Les dernières annonces des plans de reprise déposés au tribunal de Nanterre ont fait froid dans le dos pour les sites Moulinex du département du Calvados. Par exemple le plan de Seb ne prévoit aucune reprise de ces sites, et les autres plans laissent tous sur la sellette le site de Cormelles, près de Caen, où 1 100 ouvriers fabriquent essentiellement des fours micro-ondes. Quant au dernier en date, un plan de financiers canadiens qui promettent de reprendre tous les sites et les emplois, personne ne sait si c'est vraiment sérieux.

Mais sans attendre, la mobilisation s'était organisée. Depuis le 24 septembre, un noyau actif se retrouvait à l'usine tous les matins, pour empêcher une partie des cadres, qui eux ne sont pas au chômage technique, de rentrer travailler dans les bureaux, et pour partir de là vers différentes actions.

Dans les deux semaines, les occasions n'ont pas manqué : actions dans les centres commerciaux ou dans des péages autoroutiers, où la solidarité de la population de l'agglomération se manifestait largement ; manifestations au Musée Mémorial de la Paix pour perturber une réunion de patrons ; manifestations à des Conseils municipaux des communes voisines.

Si ce noyau regroupe, suivant les jours, jusqu'à 100 travailleurs les plus décidés, c'est bien plus de monde qui se retrouve lors des "temps forts" : il y a eu la manifestation départementale du 29 septembre, où 2000 personnes ont défilé dans Caen. Bernard Thibault avait fait le déplacement pour manifester après avoir visité l'usine, dont les chaînes de montages sont très récentes - elles n'ont pas trois ans -, ce qui souligne encore plus l'absurdité des plans de liquidation des patrons.

Enfin, pour la manifestation du vendredi 5 octobre à Paris, l'intersyndicale a annoncé 44 cars sur la France, tant Moulinex que Brandt. Tout le monde était content de s'y retrouver nombreux, et aussi conscient que le gouvernement ne fait rien de sérieux, puisqu'il refuse de prendre aucun engagement. Bref, les actions vont continuer, car rien n'est réglé.