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- Lutte ouvrière n°1715
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Leur société
L'ordre Elf Afrique
Pour piller en toute tranquillité les richesses du sous-sol africain, la multinationale Elf - aujourd'hui Total FinaElf - n'a pas hésité à faire la politique du pire. Pourvu que l'ordre règne, que le pétrole coule à flots et que l'argent gonfle les coffres du groupe pétrolier.
Il ne s'est pas contenté d'arroser tel ou tel parti politique, d'acheter tel ou tel politicien, de corrompre tel ou tel dictateur -toutes activités de routine du trust-, il a jeté de l'huile sur le feu de guerres civiles qui ravageaient certains Etats pétroliers d'Afrique équatoriale, quand il ne les a pas directement impulsées. S'appuyant sur une nébuleuse d'hommes de main, de faux baroudeurs et de vrais assassins, de militaires à la retraite ou en exercice, entretenant de multiples réseaux politico-mafieux, Elf n'a pas hésité à contribuer à la destitution d'un chef d'Etat élu qui menait une politique pétrolière contraire à ses intérêts, à entretenir une guerre civile meurtrière, armant et finançant l'un des belligérants, le hissant au pouvoir.
C'est très exactement le scénario qui s'est déroulé au Congo-Brazzaville étranglé par la politique pétrolière de la France à la fin des années quatre-vingt-dix. Le président élu Pascal Lissouba, se retrouvait avec une dette de plusieurs millions de dollars tout en devant remettre en route les infrastructures déliquescentes du pays, décida d'ouvrir le marché pétrolier congolais aux multinationales américaines,notamment la société OXY qui n'avait pas d'intérêts au Congo.
Etat dans l'Etat, Elf fit tout pour empêcher ce marché de lui échapper. Très vite la situation se dégrada, ce fut le début d'une période de troubles et de violences. Elf joua la carte de Sassou Nguesso -qui avait déjà été au pouvoir jusqu'en 1991- et qui présentait toutes les garanties pour l'impérialisme français. Ce dernier fit en sorte que l'Angola voisin, où Elf avait également des intérêts, lui apporte son soutien. Au prix d'une guerre civile particulièrement meurtrière, qui fit plusieurs dizaines de milliers de morts - la capitale Brazzaville fut détruite en grande partie - Sassou Nguesso s'installa à la tête d'un pays ravagé où plus rien ne fonctionnait... sauf les puits de pétrole, et instaura une dictature féroce sur le pays. Cela grâce au financement d'Elf et à l'aide militaire de l'impérialisme français qui lui procura munitions et armes, directement ou par réseaux parallèles interposés.
Chaque nouvel épisode de l'affaire Elf permet donc de lever un coin du voile sur les magouilles et les coups tordus du groupe pétrolier en Afrique. Au fur et à mesure, on apprend qui fabriquait les armes, qui les vendait, qui "gérait" et "entretenait" les guerres civiles pour mieux continuer l'oeuvre de pillage entreprise depuis plusieurs décennies. Aujourd'hui, bien qu'il soit politiquement responsable des massacres perpétrés au Congo -Brazzaville par ses troupes, Sassou Nguesso est un dictateur "ami de la France". Tandis que les grandes entreprises, de Vivendi à Bouygues, se précipitent à ses rendez-vous à l'hôtel Crillon, à Paris, pour décrocher les marchés et reconstruire le pays.
Alors, si l'argent du pétrole a une odeur, c'est celle du sang des peuples.