La Fonderie Aluminium de Cléon (la FAC) se trouve en plein milieu de l'usine Renault de Cléon, près de Rouen. Nous sommes 400 travailleurs pour fondre des pièces pour la production de boîtes de vitesse et des moteurs pour Ford, pour Volvo mais surtout pour... Renault. Nous faisions partie du groupe Renault mais, en 1998, Renault a vendu toutes ses fonderies au groupe Teksid (70 % Fiat et 30 % Renault). Or, cet été, c'est en rentrant de congé que nous avons eu la désagréable surprise d'apprendre que notre direction venait de signer un accord de cession de la division aluminium Teksid à la société Questor Management Company, un groupe financier américain, gérant un fonds de pension.

Toute la division aluminium de Teksid a été vendue au mois d'août. On soupçonnait tous qu'un plan couvait depuis des mois, mais ni Renault ni Teksid n'en parlaient. Ils ont attendu les vacances pour faire leur coup en douce, sans nous prévenir. Évidemment l'émotion puis la colère sont apparues dans les ateliers ! Car personne ne sait aujourd hui ce que nous deviendrons d'ici un an ou deux.

Alors, mercredi 4 septembre, nous nous sommes mis en grève à 90 %, à l'appel de la section syndicale CGT, pour obtenir des garanties sur l'avenir des emplois.

Nous sommes allés manifester dans les bâtiments de Renault en expliquant notre position aux travailleurs présents : " Notre direction peut vendre les murs et les machines si elle le veut, mais pas les travailleurs ". La manifestation s'est terminée devant les bureaux de la direction de Renault-Cléon. Celle-ci a refusé de recevoir une délégation car elle ne se sent pas du tout responsable de la vente de Teksid. De plus, elle a précisé qu'elle n'accepterait plus de manifestation sur le site : " Renault est une propriété privée, et vous n'êtes plus des Renault ! "

Mais pour nous, le vrai responsable de la situation, c'est évidemment Renault. Nous avons donc profité d'une " journée portes ouvertes " de l'établissement Renault-Cléon, le samedi 14 septembre, pour aller manifester dans l'usine et expliquer au personnel de Renault, à leurs familles et à leurs amis, que nous demandons la réintégration de tous les salariés chez Renault. Les cadres et le DRH qui nous promettaient monts et merveilles, il y a trois ans, ont tous quitté Teksid pour retourner chez Renault. Si la passerelle a existé pour eux, elle doit fonctionner aussi pour les salariés. Nous aussi, nous exigeons notre réintégration !

Nous n'avons aucunement l'intention de nous laisser faire et ces premières actions ne sont donc qu'un début.