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Inondations en Seine-Maritime : 108 communes en état de catastrophe pas très naturelle
Les violents orages du 9 mai dernier ont dévasté la côte normande, en particulier les zones de Dieppe et de Fécamp. Près de Dieppe, dans la commune d'Ouville-la- Rivière, des habitants avaient déjà eu leur maison sous les eaux pendant trois semaines au mois de décembre. C'est donc la deuxième fois qu'ils sont inondés en quelques semaines. Près de Fécamp, un employé communal est mort noyé par un torrent de boue.
Le 10 mai, un nouvel orage dévastait le Pays de Caux, dans la région d'Yvetot, et particulièrement Barentin. Une vague de trois mètres de hauteur détruisait tout sur son passage. Les voitures ont été emportées. Une travailleuse de l'entreprise Garby est morte noyée en tentant de rentrer chez elle, à la sortie de son travail, à la fin de l'équipe du soir. Des centaines de personnes ont tout perdu.
Contrairement à ce que l'on peut croire, ces événements ne sont pas si exceptionnels. Entre 1983 et 1997, il y a eu 891 arrêtés de " catastrophe naturelle " en Seine-Maritime. Or, si les faits ont une origine naturelle, les conséquences ne sont pas si naturelles que cela. En effet, la nature même du sol, un sol limoneux, lorsqu'il est laissé nu, se compacte sous l'effet de la pluie, empêchant toute infiltration. La suite est logique : l'eau ruisselle jusqu'à former des ruisseaux, puis des torrents toujours plus chargés de boue, que rien n'arrête. Ce phénomène connu s'aggrave depuis des années du fait des changements dans le mode de culture, les prairies laissant la place au maïs à ensiler sans que le problème des champs laissés sans culture après les labours ne soit réglé. A cela s'ajoutent les conséquences d'un urbanisme anarchique. Des villes, déjà construites en zone inondable, se sont étendues sur des zones encore plus menacées par les inondations. Les zones humides qui servent de tampon et devraient absorber l'excès d'eau sont bien souvent bétonnées et transformées en parkings pour les centres commerciaux ou autres. La conjugaison du ruissellement torrentiel et de l'urbanisation des zones à risque a abouti aux catastrophes récentes, laissant les victimes complètement démunies et plus de 20 000 habitants privés d'eau potable.
En juin 1982 au Havre et à Montivilliers, puis en juin 1997 à Saint-Martin-de-Boscherville, de telles catastrophes avaient tué et ravagé des habitations. Alors aujourd'hui, du préfet au président de Région, tout le monde y va de son couplet : les 22 bassins versants, c'est-à-dire les vallons, devraient être aménagés pour réduire le ruissellement et l'érosion, des bassins de rétention devraient être construits. Mais quand ? A Saint-Martin par exemple, trois ans après la catastrophe, rien n'a été fait pour réduire le risque qu'une vague dévale de nouveau dans le vallon.
Les inondations et les coulées de boue ne sont pas une fatalité. Dans l'agriculture comme pour le reste de l'économie, la rentabilité est le critère qui commande. L'urbanisation obéit à cette même logique folle et criminelle. Ce développement anarchique se fait au mépris du sort des habitants, et en particulier de ceux qui disposent de moins de moyens.
Ces catastrophes ne sont pas naturelles, toute l'eau des pluies d'orages, qui ne sont pas exceptionnels dans cette région, peut être absorbée, des solutions existent. La lutte contre les inondations et l'érosion est une priorité des collectivités, qui devraient avoir les moyens réglementaires et matériels, et surtout la volonté d'imposer, sous le contrôle de la population concernée, toutes les mesures qui permettent de faire face, même aux conséquences d'une situation exceptionnelle.