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- Lutte ouvrière n°1782
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Leur société
Une justice moins pressée de juger que de libérer Papon
les défenseurs de Papon mettent en avant son âge et son état de santé, pour présenter comme inhumains son procès et sa détention. Mais si Papon a été envoyé en prison si tard, n'est-ce pas, entre autres, que son procès a été retardé pendant près de vingt ans ? Tout a été fait pour qu'il ne soit jamais jugé, et les relations, les amitiés dont il bénéficiait à droite, mais aussi de la part de Mitterrand, ancien fonctionnaire de Vichy, par exemple, ont contribué à la lenteur de la procédure.
La première plainte contre Papon pour " crimes contre l'humanité " est déposée en 1981. En 1983, il est officiellement inculpé de crimes contre l'humanité... mais encore loin de passer en justice. En 1987, la procédure d'instruction est annulée pour vice de forme. Il est à nouveau inculpé en 1988. Mais il faudra attendre août 1995 pour obtenir la fin de l'instruction ! Son procès ne commencera que le 8 octobre 1997. Il se constitue prisonnier la veille du procès et est remis en liberté trois jours plus tard... Le 2 avril 1998, il est condamné à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l'humanité et emprisonné le 22 octobre 1998. C'est donc 18 ans après l'ouverture de la procédure et 55 ans après les faits.
Enfin, quatre ans plus tard, Papon est remis en liberté.
Constatons que, si Papon a été condamné pour sa responsabilité dans la déportation des Juifs de Gironde, il n'a jamais été inculpé, ni du coup jugé, pour ses responsabilités dans la répression de la manifestation d'octobre 1961, ni dans celle, un an plus tard, de Charonne.
La justice est non seulement lente mais oublieuse. Les victimes, elles, ne souffrent pas de la même amnésie.