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Parlement européen : La violation des droits ne les trouble pas
Les 30 septembre et 1er octobre derniers, la commission Emploi et Affaires sociales du Parlement européen examinait un projet d'avis portant sur " la situation des droits fondamentaux dans l'Union européenne ". Le député Vert autrichien J. Voggenhuber, auteur de ce rapport, tenait à attirer l'attention sur la tendance préoccupante à " prendre prétexte des attentats du 11 septembre 2001 pour justifier n'importe quelle atteinte aux droits fondamentaux ".
Nos camarades Arlette Laguiller et Chantal Cauquil, qui siègent dans cette commission, avaient déposé un amendement sur la situation des sans-papiers en Europe, proposant que le Parlement " condamne la situation qui est faite aux immigrés à qui on refuse des papiers leur permettant un séjour légal dans le pays où ils vivent et travaillent, parfois depuis longtemps, ce qui les condamne au travail au noir et les transforme en proies faciles pour les exploiteurs du travail humain ; invite la commission à demander aux États membres la régularisation de tous les sans-papiers, la reconnaissance de leur droit au travail et l'octroi des droits politiques et syndicaux accordés aux citoyens ".
Sur quarante députés présents, seuls les quatre députés présents du groupe de la Gauche unie européenne (GUE, le groupe qui réunit les différents PC d'Europe, des partis Verts du Nord de l'Europe et auquel sont rattachés les députés de LO et de la LCR), parmi lesquels nos deux camarades, et trois députés Verts, dont le rapporteur, ont voté pour cet amendement.
Les membres du groupe du Parti socialiste européen n'ont pas non plus voté notre amendement. Et pourtant la semaine dernière leur " collègue " Adeline Hazan (PS français) avait prétendu soutenir le mouvement des sans-papiers lorsqu'une délégation de la Coordination nationale et de celle de Seine-Saint-Denis était venue au Parlement européen !
La droite a voté contre notre amendement, bien entendu. Et de toute façon, bien qu'il ne s'agît que de donner un avis, elle est montée au créneau pour tenter de vider ce rapport de tout contenu. Elle a pu ainsi faire disparaître du rapport la dénonciation des mesures contre l'immigration au Danemark, les violences policières à Gênes en juillet 2001, la mainmise du chef du gouvernement italien sur les médias qui " met en péril la liberté d'opinion ", etc.
Dans la discussion, Arlette Laguiller a dénoncé l'hypocrisie des députés qui demandent aux pays candidats à l'entrée dans l'Union européenne de respecter les droits fondamentaux (droit d'asile, non-travail des enfants, respect des minorités ) mais qui s'opposent à la reconnaissance de ces mêmes droits aux travailleurs immigrés dits " non communautaires ", parmi les plus exploités en Europe. Hypocrisie encore de ces députés qui, sans vergogne, s'opposent à ce que l'on publie les infractions à ces droits commises par les gouvernements des quinze pays de l'Union européenne !