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- Lutte ouvrière n°1775
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Courrier des lecteurs
A Roubaix, pour certains policiers, les Arabes sont forcément coupables
Je vous écris pour dire ma colère contre le comportement de la police de Roubaix, qui se croit tout permis, et du magasin Leclerc de Wattrelos, dans le Nord, qui a fait appel à elle.
Je suis maghrébine, mariée à un homme d'origine européenne et j'ai trois enfants.
Le vendredi 28 juin, j'allais faire des courses au Leclerc qui se trouve à 200 mètres de chez moi.
Ce jour-là, je me retrouve à la caisse avec ma fille de 6 mois que je nourris au sein, et ma mère. Je paye avec un billet de 50 euros. La caissière appelle alors un agent de sécurité, qui me dit :
«C'est un faux billet, suivez-moi, c'est une formalité». Arrivée dans le bureau avec ma mère et ma petite fille dans les bras, ils m'expliquent que ce n'est pas grave, que je suis une victime, mais qu'ils doivent appeler la police. Un quart d'heure plus tard deux policiers débarquent et me disent que je dois aller faire une déposition au poste de police.
Il est aux alentours de midi. Je signale que je dois bientôt donner la tétée à ma fille et je demande si je peux l'emmener. Les policiers disent que c'est l'histoire d'une demi-heure. Du coup, ma mère prend la petite.
Je pars donc, entourée de deux policiers comme une criminelle, sous le regard de tous mes voisins. C'est pour moi une terrible humiliation, alors que je n'ai rien fait.
Arrivée au commissariat central de Roubaix, le ton change. Une femme policier me saisit brutalement par le bras et me pousse dans une cellule à la porte blindée. Elle me fait une fouille au corps, me demande de retirer mes lacets de souliers et me dépouille de mon soutien-gorge. Je suis bel et bien en garde à vue, au trou ! Je suis tellement émue que je me sens mal et demande d'aller aux toilettes. La flic me montre les tinettes à la turque de la cellule et me déclare : «Ici, on n'est pas dans un hôtel quatre étoiles !»
A 14 h, un inspecteur vient me chercher et m'interroge. Je lui explique que j'ai eu ce billet dans une pompe à essence en Belgique et que je ne comprends rien à ce qui m'arrive. Se rendant sans doute compte qu'il y a maldonne, il déclare à ses chefs : «Je ne la garde pas».
Je suis donc libérée ! L'inspecteur téléphone chez moi.
Ma belle-mère, qui est d'origine européenne, arrive et discute avec le policier à l'accueil et lui demande si la procédure aurait été la même si ç'avait été elle qui avait eu ce faux billet. Le policier, l'air gêné, n'a pas répondu. Elle a conclu : «Donc c'est un délit de faciès ? Quand on a une tête d'Arabe, on doit rester enfermé chez soi ?»
J'ai décidé de porter plainte, me suis mise en contact avec un avocat contre cet acte de discrimination raciale, qui fait que la police embarque une mère de trois enfants, dont un bébé en bas âge, simplement parce qu'elle est Arabe.