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Dans les entreprises
RVI : L'intérim, une bonne affaire pour la direction
Depuis des années, plusieurs centaines d'intérimaires travaillent en permanence chez Renault Véhicules Industriels (RVI) à Vénissieux, en banlieue lyonnaise.
Les 20 et 21 janvier derniers, à la demande de militants de la CGT, l'inspectrice du travail est donc venue contrôler leurs contrats pour vérifier la justification de ce recours à un nombre important d'intérimaires. Cette vérification a été effectuée sur plusieurs centaines d'intérimaires qui ont travaillé en 2001 à l'Usine Moteurs, le secteur le plus important. Mais la situation est la même dans les autres bâtiments de Vénissieux, à la PR, à l'Emboutissage ou à la Fonderie.
Depuis le début de l'année 1998, il y a eu en moyenne 320 intérimaires présents, dont 175 pour l'Usine Moteurs, alors que l'usine de Vénissieux compte 1400 ouvriers. Leur nombre, sur cette période, n'est jamais descendu au-dessous de 149 et il est monté jusqu'à 688. Depuis le début de l'année 2002, en deux mois et demi, ce sont encore 207 intérimaires qui sont venus travailler ici. Et c'est la même situation dans tout le groupe RVI, à l'Usine Ponts à Saint-Priest, à Bourg, à Limoges ou à Blainville.
L'inspectrice a relevé de nombreuses infractions. L'immense majorité des contrats est justifiée par un très vague " surcroît temporaire d'activité " qui dure depuis des années. La définition des postes de travail est imprécise, avec des indications comme " usinage de pièces de moteurs " qui peuvent concerner des dizaines de postes différents. RVI ne respecte pas le délai de carence, c'est-à-dire l'obligation de ne pas faire travailler un nouvel intérimaire avant qu'une période correspondant au tiers de la mission du précédent se soit écoulée. Des intérimaires étaient encore présents dans l'entreprise alors que leur contrat de mise à disposition était terminé. Certains ont huit ou neuf avenants à leur contrat de travail. Enfin, l'inspection du travail a constaté la discrimination salariale envers le personnel féminin.
L'inspectrice avait demandé à la direction de se mettre en conformité avec la loi dans un délai de un mois, c'est-à-dire avant le 20 mars. Dans sa réponse, la direction a pris l'engagement de réaliser une dizaine d'embauches d'ici fin avril. C'est un premier recul mais c'est loin d'être suffisant, puisque le rapport relevait des irrégularités dans l'emploi de plus de 200 intérimaires.
La direction se sert des intérimaires pour pouvoir, du jour au lendemain, diminuer les effectifs et augmenter la productivité. Et ce sont les intérimaires qui sont les premières victimes d'accidents du travail. Ainsi, en août 2000, un jeune intérimaire était victime d'un accident sur un chariot, à la suite duquel il a eu une jambe amputée. Les salariés du secteur se sont mobilisés pour obtenir son embauche ; la direction fait traîner, car en fait elle ne veut pas l'embaucher et l'a fait comprendre.
Pourtant, il n'y a pas si longtemps, elle s'était vantée dans la presse d'avoir une politique exemplaire en faveur des handicapés. Il y a loin des paroles à la réalité...