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- Lutte ouvrière n°1724
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VDM - Lucé (Eure-et-Loir) : Contre les licenciements
VDM est une société spécialisée dans l'enregistrement de cassettes vidéo VHS. Elle a été créée en 1977 et s'est étendue dans les années 1990, passant d'une activité technique (montage vidéo) à une activité englobant la quasi-totalité du processus d'enregistrement (du montage vidéo à la copie de cassette VHS) et de distribution en quantité variable aux revendeurs et loueurs (de un à plusieurs milliers de cassettes par envoi). Ses activités se font sur trois sites, à Courbevoie, Chartres et Lucé (banlieue chartraine), avec au total 300 personnes (150 à Courbevoie, 40 à Chartres et 110 à Lucé).
L'entreprise connaît depuis deux ans des pertes financières importantes dues, d'après le direction générale, à une baisse d'activité ainsi qu'à la concurence du DVD, qui représente à l'heure actuelle plus de 50 % des ventes de vidéos enregistrées. Mais cette "baisse" de l'activité est peu ressentie au niveau de la production, puisque nous sommes passés de 20 millions de cassettes produites en 1999 à 22 millions en 2000.
Si on ne peut nier une baisse de la valeur de la cassette vidéo, les motifs réels de ces licenciements sont tout autres que ceux qui nous sont présentés. En effet, durant les dix dernières années, la société a accumulé les investissements hasardeux, lui faisant perdre plusieurs centaines de millions de francs (90 millions rien que les deux dernières années). Ce secteur est aussi actuellement le théâtre d'une guerre sauvage entre capitalistes : un concurrent néerlandais, Technicolor, est ainsi à l'origine d'une baisse artificielle des prix de vente pour faire couler les autres dupliqueurs et tenter d'obtenir ainsi le monopole du marché.
Mais ce contexte "difficile" n'a pas empêché d'entrée en 1998, dans le capital de VDM, du fonds de pension britannique PRICOA (il s'agit d'une filiale de la compagnie d'assurances américaine Prudential, qui gère 3 milliards de dollars de placements dans le monde) qui a "négocié" un taux de rémunération des obligations qu'il a souscrites à 8 %. Que la société fasse ou non des bénéfices, il est donc assuré de toucher plusieurs millions de francs !
Mais lorsque la situation se dégrade, c'est aux salariés qu'on demande de faire des sacrifices. Sur les deux années passées, nous avons déjà connu près de 40 licenciements sur les sites de Courbevoie et de Lucé. Et aujourd'hui, on nous annonce un plan social touchant 31 personnes sur le site de Lucé et 9 personnes sur le site de Courbevoie, même si la direction a "oublié" d'intégrer ces 9 personnes dans le plan social, leur proposant un licenciement économique simple, sans aucune des mesures d'accompagnement que contient le plan social qui est pourtant bien léger !
C'est pourquoi nous avons organisé une première grève de deux jours début juillet, afin de montrer à la direction notre détermination : elle a été suivie par plus de 80 % des salariés. Nous avons aussi entamé une procédure judiciaire en vue de casser le "plan social" proposé, afin de gagner du temps (les premières lettres de licenciement auraient dû arriver au milieu de la période de congés) et d'obtenir une vraie indemnité de départ et pas seulement les 2 ou 3 % d'indemnité légale. Nous voulons aussi tenter de faire pression sur l'État, actionnaire dans la société par la Caisse des Dépôts et Consignations à hauteur de 36 %, afin qu'il réagisse et participe au sauvetage de l'entreprise et des emplois. Car, au-delà du "plan social" actuel, on peut craindre pour les emplois restants, la direction ne semblant pas vouloir sauver le secteur duplication de Lucé, ce qui se traduisait, à très court terme, par le licenciement des 80 salariés restant sur ce site et par la fermeture de celui-ci.
Pour l'instant, même si nous ne nous faisons pas d'illusions quant à l'avenir, nous restons attentifs à l'évolution de la situation et nous tenons prêts à réagir à nouveau, car la colère est présente. Colère attisée par le manque de scrupules dont à fait preuve la direction en annonçant son projet à la veille des congés, en montrant le peu de cas qu'elle fait de la situation des personnes licenciées précédemment et en annonçant que de nouveaux contrats pourraient être signés dès la rentrée pour le site de Chartres, et aboutir à la réembauche du personnel licencié !