La rentrée de Raffarin : Mettre en échec les projets antiouvriers du gouvernement30/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1778.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La rentrée de Raffarin : Mettre en échec les projets antiouvriers du gouvernement

" Il va de soi aujourd'hui, compte tenu de la situation de l'emploi, que le dossier des charges sociales me paraît prioritaire ", a déclaré Raffarin, lundi 26 août.

Tandis que son ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, François Fillon, commence une série de rencontres avec les syndicats de salariés et patronaux, Raffarin annonce la couleur : la priorité des priorités pour son gouvernement est d'alléger encore et à nouveau les charges sociales patronales. Cela, bien sûr, sous prétexte de lutter pour l'emploi. Ces mesures s'inscrivent dans la droite ligne du gouvernement Jospin, avec l'efficacité sur le chômage qu'on a pu vérifier.

On connaît le raisonnement : pour créer des emplois, il faut que ces emplois coûtent le moins cher possible et, comme on ne peut pas ouvertement baisser les salaires, il ne reste qu'à baisser les charges. Tant pis pour la Sécurité sociale, les hôpitaux et les retraites.

Il s'agit de tenir les promesses faites au patronat par Chirac lors de sa campagne électorale d'avril : à savoir, une baisse de 7 milliards d'euros des impôts des entreprises et de 6 milliards d'euros de leurs charges sociales en cinq ans. Autant commencer tout de suite ! Quant aux 15 milliards de diminution de l'impôt sur le revenu prévue dans le même délai, on sait que la diminution sera infiniment plus favorable aux riches contribuables qu'aux plus pauvres.

Mais il n'y a pas que dans le domaine des charges sociales et de l'impôt sur les sociétés que Jean-Pierre Raffarin, François Fillon et Francis Mer, ministre de l'Économie, mitonnent un plat allégé pour les patrons et salé pour les travailleurs. La loi Aubry sur les 35 heures devrait être revue et corrigée de façon à satisfaire la volonté des entreprises d'un assouplissement du régime des heures supplémentaires. Le nombre d'heures supplémentaires autorisées est aujourd'hui légalement plafonné à 130 heures par an. L'organisation patronale présidée par le baron Seillière, le Medef, réclame que ce plafond soit au moins porté à 200 heures annuelles par salarié.

Quant au Smic, le gouvernement parle bien de mettre fin à l'existence des six Smic mensuels différents, depuis le passage aux 35 heures, avec un écart de plus de 11 % entre le plus bas Smic et le moins bas. Il parle même de les ajuster progressivement sur le plus haut... encore que le Medef réclame que cela se fasse - si cela se fait - en cinq ans. Et comme l'on sait combien les gouvernants sont aux petits soins avec les patrons, cette harmonisation des Smic a tout du bluff. Et ce ne sont pas trois ans pour harmoniser les Smic, comme le réclament les syndicats ouvriers, qui seraient nécessaires. Mais l'harmonisation immédiate et surtout le relèvement très important de ces salaires de misère que sont les Smic.

Evidemment, il ne faut pas compter sur le gouvernement pour réaliser un pas sérieux en ce sens. Au contraire ! La baisse des charges sociales s'appliquerait sur tous les salaires compris entre 1 et 1,7 fois le Smic, ce qui incite le patronat à n'embaucher que des salariés payés au minimum.

Pour boucler le tout, les patrons réclament du gouvernement de plus grandes facilités pour licencier alors que les annonces de suppressions d'emplois et de licenciements se multiplient.

Face à ces mesures, parmi d'autres qui ont tout autant un caractère antiouvrier, le défilé des syndicats ouvriers dans les bureaux du ministère des Affaires sociales sera loin de suffire à mettre en échec l'offensive du gouvernement. Il faudrait au moins que les dirigeants des grandes organisations syndicales aient la volonté d'organiser une riposte des travailleurs à la mesure de l'attaque.

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