L'Etat fédéral américain vient de décider de nationaliser, au moins pour deux ans, le service des contrôles des passagers et des bagages dans les aéroports.

C'est que la sécurité aéroportuaire, jusqu'alors confiée à des entreprises privées, laisse plus qu'à désirer. Et il n'est plus possible de feindre de l'ignorer après ce qu'ont révélé les attentats du 11 septembre à New York et Washington quant au laisser-aller des contrôles à l'embarquement des passagers.

Même après les attentats, cela ne s'est pas arrangé. Récemment, un homme transportant des couteaux a pu franchir sans encombre un portique de détection de l'aéroport de Chicago. Quant à la plus importante société privée de sécurité aéroportuaire, elle a écopé d'un million de dollars d'amendes pour "négligences".

En fait, ces sociétés privées emploient du personnel non qualifié, sous-payé et soumis aux conditions de travail qui sont la norme dans le secteur des petits boulots de sous-traitance. Les autorités américaines ne trouvent, en général, rien à redire à de telles conditions d'exploitation, elles qui ne manquent pas une occasion de présenter la "libre entreprise" comme le remède à tous les problèmes.

Que ces sociétés privées de sécurité agissent comme toutes les autres de leur genre, qu'elles s'intéressent d'abord à l'argent qu'elles retirent des contrats qu'elles décrochent et remplissent leur mission à moindre coût, c'est la règle du jeu du "marché". Sauf qu'en matière de sécurité aéroportuaire, cela peut avoir des conséquences dramatiques à grande échelle. Il aura fallu six mille morts pour que les dirigeants du pays se rappellent que, eux aussi, sont amenés à prendre l'avion...