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Leur société
Mont-blanc : Gayssot dans le tunnel
Ouvrira, ouvrira pas aux poids lourds, et quand ? Le tunnel du Mont-Blanc est toujours interdit pour le moment aux camions. Il a d'abord été question de l'entrouvrir seulement pour le passage des 19 tonnes maximum (à peine 5 % du trafic des poids lourds), puis même cette décision a été reportée, au motif d'une mésentente avec les autorités italiennes.
Il est maintenant question d'un nouvel échelonnement, mais plus personne n'est sûr de rien. En attendant les riverains de la vallée de Chamonix réaffirment leur hostilité au passage des gros camions, indépendamment des garanties de sécurité du tunnel refait. Ils ne veulent plus de bruit, de pollution, de trafic insensé, un point c'est tout. Les automobiles et les petits camions d'accord (il faut bien laisser venir et ravitailler les touristes !) mais rien au-delà.
Quant aux riverains de la vallée de la Maurienne, la vallée qui, un peu plus au sud, mène au tunnel du Fréjus, ils en ont plus qu'assez du surcroît de trafic, et ont manifesté pour que ceux de Chamonix reprennent leur part des gros poids lourds.
De leur côté, les représentants patronaux du transport routier protestent, les autorités et le patronat italiens également, réclamant la réouverture sans restriction du tunnel. Coincé entre toutes ces exigences contradictoires, il semble que le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot ait décidé de faire du surplace, en attendant le passage des élections, présidentielle d'abord, et peut-être même législatives : on parle d'une réouverture totale du tunnel du Mont-Blanc au mois de juin.
Cette impasse, ou cet embouteillage, comme on voudra, est le résultat de dizaines d'années de politique du " tout camion " sacrifiant le transport ferroviaire, ce qui pose un gros problème sur l'ensemble du réseau routier du pays, et qui devient franchement dément lorsqu'il s'agit de franchir les Alpes.
Depuis fort longtemps on parle du " ferroutage " , qui consiste à charger les camions, ou seulement leurs remorques, sur des wagons. Cela se pratique en Suisse, c'est donc parfaitement possible.
Evidemment il faut mettre des tunnels ferroviaires au gabarit, et aménager des gares avec des quais de chargement et déchargement spéciaux, mais c'est tout de même moins fou que de faire franchir les Alpes par route à des dizaines de milliers de camions.
Mais depuis qu'on en parle, et notamment depuis que les transports sont gouvernés par un ministre du PCF, on n'a pas vu la moindre première pierre, le moindre coup de pioche annonçant la mise en place du ferroutage. Seulement des discours.
Le PCF est satisfait de ses ministres, qui pèsent, selon lui, dans le bon sens sur les décisions gouvernementales. Mais en ce qui concerne les transports, et en particulier le rapport rail-route, on ne voit pas ce que Gayssot a fait de positif durant son mandat. Il s'est même surtout montré attentif aux exigences du patronat, celui du transport routier ou d'ailleurs.
Gayssot prétend rouler à gauche, mais pour le moment il semble surtout conduire beaucoup de monde dans le mur.