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- Lutte ouvrière n°1773
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Îlot Leïla (Maroc) : La liberté des colonisateurs réaffirmée par la force
Quelques gendarmes marocains s'étaient installés cette semaine, avec une tente sur une île déserte, que l'Espagne dit sienne. Du coup, cette dernière a d'abord envoyé patrouiller deux bateaux de guerre. Puis encouragé par le soutien inconditionnel de la Commission Européenne, le gouvernement espagnol a envoyé ses soldats chasser manu militari les 13 marocains présents sur l'îlot.
Il faut se rappeller que l'Espagne a longtemps imposé sa domination coloniale sur une partie du Maroc. Comme la France, elle n'a abandonné qu'en 1956 l'essentiel de ses possessions. Les dirigeants espagnols ont cependant gardé quelques enclaves, Ceuta et Melilla, villes de 60 000 habitants chacune, et aussi une série de petites îles dont Leïla.
L'îlot Leïla (îlot du Persil pour les Espagnols) est un bout de rocher de 300 mètres sur 400 mètres où les Espagnols n'ont rien à faire, tout comme dans les autres enclaves en terre marocaine d'ailleurs. Le gouvernement espagnol connaît bien ce problème, lui qui conteste à la Grande-Bretagne sa " possession " de Gibraltar.
La Commission Européenne, quant à elle, a tenu à défendre " avec force " la liberté de s'approprier la terre des autres, même sur un seul rocher. Elle a parlé sans rire de " violation de l'intégrité du territoire espagnol ". Cette solidarité avec l'ancienne puissance coloniale s'explique entre autres par le fait que d'autres pays européens, la Grande-Bretagne comme la France, possèdent encore, bien indûment, des petits territoires en Afrique ou ailleurs, des " confettis d'Empire ", auxquels, malgré l'anachronisme de cette situation, ils n'entendent pas renoncer. Et plus généralement, toutes ces puissances entendent réaffirmer l'intangibilité des frontières qu'elles ont elles-mêmes créées et qu'il ne convient pas à leurs yeux de modifier.