- Accueil
- Lutte ouvrière n°1731
- La fête de L'Humanité : Une fête réussie mais une politique qui l'est moins
Leur société
La fête de L'Humanité : Une fête réussie mais une politique qui l'est moins
La fête de L'Humanité a été, cette année encore, fidèle à sa réputation. Celle d'un important rassemblement populaire. Plus réussi que les années passées ? Les dirigeants du PCF le disent. Le fait est qu'il y avait du monde.
Dans son discours, Patrick Le Hyaric, directeur de L'Humanité, qui avait été choisi pour prononcer la traditionnelle intervention politique du dimanche, a longuement condamné les attentats de New York et de Washington, demandant à l'assistance "un instant de recueillement", ce qui a provoqué quelques manifestions de désapprobation, sans doute en réaction aux propos de Robert Hue, deux jours auparavant (voir ci-contre). Mais, et c'est choquant, à aucun moment, il n'a osé mettre en cause la politique de l'impérialisme ni de l'impérialisme américain ni, encore moins, celle des autres impérialismes, à commencer par l'impérialisme français. Il s'est bien gardé de prononcer le mot. Seule réserve affichée, une mise en garde contre les appels "à l'union sacrée derrière les aventures guerrières que déciderait le président Bush." Comme s'il n'y avait pas déjà eu de telles "aventures guerrières", dans un passé récent, qui ont impliqué les grandes puissances impérialistes, dont les gouvernements français, dirigés à chaque fois par des socialistes : par Rocard lors de la guerre du Golfe en 1991, et plus proche de nous, par Jospin, lors de l'intervention au Kosovo. La moindre des choses eut été d'évoquer ces précédents, de façon à se prononcer par avance, nettement, contre une réédition, prévisible, d'une telle coalition des grandes puissances. Se borner à réclamer, comme l'a fait Robert Hue, que la France - la France de Jospin-Chirac ! - demande "que soit saisi le Conseil de sécurité de l'ONU... car toute réaction ne peut intervenir que dans le respect et la lettre de la charte des Nations-Unies", c'est s'abriter derrière de faux-semblants qui ne peuvent rien changer aux choix de Bush ni à ceux de Blair, Schröder ou Jospin.
Même tonalité, bien tempérée, lorsque Le Hyaric a abordé les problèmes de politique intérieure. Il s'est contenté de répéter ce que la direction du PCF réaffirme depuis des mois, l'habituel argumentaire d'équilibriste, qui consiste à déclarer que le bilan du gouvernement Jospin, aiguillonné, cela va sans dire, par les ministres communistes serait positif, en comparaison de ce qu'a fait ou fera la droite si elle revenait aux affaires. Comme si cela suffisait pour donner quitus à ce gouvernement. D'ailleurs les dirigeants du PCF ne l'ignorent pas, puisqu'ils s'empressent d'ajouter, et Le Hyaric l'a une nouvelle fois répété, que si le gouvernement n'infléchit pas le cap à gauche d'ici les élections prochaines, il les perdra, et la gauche plurielle avec. Cette contradiction est en même temps un aveu. Encore faudrait-il donner la recette, et expliquer comment ce que ce gouvernement n'a pas fait depuis 1997, - il serait plus juste de compter depuis vingt ans, depuis 1981, c'est-à-dire depuis l'élection de Mitterrand, période qui a connu neuf gouvernements dirigés par des socialistes dont deux avec la participation de ministres du PCF - oui, par quel miracle ce qui n'a pas été fait durant cette longue période pourrait se réaliser dans les six mois qui viennent ?
Les dirigeants du PCF n'ont rien à proposer de neuf, sinon de continuer à s'accrocher à la remorque de Jospin et du PS. Avec le piètre résultat qu'on a pu constater.
Ces dirigeants se réjouissaient des résultats de leur fête, mais les militants et les sympathisants réunis ce jour-là avaient moins de raisons, eux, de se réjouir du bilan de la politique de leur direction, et des perspectives qu'elle continue à leur proposer.