- Accueil
- Lutte ouvrière n°1797
- Nouvelle mise en examen pour JC. Mitterrand : Les petits soucis de " Papamadit "
Leur société
Nouvelle mise en examen pour JC. Mitterrand : Les petits soucis de " Papamadit "
Le 23 décembre dernier, le juge chargé de l'instruction de l'affaire de trafic d'armes vers l'Angola a gratifié Jean-Christophe Mitterrand d'une nouvelle mise en examen. Cette fois, c'est un " recel d'abus de biens sociaux " qui vient charger un peu plus la barque déjà bien remplie du fils de l'ancien président, officiellement " conseiller aux Affaires africaines et malgaches " de 1986 à 1992. Celui qui était surnommé " Papamadit " est en effet déjà poursuivi pour différentes opérations illégales à propos d'un trafic d'armes avec l'Angola.
Ce sont de multiples voyages payés par le trafiquant Pierre Falcone, pour le coquet total de 45 000 euros, qui valent à Jean-Christophe Mitterrand cette accusation supplémentaire. C'est une péripétie nouvelle dans un long feuilleton judiciaire qui dure depuis quatre ans, mais qui a permis de lever un tout petit coin du voile qui recouvre les liens entre l'Afrique Noire, la classe politique française, le milieu des affaires et le milieu tout court.
Sont en effet impliqués dans la même affaire, outre Pierre Falcone, l'ex-ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, l'ex-préfet du Var et ex-membre des services secrets Jean-Charles Marchiani, l'ex-conseiller de François Mitterrand Jacques Attali, l'affairiste franco-russe Arcadi Gaïdamak, sans oublier Paul-Loup Sulitzer... La liste des bénéficiaires des mouvements de fonds en provenance des sociétés de Pierre Falcone est longue de plus de trois cents noms. C'est que l'argent coulait à flots, et il y avait de quoi arroser largement de nombreux amis.
Au bout de la chaîne, il y a la féroce dictature angolaise, à la recherche d'armes pour mener une perpétuelle guerre civile, et prête à offrir en échange le pétrole qui se trouve au large de ses côtes. Or, la Russie, elle, dispose des stocks d'armes de l'armée rouge et il ne manque pas de bureaucrates-mafieux prêts à les vendre pour faire grossir leurs comptes en banque. Au milieu de tout cela, les hommes d'affaires et les réseaux politiques de l'impérialisme français pouvaient servir d'intermédiaires et empocher les dividendes. Au total, plus de 650 millions de dollars ont transité dans un dédale de paradis fiscaux et de sociétés écrans.
Alors, la justice trouvera peut-être à reprocher aux uns ou aux autres ici un " trafic d'influence ", là une " fraude fiscale ", et ailleurs un " abus de biens sociaux ". Mais la vérité est que tous ces hommes d'affaires, politiciens ou hommes en vue de la haute société, comme on dit, ont alimenté leurs comptes en banque sans s'inquiéter de ce qu'il y avait derrière cela, le sang et la misère de la population d'Afrique. Mais ce crime-là, aucun tribunal ne viendra le leur reprocher.