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- Lutte ouvrière n°1784
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Dans les entreprises
CPCU (chauffage) : Nous qui sommes " privatisés "...
Du fait que cette entreprise, la CPCU (Compagnie parisienne de Chauffage urbain), est une ancienne filiale EDF (privatisée en 1992), l'ensemble des employés en ont jusque-là gardé le statut. Et dès qu'il se passe quelque chose à EDF, de ce point de vue, nous sommes tout de suite directement concernés.
Ce n'est pas la perspective de la privatisation (nous la subissons depuis dix ans déjà) mais l'attaque contre les retraites qui a créé l'émotion. On a vite compris que notre direction n'attendrait pas une seconde, prenant prétexte d'éventuels changements à EDF, pour tenter de nous les appliquer immédiatement. C'est pourquoi la mobilisation a été importante le 3 octobre. Il y a eu en moyenne 60 % de grévistes, mais surtout une centaine d'entre nous (sur moins de 500 à l'effectif) se sont retrouvés dès le matin tôt devant le siège, rue de Bercy, pour accompagner une délégation reçue par la direction, avant de rejoindre la manifestation des électriciens et gaziers. Nombreux étaient ceux qui participaient à leur première manif, en particulier les employés des bureaux et aussi les commerciaux qui avaient tombé la veste et enfilé jeans et baskets pour l'occasion. Des retraités étaient aussi au rendez-vous et créaient la surprise.
Dans toutes les têtes il y avait aussi le fait qu'après dix ans de régime privé nous pouvons servir de " laboratoire " et de témoins. Aujourd'hui sous la coupe d'une filiale du groupe Suez (ex-Lyonnaise) la recherche du profit maximum nous fait subir une politique à courte vue très inquiétante. L'entretien des centrales de production de vapeur ainsi que du réseau de transport et de distribution n'est plus assuré au niveau nécessaire, on colmate les brèches, on met des rustines. La révision des chaudières est passée de 12 à 18 mois. Le réseau est malade. De gros travaux seraient nécessaires et ne sont pas engagés. C'est dans ces conditions qu'un très grave accident s'est produit à la porte de Clignancourt le 15 novembre 2000, faisant quatre morts parmi les collègues ! D'autre part, les commerciaux racontent que des clients potentiels sont rejetés, car la direction ne souhaite pas investir dans un allongement du réseau. En bref, les conditions de travail et le service rendu se sont sacrément dégradés.
Nous travaillons avec des produits dangereux (combustibles et vapeur), mais on n'ose pas imaginer ce que cette attitude donnerait avec des centrales nucléaires !
C'est pourquoi nous avons envie de dire aux agents EDF, ainsi d'ailleurs qu'à tous les travailleurs : " Regardez comment cela se passe chez nous ! Alors refusons la privatisation ! "
Un travailleur de la CPCU (Paris)