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- Lutte ouvrière n°1718
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Dans les entreprises
CHR Besançon : Pas question de se faire... rouler !
A l'hôpital Jean-Minjoz à Besançon, nous sommes dix-neuf dont trois en "Contrat Emploi Solidarité" (CES) à travailler au service des brancards. Depuis trois ans, nous avons une surveillante qui a décidé, dès son arrivée, de mettre au pas "une équipe difficile". Et pour mater "les fortes têtes" tout y est passé : casser les équipes, refuser systématiquement toutes les propositions et pousser certains d'entre nous à la dépression. Tout cela a bien entendu des répercussions sur l'organisation du travail, et les malades sont les premiers pénalisés car bien souvent ils doivent attendre plus d'une heure dans les couloirs avant de remonter dans leur chambre.
Alors, comme tout a une fin, le 23 mai nous sommes réunis avec des délégués FO et CGT pour voter la grève à l'unanimité à partir du 31 mai. Nous avons décidé de dire non à ce harcèlement continu et avons revendiqué de pouvoir organiser nous-mêmes notre travail, de ne plus devoir obligatoirement aller à l'école d'aides-soignants, ainsi que l'embauche de deux brancardiers supplémentaires.
Lors de la première entrevue avec la direction, cette dernière a très rapidement cédé sur les problèmes concernant l'école d'aides-soignants. Quant à nous, pendant les cinq jours du préavis de grève, nous avons fait le tour des services pour expliquer à nos collègues pourquoi nous allions arrêter le travail à partir du 31 mai. Dans les unités de soin, devant le self, tout comme à l'embauche du personnel à 6 heures, nous n'avons rencontré que solidarité et sympathie. Il faut dire que cette surveillante ainsi que la désorganisation de notre travail sont bien connus de tous.
Le 31 mai au matin, nous nous sommes installés dans le hall de l'hôpital pour informer les visiteurs et les patients qui se sont également montrés très compréhensifs, d'autant plus remarqués qu'il s'agissait de la journée sans tabac et que les allées et venues étaient encore plus importantes qu'à l'accoutumée. Les surveillants, eux, se sont réunis en collectif pour protester contre la remise en cause de l'autorité de l'une des leurs, mais ça ne nous a pas impressionnés.
Mardi 5 juin, lors d'une nouvelle réunion avec la direction, cette dernière est intervenue pour nous dire que vraiment ce n'était pas bien de ne pas être gentils avec notre surveillante, qu'il fallait dialoguer... Quant à la cadre, un sanglot dans la voix, elle nous a déclaré que nous l'avions salie, qu'elle voulait des excuses et même que nous avions eu sa peau... Bref, elle nous a même déclaré qu'elle ne voulait plus d'une pareille équipe : c'est déjà une victoire, mais la direction ne nous a pas fait de proposition nette sur une nouvelle organisation du travail ni sur le renforcement en effectif du service.
Après six jours de grève pendant lesquels nous avons nous-mêmes organisé le service minimum et où tous les jours nous nous sommes retrouvés à une quinzaine pour voter la poursuite de la grève pour le lendemain, nous avons suspendu le mouvement.
Notre moral est au beau fixe et si la direction ne nous donne pas de réponse satisfaisante, nous sommes prêts à recommencer.