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Dans le monde
Argentine : Une crise catastrophique pour la population
Le gouvernement argentin a eu la mauvaise surprise d'apprendre que le FMI ne débloquerait pas l'aide financière sur laquelle comptait le ministre de l'Economie, Domingo Cavallo. Il a tout de même réussi à réunir les fonds nécessaires pour franchir l'échéance. Mais l'économie argentine reste au bord du gouffre.
C'est que du côté des grandes puissances impérialistes, on reproche aux dirigeants argentins de ne pas prendre toutes les mesures d'austérité nécessaires. En clair : les dirigeants argentins ne serrent pas assez la vis à la population. Le gouvernement a pourtant décidé de restreindre les retraits bancaires. Comme le réclame le FMI, il est pour que le peso reste arrimé au dollar, mais en même temps, il a laissé, faute de pouvoir l'empêcher, des gouverneurs de province (en majorité du parti péroniste et donc peu disposés à partager les difficultés du gouvernement actuel) émettre des bons, les patacones, qui font office de monnaie dans plus de la moitié des provinces, ce qui revient en fait à une dévaluation déguisée.
Que le gouvernement argentin maintienne ses orientations actuelles ou qu'il opte finalement pour la dévaluation, c'est de toute façon aux classes populaires qu'on entend faire payer le prix de l'austérité. Et c'est bien pourquoi, le 12 et le 13 décembre, il y a eu beaucoup de monde pour répondre favorablement aux différentes manifestations à l'appel des centrales syndicales, les deux CGT et la CTA, des organisations de chômeurs, mais aussi d'organisations de commerçants.
Les différents organisateurs étaient plutôt satisfaits de la participation à ces journées. Le gouvernement a admis une participation de... 60 % ! Dans différentes villes, il y a eu des tentatives de pillages de supermarchés (notamment chez Carrefour, très implanté en Argentine) par les plus démunis, des mouvements de colère et de désespoir comme on en avait déjà vu en 1989. Mais, dans certaines provinces, les autorités ont pris l'initiative de distribution de nourriture aux plus pauvres.
Car, si les dirigeants argentins et ceux qui, parmi les banquiers impérialistes, discutent savamment pour savoir s'il faut maintenir le cap financier actuel ou changer de tactique, la situation s'est encore dégradée pour les classes pauvres au cours de ces derniers mois. La chute de la production industrielle continue, le taux de chômage officiel dépasse les 18 %, plus de 30 % des Argentins sont dans une situation extrêmement précaire. Une revendication grandit parmi les plus démunis, celle d'un équivalent des assurances chômage qui n'existent quasiment pas. Mais les travailleurs argentins, qu'ils aient encore un emploi ou qu'ils l'aient perdu, ne peuvent espérer obtenir quelque amélioration qu'en comptant seulement sur leur détermination.
Les travailleurs ne peuvent pas compter sur ceux qui, à la direction des centrales syndicales, prétendent parler en leur nom, ni la CTA qui prétend aménager, sans sortir du système, le sort des chômeurs, ni la CGT dite "rebelle" qui plaide pour la dévaluation, ni la CGT "officielle" qui rêve d'un simple retour des péronistes aux affaires. Toutes "propositions" qui ont en commun d'éviter de s'en prendre aux responsables de la crise actuelle, les possédants.