" Trente milliards d'impôts en moins " pour Chirac, " Zéro SDF en 2007 " pour Jospin : les slogans de campagne des deux candidats ont le mérite d'être clairs, voire même simplistes, et surtout menteurs.

Passons sur le fait que, pour la majorité de la population, les baisses d'impôts annoncées par Chirac n'apparaissaient pas crédibles, ou que le " Zéro SDF " était une ancienne promesse non réalisée que Jospin avait ressortie du placard. Mais les partisans des deux candidats ont cru nécessaire d'apporter des aménagements à ces promesses, juste après qu'elles eurent été faites, tant eux-mêmes n'y croyaient pas.

Ainsi, si certains chiraquiens ont avancé l'idée que dix milliards de baisse d'impôts iraient aux entreprises, d'autres en revanche disent qu'il faut attendre de voir " ce que feront d'autres pays européens " . Mais quel rapport avec l'Europe ? Aucun, si ce n'est que cela permet de rester dans le flou. Mêmes cafouillages à propos de la baisse de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ou du non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite (puisqu'il faut bien financer ces baisses d'impôts).

Du côté du Parti Socialiste, les promesses de Jospin n'apparaissent pas plus crédibles et le programme de 48 pages est plutôt indigeste et pas facile à distribuer. Aussi la Fédération de Paris l'a-t-elle réduit à une dizaine de points, où le " Zéro SDF d'ici à 2007 " disparaît derrière l'idée de " couverture logement universelle " , une idée de Marie-Noëlle Lienemann visant surtout à garantir les loyers auprès des propriétaires privés. Quant à la promesse de créer une Agence européenne de l'environnement, elle a carrément été gommée... vu que cet organisme existe déjà depuis une bonne dizaine d'années !

Voici donc ceux qui se présentent, et que la presse et tout le petit monde politicien présentent comme les seuls candidats crédibles et sérieux. Des hommes qui font des effets d'annonce en disant n'importe quoi et qui croient tellement peu eux-mêmes à ce qu'ils promettent qu'ils s'emmêlent joyeusement les pédales, faisant la preuve, à leur corps défendant, que c'est effectivement n'importe quoi.

Car de programme pour mettre fin, ou du moins tenter de résorber le chômage et la misère croissante, ils n'en ont pas. L'un comme l'autre entendent continuer à défendre les intérêts des possédants en s'en prenant au niveau de vie des travailleurs, mais cela, ils ne peuvent pas l'avouer trop ouvertement... encore que cela se voit pas mal !