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- Lutte ouvrière n°1716
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Leur société
Une expulsion scandaleuse... et combien d'autres qui le sont tout autant
Une Algérienne a été expulsée vers son pays à trois jours de son mariage avec un Français. Son délit : être arrivée en avril 1999 avec un visa de touriste en France, et y être restée. C'est, disent les autorités, grâce à la publication des bans qu'elles ont retrouvé sa trace. D'où l'arrêté de reconduite en Algérie pris par le préfet, interpellation, garde à vue suivie d'une rétention administrative et finalement expulsion.
Ces faits sont scandaleux et, à juste titre, ont scandalisé les grands médias, qui en ont fait état. Ils illustrent une situation qui est celle de milliers de femmes et d'hommes. Les étrangers (excepté bien sûr des riches capitalistes et quelques anciens dictateurs) sont considérés comme des fraudeurs en puissance, auxquels s'appliquent des règles spéciales : la police et l'administration peuvent disposer d'eux. Les discours sur la présomption d'innocence ne s'appliquent pas, dans ce cas-là.
Dans les mesures ignominieuses, qui autorisent la chasse aux étrangers, plus particulièrement à ceux qui fuient la misère ou les exactions de leur gouvernement, ou même les affrontements entre cliques, il serait vain de savoir ce qui appartient à tel ou tel ministre. Ainsi, l'actuel Premier flic de France, Vaillant, continue la politique de Chevènement dont la loi de 1998 s'est inscrite dans la continuité des lois Pasqua de 1986 et 1993. Elle visait même à renforcer l'efficacité de la reconduite à la frontière des sans-papiers. La loi Chevènement prétendait alléger les contrôles sur les mariages entre Français et étrangers. On voit ce qu il en est.
Si aujourd hui les expulsions se réalisent généralement de façon plus discrète qu'à l'époque où les gouvernements se vantaient des charters, l'expulsion de cette jeune femme algérienne rappelle que la police et les préfets font respecter sans pitié la loi, avec la bénédiction du gouvernement.