L'avenir ne serait pas rose. La croissance économique espérée ne serait pas au rendez-vous. Chirac et son fidèle Raffarin pour faire face à ce terne avenir préconisent la rigueur. La mode est aux économies pour tous les services et les entreprises publics... sauf pour les armées.

Le budget pour l'équipement des forces armées déjà prévu à la hausse par le précédent gouvernement doit être encore augmenté d'un milliard et demi d'euros, s'élevant de 13,34 milliards à 14,84 milliards pour l'année prochaine. Pour les six prochaines années, c'est la bagatelle de 88,87 milliards d'euros qui devraient s'envoler en missiles, labourer avec des chenilles de véhicules blindés le Causse du Larzac ou faire flotter sur tous les océans le drapeau bleu-blanc-rouge. Le nombre de casquettes ou de képis galonnés, contrairement au nombre d'enseignants, de postiers ou de cheminots, ne devrait pas diminuer. En 2006 c'est au bas mot 446 653 militaires de toutes armes, 10 000 de plus qu'actuellement, qui devraient assurer à la France son maintien dans le club des grandes puissances de second ordre.

L'état-major et le ministère de la Défense nationale se flattent de pouvoir parvenir à envisager l'engagement physique de 26 000 hommes sur plusieurs théâtres d'opération en même temps, ce chiffre pouvant même s'élever à 50 000 hommes pour des opérations menées dans le cadre de l'OTAN. Cela n'en laisse pas moins la France bien loin derrière les États-Unis qui, à eux seuls, peuvent aligner douze porte-avions face au seul Charles-de-Gaulle utilisable seulement à 60 % ! Neuf de ces porte-avions américains sont d'ailleurs deux fois plus gros que le fameux porte-avions français.

Ces dizaines de milliards détournés année après année d'investissements utiles à la population ne serviront à l'impérialisme français fort de ses missiles qu'à maintenir sa petite place sur les marchés du monde, à flatter la vanité et les ambitions individuelles de la caste des officiers réactionnaires fidèles à la bourgeoisie, mais surtout assurera sans risque de juteux profits aux industriels de l'armement qui ont réalisé un chiffre d'affaires de 13,2 milliards d'euros en 2001 et espèrent sans vergogne atteindre rapidement un chiffre d'affaires de 15 milliards.

Les profits de ces messieurs méritent bien, selon le tandem Chirac-Raffarin, le sacrifice de quelques classes d'école, de quelques lits d'hôpitaux et de bureaux de poste de village.