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Leur société
Le MEDEF et l'élection présidentielle "Monsieur le baron est servi"
En janvier, sous le nom de Pour une France qui gagne (tout un programme, s'agissant de celui du patronat), le Medef avait publié ses " propositions " pour la période à venir, marquée par les élections, présidentielle puis législatives. Seillière, le président du Medef, vient de commenter les programmes des candidats à l'Elysée. À l'entendre, et ce ne n'est pas vraiment une surprise, le programme de la plupart d'entre eux reprend celui du Medef, ou peu s'en faut. Et Seillière s'est réjoui d'avoir tout particulièrement eu l'oreille aussi bien des lieutenants de Chirac (Sarkozy et Juppé) que de ceux de Jospin (Strauss-Kahn et Fabius).
Le quotidien Le Monde titrait d'ailleurs, il y a quelques jours, sur six colonnes : " Entre Chirac et Jospin, les marchés n'affichent plus leur préférence ". Les milieux d'affaires, boursiers et patronaux auraient en effet bien du mal à choisir entre ces deux candidats dont les programmes se situent ouvertement dans le camp du grand patronat.
Passant en revue devant la presse les programmes des uns et des autres, le baron Seillière a commencé par se féliciter de n'avoir pas relevé beaucoup de ce qu'il qualifie d'" absurdités ", telle la proposition de doubler le Smic. Porte-parole du patronat et héritier de la richissime famille de Wendel, il ne peut que trouver absurde... de devoir vivre avec si peu.
Pour le reste, tout le reste, le Medef aurait vraiment tort de cacher sa satisfaction.
Son numéro 2, Denis Kessler, a constaté qu'" une grande partie des priorités mises en avant par le Medef figurent dans les programmes de nombreux candidats ". Et de citer l'" allégement des prélèvements obligatoires " et des charges patronales ; la " réforme des retraites ", c'est-à-dire la diminution des pensions du régime général et l'introduction de la " retraite par capitalisation ", bref, des fonds de pension ; l'" harmonisation des régimes de retraite, public et privé " - en clair, l'allongement de la durée de cotisation pour les travailleurs du secteur public ; l'idée de l'assouplissement de la loi sur les 35 heures qui " progresse à droite comme à gauche "...
Devant un tel consensus chez la plupart des candidats, le Medef peut se dire " non partisan " et annoncer qu'il ne donnera ni consigne de vote, ni label. " Nous pouvons travailler avec n'importe quel gouvernement réformiste de droite ou de gauche ", a précisé Seillière... si quelqu'un en doutait encore.
Car enfin, du plan Juppé appliqué par Jospin, comme d'ailleurs les " réformes " Balladur allongeant la durée de cotisation pour les retraités du privé, en passant par le fait que l'actuel gouvernement, pas plus que les précédents, n'a levé le petit doigt devant les plans de licenciements patronaux, sans oublier la flexibilité accrue de la main-d'oeuvre offerte par ce gouvernement aux entreprises sous prétexte de passage aux 35 heures ou encore un flot continu de cadeaux fiscaux et de subventions sous Jospin comme sous Juppé, Seillière et le patronat ont été bien servis.
Et ils ne doutent pas un instant qu'ils continueront à l'être, que ce soit Chirac ou Jospin qui l'emporte au soir du second tour.