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Leur société
Les usagers du réseau Nord face à la SNCF
A deux reprises, samedi 25 mai et encore le 1er juin, plus de 150 usagers de la SNCF de l'Oise se sont réunis à Chevrières, petite commune du département à mi-chemin entre Creil et Compiègne, pour faire connaître leur mécontentement suite aux suppressions d'arrêts, de trains et aux modifications d'horaires que la SNCF veut imposer à partir du 16 juin.
Les usagers qui ont été les premiers à réagir, à s'organiser spontanément et à faire entendre leur hostilité à ces modifications présentées par la SNCF, ont été ceux de la ligne Creil-Compiègne, et surtout ceux habitant les petites villes et villages, qui sont les principaux touchés sur cette ligne par les suppressions et modifications d'horaires. Un comité de défense des usagers s'est constitué, qui a distribué plusieurs milliers de tracts.
Il faut dire que bien des salariés qui se sont installés là l'ont fait en tenant compte des possibilités existantes de transport que leur offrait alors la SNCF. Maintenant ils se trouvent piégés quand cette dernière supprime le seul train qui leur permettait de se rendre dans des conditions à peu près normales à leur travail. Mais d'autres usagers de l'Oise, à Noyon, sur la ligne Creil-Paris, ou bien de la ligne Creil-Beauvais, se sont fédérés autour du noyau initial. Car, sur toutes ces lignes, des suppressions d'arrêts, voire de trains ont été prévues, ce qui obligerait les usagers à venir une heure avant pour certains, quand ils ne voient pas les correspondances existantes supprimées. Tout cela rendrait la vie impossible à des centaines de salariés et à leurs enfants scolarisés, victimes eux aussi de ces suppressions.
Le paradoxe est que la SNCF fait tout cela au nom du " développement du trafic ". En fait, elle voudrait contraindre les usagers à se rendre dans quelques gares principales, comme Creil et Compiègne, en y augmentant un peu la fréquence des trains, mais en laissant à l'abandon le reste du réseau, qu'elle juge moins rentable, et qui est pourtant la base de ce que doit être le service public de transport ferré.
La SNCF invoque aussi l'embouteillage réel des trains en gare de Paris-Nord. Mais, en application d'ailleurs des politiques gouvernementales, elle a refusé depuis des années d'investir à la hauteur des besoins du transport voyageurs des salariés. Les seuls investissements majeurs sur les voies ont touché le TGV. Et les usagers ont également dénoncé le fait que le développement du fret SNCF se faisait maintenant au détriment des trains de voyageurs, ceux-ci se considérant " plus mal traités que du bétail ".
Tout cela se fait au moment même où la régionalisation de la SNCF doit devenir opérationnelle avec la prise en charge par les régions du réseau TER, qui a pour but de désengager l'Etat du maigre financement qu'il effectuait dans ce domaine, et aussi à terme de préparer la privatisation éventuelle de tout ou partie de la SNCF.
Les malheureux usagers, eux, y perdent leur latin car, s'adressant à la région Picardie, ils apprennent que les trains en question, étant sur le tracé des grandes lignes, dépendent des seules décisions de la SNCF, même si la région doit engager pour les années à venir des sommes considérables, ne serait-ce que pour l'achat de matériel. Cette régionalisation apparaît ainsi pour ce qu'elle est : une duperie et un outil contre les usagers et la population !
En attendant, les usagers de Noyon ont bloqué un train en gare pour se faire entendre, et les usagers présents à Chevrières les deux samedis ont dit haut et fort aux représentants de la SNCF présents, dont le directeur voyageurs de Paris-Nord, ce qu'ils pensaient de ces méthodes. Ils exigent un moratoire maintenant les anciens horaires tant que les discussions n'auront pas abouti. Les responsables SNCF à la réunion du 1er juin sont venus avec quelques aménagements, la remise en place de quelques trains et arrêts, proposant aussi des ramassages en car ou en taxi, sur la seule ligne Creil-Compiègne, mais rien pour les autres. Quant au moratoire, la SNCF s'y refuse, voulant mettre tout le monde devant le fait accompli le 16 juin.
Les usagers avaient invité des élus pour les soutenir, la CGT cheminots également. Fait notable, ni la représentante du PS, ni le député de droite présent n'ont voulu appuyer la demande de moratoire, soutenu en revanche par le représentant de Lutte Ouvrière.
Les usagers vont devoir compter sur leur propre action pour faire reculer la SNCF, qui n'agit là qu'en tant que représentante des gouvernements successifs, de gauche comme de droite, qui détournent l'argent public qui devrait servir au développement des services à la population, pour pouvoir arroser de subventions le grand patronat.
Pour appuyer ses revendications le collectif des usagers vient de décider d'organiser un rassemblement à la gare du Nord à Paris, le jeudi 13 juin à partir de 17 heures.