Les licenciements en masse continuent27/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1782.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les licenciements en masse continuent

" Nous vivons une situation très incertaine, une période de crise " a déclaré Jean-Pierre Raffarin, à propos de la révision à la baisse des chiffres de la croissance, ajoutant : " Nous y faisons face... Quant à la lutte pour l'emploi, elle est notre priorité ". Ces déclarations ne convaincront pas ceux qui se retrouvent dans une situation catastrophique parce qu'ils viennent d'être licenciés. Car, les licenciements continuent dans les grandes entreprises comme dans les plus petites, et touchent tous les secteurs de l'agroalimentaire, avec les suppressions d'emplois chez Nestlé ou chez Impérial Tobacco (800 emplois supprimés), en passant par l'automobile, la chimie, l'aéronautique ou les télécommunications. Dans l'automobile, Renault compte diminuer ses effectifs, français et étrangers. Dès la mi-octobre, il serait question de supprimer une équipe dans l'usine de Sandouville, ainsi que 900 postes d'intérimaires. Alcatel a annoncé un nouveau plan de 9 000 suppressions d'emplois. En juin dernier, le PDG de ce groupe, Tchuruk, avait annoncé la suppression de 10 000 postes. Entre fin 2000 et fin 2003, le groupe aura donc fondu de plus de la moitié du fait des licenciements, de départs dits volontaires (mais tout salarié connaît les pressions qui peuvent s'exercer pour faire accepter de partir " volontairement "), de départs à la retraite non remplacés. Mais il n'y a pas que les licenciements dans les grandes entreprises, il y a aussi ceux qui se font dans les plus petites. Il y a enfin tous les licenciements de précaires, intérimaires, CDD ou autre contrats.

Les raisons invoquées pour justifier ces licenciements sont toujours les mêmes : le " freinage " du marché, le chiffre d'affaires qui recule et donc la soi-disant nécessité de " réduire les coûts ". Comme le dit Tchuruk dans une interview au Monde du 22 septembre : " Au deuxième semestre , notre chiffre d'affaires devrait reculer de 10 % par rapport au premier (...) Mais nous avons les moyens de faire face, à condition de réajuster nos coûts. D'ici fin 2003 nous les (les coûts) aurons réduits de 30 % par rapport à mi-2002 ce qui se traduit malheureusement par des réductions d'emplois ".

Ce sont les salariés, et eux seuls, qui paient la note. Cela devrait pourtant être aux actionnaires de payer, et pas seulement sur leur fortune professionnelle, mais aussi sur leur fortune personnelle. Ils devraient payer, dans tous les cas, y compris quand l'entreprise déclare être en faillite. Tout d'abord, il est impossible pour des travailleurs de vérifier si cette faillite est réelle ou si elle est déguisée. Car les patrons sont protégés par la loi sur le secret des affaires. Les patrons mettent en avant dans ces cas-là, les dettes de l'entreprise, se gardant bien de préciser quels profits ils ont faits en exploitant le travail de leurs salariés dans le passé.

Le gouvernement Chirac-Raffarin contribuera à aggraver la situation de l'emploi puisque lui aussi compte supprimer des emplois. Il envisage de diminuer le nombre de fonctionnaires, en ne remplaçant pas tous les départs à la retraite, dans des secteurs comme l'Education nationale. Il envisage de diminuer de 260 000 à 75 000 le nombre d'entrées en contrats-emplois solidarité (CES) ou les contrats-emplois consolidés (CEC), en 2003. Les patrons, comme le pouvoir, font tout pour faire exploser la marmite. C'est ce qui pourrait arriver de mieux.

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