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Allemagne : Un accord qui n'égratigne même pas les profits patronaux
En Allemagne, comme cela était hautement prévisible, les dirigeants de l'IG Metall, le syndicat de la métallurgie, ont mis fin le 15 mai, à la grève engagée pour une augmentation des salaires dans ce secteur (voir LO n° 1 764). Un accord a été signé le jour même de la reprise des négociations avec le patronat, qui avaient été interrompues le 19 avril. II porte sur une augmentation des salaires de 4 % à partir du 1er juin 2002, et de 3,1 % à partir de juin 2003.
Cet accord devrait être validé par un vote des adhérents prévu les 21 et 22 mai.
Car les dirigeants syndicaux mettent désormais tout le poids de leur appareil pour obtenir une majorité. Et même si un certain nombre de travailleurs espéraient obtenir plus, ils ne voient pas comment continuer la grève avec une direction qui l'a arrêtée avant même de l'avoir réellement lancée. Valable pour l'Etat du Bade-Wurtemberg l'accord salarial servira comme d'habitude de référence et sera, peu ou prou, étendu aux autres régions du pays.
Ainsi, au terme d'un processus de plus de six mois, qui a vu l'IG Metall entamer de longues négociations avec le patronat, faire semblant de taper du poing sur la table en mettant en avant la revendication de 6,5 % (sur un an), organiser d'abord des débrayages « d'avertissement», puis des grèves tournantes, la direction syndicale a fini par signer un accord au niveau exact (4 %)... que toute la presse allemande présentait depuis des semaines comme celui qu'elle était prête à accepter.
Aujourd'hui les dirigeants de l'IG Metall affichent leur satisfaction. Berthold Huber, qui a mené les négociations pour le syndicat, a déclaré « Notre grève civilisée a montré son efficacité ». Cela dépend du point de vue où l'on se place. Pour les travailleurs de la métallurgie, auxquels on a fait jouer le rôle de figurants dans cette mise en scène pour obtenir... seulement 0,7 % de plus que ce qui a été obtenu par le syndicat de la chimie quelques semaines auparavant, sans même la menace d'une grève, on peut parler d'un véritable leurre.
Du point de vue du patronat, en revanche, qui parle déjà de procéder à une nouvelle vague de « rationalisation », pour récupérer ce qu'il a été obligé de « céder », l'efficacité est nettement plus évidente. Car il a obtenu, en contrepartie d'un rattrapage salarial minime, la paix sociale pour 22 mois, avec la garantie que les dirigeants syndicaux se chargeront de la faire respecter. Ainsi qu'une clause qui permettra aux entreprises en « difficulté » de ne même pas appliquer l'accord !