Chine - L'accord avec l'Union Européenne : À petits bonds vers le marché mondial26/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1663.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine - L'accord avec l'Union Européenne : À petits bonds vers le marché mondial

Après de longues négociations, les représentants de l'Union Européenne et de la Chine ont fini par conclure un accord bilatéral, le 19 mai, dans le cadre de la préparation de l'adhésion de la Chine à l'OMC, l'Organisation Mondiale du Commerce. Cet accord, le 31e passé par la Chine avec un membre de l'OMC, fait surtout suite à celui conclu à l'automne dernier avec les USA. Et bien des multinationales espéraient-elles sans doute que ce nouvel accord marquerait des progrès notables dans le sens d'une plus grande ouverture du marché chinois en leur faveur, ouverture dont les États membres de l'OMC auraient bénéficié à partir du moment où la Chine en serait devenue membre. Mais elles ont dû être plutôt déçues, à en juger par les commentaires de la presse économique.

Sans doute le nouvel accord comporte-t-il un certain nombre de concessions qui vont un peu au-delà de celles faites dans l'accord passé avec les USA.

Bien sûr, il y a la longue liste habituelle de réductions de taxes à l'importation portant sur 130 produits, dont des machines-outils, cosmétiques, cuirs et chaussures, vins, alcools, produits laitiers et autres produits agricoles européens.

Mais les entreprises de la téléphonie mobile et d'assurances étrangères devront toujours opérer au travers de sociétés mixtes formées avec des entreprises chinoises, dont elles ne pourront détenir plus de 49 % du capital (50 % dans les assurances) comme le prévoyait déjà l'accord avec les USA. Seul petit avantage, elles pourront atteindre le niveau maximum de leur participation en trois ans au lieu de cinq et Pékin a par ailleurs consenti sept nouvelles licences dans le domaine de l'assurance.

De même, pour ce qui est de l'automobile, la Chine a refusé de réduire ses taxes d'importation mais a promis de laisser les constructeurs étrangers implantés en Chine construire les modèles de leur choix. Par ailleurs, la Chine s'est engagée à confier la commercialisation et le traitement de 20 % de ses importations de pétrole à des entreprises étrangères. Mais aucun calendrier n'a été fixé car cette mesure est subordonnée au démantèlement du monopole d'Etat des importations de pétrole.

Sans doute les plus satisfaites parmi les multinationales sont celles de la distribution, qui ont obtenu le droit de créer des filiales à 100 % pour les réseaux de centres commerciaux, sans restriction imposée à leur surface. Mais, comme le faisait remarquer un commentateur, encore faudra-t-il que les administrations locales leur accordent les permis de construire qu'elles demandent, ce qui n'est pas gagné d'avance.

Bref, de la part des dirigeants de Pékin, ce n'est pas le grand bond en avant dans le panier de crabes du marché mondial, mais plutôt un jeu diplomatique savant, fait de petits pas mesurés, destiné à leur permettre de garder un certain contrôle sur le déroulement des événements - et à s'assurer certains avantages.

C'est qu'à la différence de tant de pays pauvres ou semi-industrialisés, l'Etat chinois reste encore relativement indépendant de l'impérialisme, après les décennies d'isolement du marché mondial que celui-ci lui a imposé. Et il existe sans doute encore bien des résistances en son sein à ce qu'un certain nombre de capitalistes chinois (aspirants ou déjà établis) doivent voir comme une concurrence mal venue.

Les dirigeants chinois ont pris la décision, et ceci depuis plus de vingt ans déjà, de profiter du changement d'attitude de l'impérialisme pour réintégrer le giron du marché mondial. Mais, à cinquante ans de la révolution chinoise, les lointaines conséquences politiques de celle-ci leur donnent encore des moyens pour ne pas le faire à n'importe quel prix.

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