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Proche Orient : La politique de Sharon nourrit le terrorisme
Lundi 21 octobre, un nouvel attentat à la voiture piégée a fait au moins 14 morts dans le nord d'Israël. Le Jihad islamique, qui a revendiqué ce carnage, dit avoir voulu venger les victimes, essentiellement civiles, faites récemment par l'armée israélienne dans les camps de réfugiés de Khan Younès et de Rafah.
Cet attentat illustre une nouvelle fois l'impasse dans laquelle Sharon s'est enfermé - et a enfermé avec lui, l'ensemble de la population israélienne - avec sa politique répressive et meurtrière. Les exactions commises par l'armée israélienne et les colons, les humiliations quotidiennes imposées à la population palestinienne ne peuvent qu'alimenter en retour les groupes terroristes. Et ni le quadrillage des territoires par l'armée, ni la construction de gigantesques murs de béton, ni le déploiement de moyens de surveillance sophistiqués ne peuvent les empêcher d'agir.
Même lorsqu'il fait mine de vouloir s'opposer aux colons les plus extrémistes, qui multiplient les agressions et les provocations à l'égard des Palestiniens, le gouvernement Sharon ne peut qu'entretenir la colère de ces derniers. La tentative de démantèlement d'une implantation sauvage près de Naplouse en Cisjordanie, implantation d'ailleurs symbolique et pratiquement inhabitée, en a fourni une illustration. Les affrontements entre l'armée et les colons se sont soldés par une cinquantaine de blessés parmi les soldats, et les colons, soutenus par des extrémistes nationalistes et religieux, ont immédiatement reconstruit les installations que l'armée avait détruites. Il est vrai que dans ce cas l'armée israélienne, à la différence de la répression qu'elle exerce contre les populations palestiniennes, n'a à aucun moment fait usage de ses armes contre les manifestants.
En ordonnant ce démantèlement symbolique de quelques colonies implantées illégalement dans les Territoires palestiniens, le ministre de la Défense israélien, Ben Eliezer, poursuit surtout des fins politiques. Chef de file du Parti Travailliste, il aspire sans doute à redorer son image d'homme de gauche à la veille d'élections primaires où il est candidat. Quant à Sharon, cette initiative n'était pas forcément pour lui déplaire à l'heure où le gouvernement américain le presse de faire des gestes vis-à-vis des Palestiniens pour désamorcer le conflit ; en s'en prenant à quelques implantations inactives, il épargne toutes les autres.
En fait, les implantations dans les Territoires palestiniens n'ont jamais cessé de se multiplier depuis 1967 qu'Israël occupe ces Territoires. Rien que depuis 1996, une centaine d'implantations nouvelles ont vu le jour, le plus souvent avec l'aval du gouvernement israélien qui a multiplié les incitations et les aides à l'installation des colons, mais aussi parfois à l'initiative de groupes extrémistes qui ont mis devant le fait accompli un gouvernement israélien qui ne demandait qu'à se laisser faire. Cette passivité des autorités israéliennes ne pouvait d'ailleurs qu'inciter les extrémistes juifs à multiplier ces implantations " sauvages ", plus encore ces derniers temps, avec pour objectif d'annexer le maximum de territoires palestiniens et d'empêcher d'éventuelles négociations de paix.
Au total, 215 000 colons juifs se sont installés dans 145 colonies, disséminées en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, et parfois même en plein coeur des villes palestiniennes comme à Hébron. Non seulement ces colons ont exproprié les Palestiniens de leurs logements et de leurs terres, mais ces implantations, protégées par l'armée, sont autant de points d'appui à partir desquels ils peuvent mener des expéditions pour terroriser les Palestiniens, ravager leurs échoppes, massacrer leurs troupeaux, dévaster leurs plantations et finalement les contraindre à abandonner leurs quartiers ou leurs villages. Selon l'organisation israélienne des droits de l'homme, les colons ont ainsi pris le contrôle de près de 42 % du territoire de la Cisjordanie.
Ces exactions et ces spoliations expliquent que les colonies soient les premières cibles des groupes terroristes. Et il ne pourra y avoir de paix tant que les colons et l'armée n'auront pas évacué les terres volées aux Palestiniens.