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Dans les entreprises
EDF (La Réunion) : Grève contre la privatisation
Devançant la grève nationale du 3 octobre, la CGT réunionnaise et FO ont appelé à cesser le travail mercredi 18 septembre, afin de dénoncer le projet de privatisation d'EDF du gouvernement Chirac-Raffarin. Cette date avait été initialement choisie parce que Raffarin avait annoncé sa venue dans l'île, qu'il a finalement annulée. Mais la ministre des DOM, Girardin, étant en déplacement à la Réunion ce jour-là, l'appel a été maintenu.
Dans les trois quotidiens réunionnais, CGTR et FO ont publié une " lettre à la population " expliquant les raisons du mouvement. Ils ont rappelé quelle était la situation avant la nationalisation de la production électrique, avant 1975. Jusqu'à cette date, plus de la moitié de la population était privée d'électricité, s'éclairant à la bougie ou à la lampe à pétrole. Une vingtaine d'années plus tard, quasiment tous les foyers réunionnais étaient connectés au réseau EDF. Alors qu'avant 1975 le prix du courant était prohibitif, après la nationalisation et l'application du principe de péréquation tarifaire, celui-ci a baissé en s'alignant sur les prix pratiqués en France.
Seulement, à la fin des années 1980, s'est posée la nécessité de construire de nouvelles usines électriques. Prétextant un niveau élevé du prix de revient du kilowatt/heure produit dans les usines EDF, la direction d'EDF a mené alors toute une campagne expliquant que le privé produirait moins cher et de façon " plus écologique ", puisque utilisant pour un tiers les rejets de la canne et pour les deux-tiers restants le charbon.
Aujourd'hui deux centrales privées, Le Gol et Bois-Rouge, produisent entre 40 et 50 % de l'électricité à la Réunion. Mais les 85 salariés qui y travaillent ne bénéficient pas du statut EDF. Depuis un an ils ont cependant organisé plusieurs débrayages, en liaison avec leurs camarades de l'usine du Moule en Guadeloupe, pour faire valoir leur revendication. Les jours précédant le 18 septembre, ils avaient clairement dit qu'ils étaient excédés des promesses non tenues par le gouvernement, qu'ils s'apprêtaient donc à faire grève et à couper l'électricité. En effet leurs patrons, les sucriers, les Charbonnages de France et... EDF qui possède 35 % du capital, ont fait le forcing pour leur faire signer une nouvelle convention collective (pas celle de l'EDF évidemment), avec promesses d'augmentations de salaires et primes à la clef.
Le 18 septembre, les travailleurs des deux centrales n'ont pas mis leurs menaces à exécution. Mais il y a tout de même eu ce jour-là un arrêt de travail avec manifestation. Une soixantaine de salariés du centre EDF-Réunion se sont retrouvés. Ils ont manifesté, scandant " Non à la privatisation, oui à la nationalisation ", " L'argent public pour le service public ", " Nationalisons Le Gol et Bois-Rouge " et aussi " EDF-Emplois jeunes, solidarité ", car plusieurs centaines d'entre eux manifestaient aussi pour obtenir le maintien de leurs emplois.
Reste maintenant à préparer et à réussir la journée du 3 octobre.