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- Lutte ouvrière n°1799
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Editorial
Salariés du public et du privé, tous dans la rue le 1er février
Chaque salarié a de sérieuses raisons de se montrer inquiet sur l'avenir de sa retraite. Ceux du secteur public sont les prochains visés. La presse, emboîtant le pas au gouvernement, voudrait faire croire que les salariés du secteur public seraient des privilégiés parce qu'ils cotisent encore 37 ans et demi, alors que dans le privé il faut 40 ans de cotisation pour toucher une retraite à taux plein. Sauf que, il y a dix ans, les salariés du secteur privé cotisaient encore 37 ans et demi et que l'inégalité a été introduite en 1993, par Balladur. Si les cheminots et d'autres n'avaient pas réagi en 1995, les salariés du secteur public en seraient au même point que ceux du privé. Heureusement qu'ils ne se sont pas laissé faire !
Mais gouvernement et patronat reviennent à la charge. Il est fort probable que, échaudés par la mésaventure de Juppé en 1995, ils procèdent catégorie après catégorie, s'appuyant sur ce qui existe chez les uns pour s'en prendre aux autres, comme ils le font actuellement, en opposant ceux du public et ceux du privé. Ces derniers ont déjà pu constater ce que leur coûtait la réforme de Balladur. Pas seulement parce qu'ils doivent cotiser plus longtemps, mais bien plus du fait que leur retraite est calculée sur leurs salaires des 25 meilleures années, au lieu des dix.
Il ne faudrait pas pour autant s'imaginer que les salariés du privé n'auraient désormais rien à craindre du fait qu'ils ont déjà donné.
Le baron Seillière, le représentant du patronat, s'est chargé de dissiper les illusions de ceux qui en auraient : " Le secteur public, a-t-il déclaré, a un retard à rattraper, mais le secteur privé aussi est concerné... Nous avions calculé qu'il fallait arriver à 45 ans (de cotisation)... Des études indiquent qu'il faudrait aller à 42 ou 43 ans. Mais à condition de commencer tout de suite. " Raffarin, premier chef de gouvernement à se rendre à une assemblée du Medef - plus qu'un symbole - a approuvé.
Nous voilà prévenus ! Tous les salariés y passeront, les uns après les autres.
C'est bien la preuve que ceux qui prétendent qu'en s'attaquant à la retraite des fonctionnaires ils vont rétablir l'égalité et la justice sont des menteurs. L'égalité qu'ils préparent, c'est 43, voire 45 ans de cotisation pour tous, avec des retraites de misère. Ils mentent aussi lorsqu'ils prétendent que les caisses de retraites se videront d'ici à 2040 si on laisse les retraites en l'état. D'abord, qui peut prévoir ce qui se passera dans 37 ans ? Qui, en 1966, a prévu ce qui se passe aujourd'hui ? La proportion d'actifs diminue par rapport aux retraités, disent-ils. Mais s'il y a moins de cotisants, c'est qu'il y a des millions de chômeurs qu'il n'y avait pas en 1966 et que les salaires stagnent ou régressent. C'est aussi que la part des cotisations patronales a régulièrement été diminuée.
Et puis, si la proportion entre actifs et inactifs se réduit, la productivité du travail s'est considérablement accrue ; et du même coup, les profits des grandes entreprises et les richesses de leurs principaux actionnaires. Les voilà, les vrais privilégiés. C'est de ce côté-là qu'il faut chercher l'argent pour financer les retraites de tous, sans qu'il soit besoin d'allonger la durée de cotisation, ni de réduire le montant des pensions.
Il est nécessaire et possible de mettre un coup d'arrêt à l'offensive qui se développe contre les retraites. Le refus des électriciens et des gaziers d'accepter l'accord de dupes qu'on voulait leur imposer a été une première gifle pour le gouvernement, et pour tous ceux qui les incitaient à l'accepter. Et du coup, c'est un encouragement pour l'ensemble des salariés.
Samedi 1er février, les confédérations syndicales appellent à manifester pour la défense de nos retraites. Il faut faire de cette journée une réussite qui montrera au gouvernement, au patronat, et aux dirigeants syndicaux tentés de signer des accords qui bradent nos acquis, que nous ne sommes pas décidés à accepter que l'on touche à nos retraites.
Car la seule réforme acceptable serait le retour pour tous aux 37 ans et demi de cotisation, avec une retraite dont le montant permette de vivre décemment.