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Dans les entreprises
Alcatel-Ormes (Loiret) : Réactions aux menaces de licenciements
Mercredi 2 octobre à Alcatel Ormes, nous avons débrayé à plus de 200 et manifesté à l'entrée de l'usine (nous sommes 500 à travailler sur place) pour protester contre les 19 000 suppressions d'emplois engagées par la direction d'Alcatel.
L'inquiétude est profonde. Bien sûr les commandes sont en baisse, mais ce nouveau train de licenciements c'est surtout, a expliqué Tchuruk, le PDG, pour assurer des bénéfices en 2003. Car il faut bien sûr que les actionnaires touchent des bénéfices, même s'il faut pour cela envoyer des milliers de travailleurs au chômage et ruiner des régions entières !
Beaucoup de travailleurs avaient espéré au moins pouvoir attendre leurs 55 ans et profiter d un départ en pré-retraite. Non seulement ce genre de plan est remis en cause, mais il est même question que certaines activités, comme l'atelier de réparation d'Ormes qui regroupe 50 personnes, soient vendues avec les machines à un sous-traitant.
On a même découvert que le sous-traitant dont le nom revient le plus souvent pour cette reprise, n'est plus côté en bourse depuis le mois de juillet en raison de problèmes financiers. Ce qui ne fait que renforcer l'inquiétude.
Le débrayage a remonté le moral dans un centre où il y a déjà eu plusieurs plans de suppressions d'emplois, dont le dernier date de quatre ans.
Une bonne partie des travailleurs se demandait d'ailleurs pourquoi le mot d'ordre de grève initialement décidé par les organisations syndicales d'Alcatel pour le 3 octobre avait été précipitamment avancé au 2. Au moment où nous regardions avec sympathie les actions des salariés d EDF, de GDF et de France Télécom, la décision de nous faire manifester à part n'a pas été approuvée par tous, loin s'en faut.
Malgré ces handicaps, un nombre significatif de salariés d'Alcatel s'est mobilisé : 1 600 ont manifesté à Lannion, 400 à Nantes, 600 à Vélizy
Le PDG, de son côté, annonce qu'il faut aller vite pour supprimer les emplois et réclame que l'État lance un plan de sauvetage de la téléphonie, ce qui reviendrait à faire financer le seul fabricant français de matériel téléphonique avec l'argent public. Ce ne serait pas nouveau. Alcatel a toujours été financé par l État, indirectement par les organismes de recherche publics, et directement dans des opérations comme le minitel, sans parler des surfacturations à France Télécom (rappelons d ailleurs que France Télécom n'a jamais porté plainte contre Alcatel).
Pendant toutes ces années, ces subventions ont-elles permis d'éviter un seul licenciement ?
L'heure est plutôt venue de réclamer les subventions ainsi perçues et de les utiliser pour sauvegarder les emplois menacés, plutôt que de lui en octroyer de nouvelles. Sans compter qu'Alcatel a toujours servi des bénéfices à ses actionnaires. Il ne faudrait pas oublier ceux-là, et les faire payer eux-aussi.
Toutes les organisations syndicales sans exception réclament l'intervention de l'État français et du Parlement européen pour " impulser une politique de relance des investissements des opérateurs et soutenir l activité télécoms européenne ". Mais ce qu il faudrait d'abord et surtout imposer dans la situation actuelle, c'est l interdiction des licenciements. Une revendication qui correspond aujourd'hui aux intérêts de toute la classe ouvrière, car c'est en fait tous les travailleurs qui peuvent être menacés, comme les salariés d Alcatel, par des plans de licenciements.