelques mois et de- nouvelles fusions dans la pharmacie pour qu'il se retrouve au troisième rang: Pour les profits en revanche les objectifs sont atteints: un des PDG, Fourtou, s'est félicité fin mars rue les bénéfices avaient déjà augmenté de 25%. Quant aux actionnaires de Hoechst, avant même tous ces nouveaux profits, ils ont empoché dix milliards de francs de prime à l'occasion de la fusion.
Mais les 20% de rentabilité que visent les patrons ont un prix: ils doivent être obtenus par des suppressions de sites (49 au départ sur 91) et d'emplois (11000, dont 3 000 en France, sur 95000). C'est ce que nous avons pu apprendre dans une étude du cabinet Monitor, qu'une indiscrétion avait rendue publique en février 1999. Malgré les dénégations de la direction à l'époque, le plan de Monitor s'applique à la lettre. De nombreux sites et activités ont déjà été supprimés ou vendus.
La direction procède par étapes. Dans un premier temps, elle restructure la recherche, les sièges sociaux et les réseaux de visiteurs médicaux. Dans un deuxième temps, dans quelques mois, la direction va restructurer les usines. Pour ces premiers secteurs, elle a négocié avec les syndicats un plan appelé "Alizé". Mais pour les emplois, ce n'est pas un alizé, c'est un véritable cyclone.
Alizé comprend d'abord un plan de préretraites à partir de 55 ans en 2000 ou 2001. Il concerne 810 personnes et les pressions sont fortes pour que toutes partent. La direction compte en effet sur ces départs pour reclasser tous ceux dont les postes sont supprimés. Alizé assure une rente de 70 % du salaire net d'activité à laquelle s'ajoute l'indemnité de licenciement. Cette mesure est entièrement financée par Aventis, sans aide de l'État.
Dans tous les établissements touchés par les suppressions de postes, la direction met en place " Campus Alizé " (Campus, comme fiche le camp?). C'est une unité de mobilité et de reclassement, comme la direction Rhône-Poulenc en avait mis en place une lors du plan
social " de 1998. A Vitry, Campus est géré par ce même cabinet BPI qui avait déjà sévi en 1998-99. Campus, selon la direction, devrait permettre autour de 250 départs par " reclassements externes " ou projets personnels de ceux qui seraient " volontaires ".
Pour financer toutes ces suppressions d'emplois, en préretraite ou autres, la direction a prévu un milliard et demi de francs. Elle espère ainsi éviter trop de réactions du personnel. Mais, en fin de compte, pour elle ce sera un investissement profitable. Car ces suppressions d'emplois sont destinées à doper des bénéfices déjà plus que confortables.
Les travailleurs ne protestent évidemment pas contre ces préretraites avec maintien à peu près complet du salaire. D'autant que, avec les restructurations incessantes depuis des années, le stress est tel que beaucoup voudraient partir. D'ailleurs, dans les usines de production et de conditionnement, où le travail en équipes et sur les chaînes est pénible, beaucoup de travailleurs demandent à bénéficier des mêmes préretraites.
Par contre nous refusons le chantage au départ et les pressions destinées à pousser dehors ceux qui ne sont pas volontaires pour la préretraite et ceux dont elle supprime les postes et qu'elle remet à Campus. Et surtout nous refusons toutes ces suppressions d'emplois, qui vont signifier moins de monde dans les labos et les bureaux, des surcharges de travail, une flexibilité accrue... et plus de chômage au total dans le pays. Les salariés pensent qu'il faut remplacer par de nouveaux embauchés tous ceux qui partent et exiger le maintien de tous les emplois et de tous les sites.