Liban : Le départ précipité d'Israël26/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1663.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Liban : Le départ précipité d'Israël

Il y a tout juste un an, le travailliste Ehoud Barak accédait au gouvernement succédant à l'ancien Premier ministre de droite Nétanyahou. On disait alors Barak sur les traces de Rabin, prêt à s'engager vers des concessions aux Palestiniens.

Un an après, c'est le Sud Liban que l'armée israélienne a dû quitter précipitamment, anticipant l'évacuation initialement prévue pour le 7 juillet.

C'est en 1978 que, pour la première fois, l'armée israélienne intervenait au Liban pour créer au sud du pays une zone dite de sécurité de 850 km2, destinée à protéger le nord d'Israël. Israël occupa donc le terrain et enrôla des mercenaires libanais qui formèrent l'Armée du Liban Sud (l'ALS). Payée, contrôlée, armée par Israël, l'ALS forte d'environ 2 600 hommes, fit régner son ordre, sa terreur sur ce tout petit territoire. Rapportant les méthodes de l'ALS, la presse a récemment rapporté l'information suivante : l'ALS a contrôlé une prison où ont été entassés 116 prisonniers pour la plupart adversaires de l'occupation israélienne et dont aucun n'a eu droit à un procès. Certains détenus ont été incarcérés pendant 15 ans dans cette prison où la violence et la torture étaient monnaie courante.

Composée en quelque sorte de harkis libanais, l'ALS voit aujourd'hui son rôle se terminer, depuis que le gouvernement israélien a décidé de se retirer du Liban. Une poignée de mercenaires de l'ALS ont d'ores et déjà émigré en Israël, d'autres désertent et fraternisent sur le tard avec les populations qu'ils étaient censés encadrer et contrôler, ou avec des miliciens du Hezbollah. Pour l'ALS, c'est la fin. Supplétifs de l'armée israélienne, ces mercenaires, comme bien d'autres mercenaires d'ailleurs, seront tout simplement rejetés et méprisés par leur ancien donneur d'ordre, comme des individus devenus inutiles et encombrants

Mais avec le retrait de l'armée israélienne du Liban, prend définitivement fin aussi l'aventure expansionniste israélienne dans ce pays ; une aventure qui a échoué depuis longtemps déjà et dont nous assistons aux derniers soubresauts.

En juin 1982, ce fut le déclenchement de la guerre du Liban, une véritable campagne de conquête qui amena l'armée israélienne jusqu'à Beyrouth. Le Liban fut systématiquement bombardé et pilonné. Le nombre de morts, jamais vraiment connu, fut estimé à vingt ou trente mille. Un des objectifs immédiats de la guerre était de chasser les Palestiniens de l'OLP de leur quartier général de Beyrouth. Cet objectif fut atteint car il correspondait aussi aux souhaits des dirigeants libanais, syriens et américains. En revanche, la tentative d'Israël de mettre en place à Beyrouth un pouvoir politique qui lui soit lié échoua, puisqu'il apparut assez vite que les dirigeants impérialistes ne tenaient pas à se laisser entraîner dans les aventures guerrières d'Israël.

Enfin, en Israël même, l'expédition du Liban entraîna une vague de manifestations sans précédent contre la guerre, notamment après les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila en septembre 1982, opérés par des milices de la droite libanaise, avec la complicité de l'armée israélienne occupant la partie de Beyrouth où étaient situés ces camps.

Finalement, l'armée israélienne dut se retirer du Liban et gagner la zone sud qu'elle contrôlait toujours. Mais les Libanais n'en avaient pas pour autant fini avec les bombardements périodiques des villes et des villages au motif de s'en prendre aux miliciens du Hezbollah.

Aujourd'hui, Israël a décidé de se retirer complètement de ce bourbier, de plus en plus insupportable aux yeux d'une majorité d'Israéliens, et où plus de mille de ses soldats sont morts en 22 ans. Comme toujours en pareil cas, l'armée israélienne laisse derrière elle une situation dramatique, des villages détruits, des haines exacerbées à son encontre, tout comme d'ailleurs dans les territoires palestiniens où en ce moment aussi la haine explose contre la politique d'Israël. Sous prétexte d'assurer la sécurité de sa population, la politique des dirigeants d'Israël n'aboutit qu'à l'entourer d'ennemis.

Alors aujourd'hui, pour empêcher Israël de se retrouver face à face sur sa frontière nord avec les miliciens du Hezbollah, voilà qu'on évoque la possibilité qu'une force internationale s'interpose, et l'on parle de la France, ancienne puissance colonisatrice du Liban et qui n'en serait pas à sa première intervention dans le pays.

Ordre a donc été donné aux militaires et aux diplomates français d'étudier la faisabilité de l'envoi d'une force internationale commandée par la France. Va-t-on voir les militaires français prendre le relais d'Israël, et déployer sous l'étiquette de l'ONU, une sorte d'ALS bis ?

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