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Leur société
PCF : Comment faire pour "ne pas accepter l'inacceptable" ?
Samedi 21 avril, dans son discours à la fin de la manifestation de Calais en soutien aux travailleurs de LU-Danone, Robert Hue s'est une nouvelle fois adressé au gouvernement : "Il faut une attitude plus claire, plus résolue, plus combative du gouvernement de la gauche plurielle... On ne peut pas se contenter de mesures mi-chèvre, mi-chou... se contenter de renchérir les licenciements. N'est-ce pas au fond accorder aux patrons un droit de licencier ?... Il est nécessaire et possible d'interdire les licenciements collectifs dans les entreprises qui réalisent des profits substantiels ou distribuent de juteux dividendes".
Autant de fortes paroles qui n'ont pu que rencontrer l'assentiment de tous ceux qui manifestaient ce jour-là, même si les choses devenaient quelque peu moins radicales, lorsque Robert Hue précisait comment il entendait cette interdiction des licenciements"Décider que, désormais, les plans sociaux seront suspendus le temps que s'engage avec tous les partenaires con cernés l'étude de toutes les solutions susceptibles de préserver l'activité et l'emploi".
"Suspendre" le temps d'une négociation ne veut pas dire "interdire", il y a même loin de l'un à l'autre. Mais après tout, ce serait déjà ça ! Ceux qui étaient à Calais, et bien d'autres sans doute, sont prêts à se mobiliser dans la rue à nouveau. Mais ce que n'a pas dit Robert Hue, c'est ce que députés et ministres communistes comptaient faire pour appuyer ce mouvement. Comment comptent-ils, eux qui font partie de la majorité plurielle ou du gouvernement, "refuser l'inacceptable", pour reprendre la formule du maire communiste de Calais ? Ont-ils l'intention de présenter un projet de loi sur l'interdiction des licenciements ? Vont-ils dire que, si d'une manière ou d'une autre une telle loi n'est pas déposée, votée et mise en application, ils cesseront de se considérer comme faisant partie de cette "majorité plurielle" incapable de s'opposer au patronat, avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir, y compris pour le gouvernement ?
Après tout, il n'y aurait rien là que de très naturel, à un moment où des dizaines de milliers de travailleurs, eux, sont en passe de perdre leur emploi. Et ce serait par ailleurs le seul moyen de pression dont puisse disposer le PCF à l'intérieur même de cette majorité plurielle, puisque ses dirigeants pensent qu'une telle pression est possible.
Mais une telle attitude, Robert Hue n'en a pas soufflé mot à Calais. Régulièrement, et encore tout dernièrement en tirant le bilan des municipales, la direction du PCF ne cesse de répéter que rien ne fera sortir celui-ci de ce gouvernement, de cette majorité parlementaire, que les communistes y sont bien, et pour longtemps. Cela permet d'ailleurs à Jospin de traiter le PCF en quantité négligeable, auquel on permet de pousser son cri, mais dont on se garde surtout de prendre les propositions au sérieux. L'affaire de la loi sur le contrôle des fonds publics, dont Robert Hue avait fait son cheval de bataille et dont les députés communistes se sont aperçus que les décrets d'application n'étaient même pas encore sortis, le montre bien !
Alors, si députés et ministres communistes continuent à "accepter l'inacceptable", cela ne pourra empêcher ceux qu'indignent ces licenciements de se mobiliser dans la rue. Mais cela ne pourra que rendre encore plus inconfortable la situation des militants communistes dans les entreprises et les quartiers. Tous ceux qui, au sein du Parti Communiste et dans son milieu, ressentent et comprennent la nécessité d'une riposte du monde du travail, ne peuvent qu'être choqués par cette attitude consistant, tout en appelant de temps en temps à manifester contre les licenciements, à continuer d'affirmer sa solidarité avec le gouvernement et à y conserver ses ministres.