Bata-Moussey (Moselle) : Après le dépôt de bilan le groupe Bata fait le mort...19/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1735.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bata-Moussey (Moselle) : Après le dépôt de bilan le groupe Bata fait le mort...

Après le dépôt de bilan les travailleurs de Bata restent mobilisés. A l'appel de l'intersyndicale, le 28 septembre, à plus de 500, nous avons complètement bloqué les accès à la ville toute proche de Sarrebourg. Samedi 6 octobre, aux côtés de travailleurs de Flextronics dont l'usine ferme, et d'ouvriers de Trailor menacés de la suppression d'une soixantaine d'emplois, plusieurs dizaines d'entre nous ont manifesté à Lunéville tandis que d'autres bloquaient l'accès aux magasins Bata de Metz, Nancy et Strasbourg en faisant signer des pétitions de soutien au public nombreux et solidaire. Ce jour-là, les magasins Bata ont fait une recette nulle.

Mercredi 10 octobre, nous étions 300 à manifester à Metz lors de la réunion de la chambre commerciale du tribunal. Les avocats des syndicats y ont exigé qu'un expert financier soit nommé pour démêler l'écheveau des sociétés Bata en France. En effet Bata a saucissonné ses activités mettant de côté les activités très rentables que sont le réseau de magasins et l'usine de Neuvic en Dordogne qui travaille pour l'administration. Les avocats de l'intersyndicale voudraient obtenir du tribunal la reconnaissance que la séparation des activités de Bata en diverses filiales est purement artificielle et que le groupe Bata est en fait fort rentable.

D'ailleurs, si la direction justifie la fermeture de l'usine d'Hellocourt située à Moussey en Moselle par un déficit cumulé de 250 millions de francs, le groupe Bata a provisionné l'an dernier 250 millions pour fermer l'usine !

Personne sur le carreau

Les avocats de l'intersyndicale revendiquent également qu'un deuxième administrateur judiciaire soit nommé, car celui qui officie aujourd'hui est tout dévoué aux intérêts de la famille Bata. Il s'est d'ailleurs fait copieusement conspuer par les manifestants devant le palais de justice. Enfin, ils exigent que Bata tienne les promesses faites lors du dépôt de bilan il y a trois mois. En effet, depuis juillet, depuis que Bata a obtenu la fin de la grève, la levée du blocage de l'usine et que le dépôt de bilan est effectif, le groupe fait le mort que ce soit pour trouver des repreneurs pour l'usine, des reconversions ou un avenir aux 875 travailleurs.

La réponse du tribunal sera donnée le 17 octobre et c'est le 19 novembre prochain que les deux projets concurrents de reprise seront examinés par le tribunal de commerce. Mais outre qu'ils ne prévoient de maintenir, au mieux, que 350 emplois sur 875, ils n'inspirent pas confiance et pour cause : l'un des repreneurs n'est autre que le fossoyeur d'une usine appartenant au groupe de chaussures Bailly dans le Rhône.

Le gouvernement aide Bata à partir sans payer

Quant au gouvernement, il laisse faire et aide même la famille Bata à se dégager de ses responsabilités de la même manière qu'il a aidé le baron Seillières à se dégager d'AOM-Air Liberté. Pendant la grève de juin dernier, le ministre Pierret avait déclaré avec force à l'Assemblée nationale, devant les caméras de télévision, que les agissements de Bata étaient "inacceptables". Mais rien n'a été fait pour faire pression sur le groupe, ne serait-ce que pour exiger qu'il restitue les 120 millions de francs d'aides publiques de toutes sortes dont il a bénéficié lors des 5 dernières années. Des millions qui seraient plus utiles dans la poche des salariés.

La seule chose "concrète" est la promesse de la nomination d'un "Monsieur Bata" dont le rôle sera de noyer le poisson et de faire oublier que Monsieur Bata existe déjà. Thomas Bata et sa famille pourront rester bien tranquilles dans leur tour d'ivoire à Toronto, d'où ils dirigent le premier groupe mondial de l'industrie de la chaussure.

L'exaspération se développe chez une partie du personnel. Bata a su nous exploiter pendant des dizaines d'années ; alors il n'est pas question de les laisser nous mettre à la porte comme ça. Nous voulons des garanties réelles et de l'argent. Car pour l'instant, la seule perspective pour 500 d'entre nous et peut-être pour tous, c'est de nous retrouver à l'ANPE avec le minimum : moins de 45 000 francs d'indemnités pour 30 ans d'ancienneté.

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